Selon l’OCDE, 166 pays ont adopté des Stratégies nationales des sciences, des technologies et de l’innovation. Ce qui n’est pas le cas du Maroc qui certes dispose de stratégies sectorielles en matière de l’innovation, du numérique, de l’accélération industrielle mais pas d’une stratégie nationale globale dotée de moyens importants. Une stratégie qui devra jouer le rôle de carrefour des synergies entre les sciences fondamentales et appliquées, la recherche, la technologie et l’innovation.
Les pays qui ont adopté ce genre de stratégies comme le Brésil, le Mexique, la Turquie, l’Argentine, la Hongrie, la Slovaquie et d’autres sont en train de combler l’écart qui les sépare des pays les plus avancés en matière d’innovation, notamment le Japon, la Corée du Sud, Les Etats Unis et la Chine. Au Maroc, l’innovation et la R&D ne sont pas prises sérieusement en considération. Nos efforts restent encore timides et nous ne disposons pas encore d’établissements avec des moyens importants, des visions et de la célérité en la matière.
Une Stratégie Nationale des sciences, des technologies et de l’innovation nous permettra donc de trouver des relais forts et des sources durables de compétitivité. L’innovation crée de la valeur ajoutée et met en place des ponts forts entre les centres de recherches et les besoins de l’économie, de l’entreprise ainsi que de l’industrie.
En ciblant les secteurs clefs et primordiaux, porteurs de compétitivité, aujourd’hui et demain, la Stratégie Nationale doit faire converger les efforts d’enseignement, de financement de la recherche, de « brevetage », d’encouragement de l’invention, vers un positionnement stratégique et compétitif au niveau international. Pour cela, il faut prendre en considération, bien sûr, les virements « verts » de la recherche industrielle (Danemark, Allemagne, et la Corée), de la digitalisation et de l’automatisation tous azimuts, surtout avec l’explosion de la recherche en matière de l’Intelligence artificielle.
Les axes principaux de cette stratégie doivent être : le renforcement de l’enseignement des sciences ; de la technologie et des mathématiques dans les écoles et les universités ; la promotion de la recherche dans les sciences fondamentales ; l’aide substantielle à la R&D dans les entreprises (y compris les PME) ; le soutien des projets de recherche université/secteur privé ; la mise en place des foires régionales de l’innovation ; la mise en place des prix de l’invention au niveau local, régional et national ; la création d’organisations de la société civile spécialisées dans la promotion des sciences et de l’innovation ; la qualification des ressources humaines ; la mise en place des institutions capables de promouvoir la recherche avec efficacité et bien sûr la mobilisation des médias et de l’opinion publique en faveur d’une culture de la recherche et du soutien à la créativité.
Les pays qui ont adopté une Stratégie nationale des sciences, des technologies et de l’innovation ont mis les moyens financiers et humains en place, avec un plan de suivi et un pilotage basé sur l’intelligence économique, technologique et industrielle efficace. Le Maroc dispose de quelques atouts importants en matière des ressources humaines et au niveau du tissu des entreprises et de quelques départements universitaires. Mais ce n’est pas suffisant, il faut passer á la vitesse supérieure. Le moment est certes propice, mais nous avons juste besoin de la volonté politique.
Par Lahcen Haddad
*Lahcen Haddad est Expert international en stratégie.