Dans le continent, le paramétrage diffère d’un pays à un autre.
Les promesses des régimes sont décalées par rapport au potentiel économique.
Les propositions du groupe FINACTU.
A l’occasion de la 107 ème session de la Conférence Internationale du Travail, en marge de la 26 ème ordinaire du Conseil des Ministres de la CIPRES, le groupe FINACTU a présenté une étude complète sur « Les régimes de retraite en Afrique, à l’épreuve du vieillissement démographique ». Cette étude tire les premières leçons des réformes que certains pays du continent ont initiées pour moderniser leur protection sociale. Elle propose par ailleurs de nombreuses pistes de solutions.
Les initiateurs de l’étude partent d’un constat : le modèle de retraite en Afrique est homogène, mais reste marqué par une forte hétérogénéité dans le paramétrage.
En effet, la retraite par répartition domine le continent à l’exception des pays anglophones. La plupart de ces régimes par répartition sont « à annuité » et toujours limités aux travailleurs du secteur formel. Toutefois, les paramètres de ces régimes (cotisations, taux d’annuité, âge de départ) sont très hétérogènes d’une caisse à l’autre et d’un pays à l’autre.
Des erreurs que les pères fondateurs de ce modèle dominant en Afrique n’auraient pas dû commettre ont été ainsi signalées. La première est relative à l’étude actuarielle du paramétrage des années 1950 qui n’était pas durable. Ce phénomène a été plus important au sein de la population des assurés sociaux car jouissant de meilleures conditions de vie.
La deuxième erreur est que les fondateurs des régimes ont fait le pari que l’expansion du salariat serait le moteur de l’équilibre financier de ces régimes par répartition. Cette prévision s’est révélée limitée pour la plupart des pays d’Afrique francophone où l’informel occupe entre 50% et 80% de la population active. La troisième erreur est qu’à sa création, le régime par répartition encaisse des cotisations mais verse peu de prestations. Il produit des excédents et constitue des réserves. Au fil des ans, les prestations excèdent les cotisations et se sont ainsi traduites par des déficits. Dans un pays comme le Togo, on est passé de 12 cotisants pour 1 retraité (1980) à 3 cotisants pour 1 retraité en 2011. Dans la Côte d’Ivoire, les cotisations ont été multipliées par 4 et les prestations par 16 entre 1986 et 2011.
Une chose est sûre : la plupart des régimes promettent plus par rapport au potentiel de leurs économies.
Les solutions proposées
Pour pouvoir offrir à toutes les populations une protection décente, trois chantiers devraient attirer l’attention : renforcer le niveau de protection à travers la création de régimes complémentaires (par capitalisation), étendre la protection sociale aux travailleurs de l’informel, aux agriculteurs, aux travailleurs indépendants et moderniser et intégrer le SI des entités de protection sociale au sein d’un dispositif national pour plus d’efficacité et moins de fraude.
Aussi, est-il important d’effectuer les réformes paramétriques avant de s’attaquer aux réformes institutionnelles.