PrĂšs de 80% des TPME sont affectĂ©es par la crise avec plus de 400.000 emplois perdus en 2020. Les mesures de soutien ont substantiellement amorti le choc de la crise sur lâemploi et la croissance. La relance devrait ĂȘtre davantage tirĂ©e par les TPME et crĂ©atrice dâemplois. DĂ©tails de l’Ă©tude rĂ©alisĂ©e par la BAD et l’OIT.
Dans une note dâorientation politique intitulĂ©e « Impact de la crise Covid-19 sur lâemploi et les TPME au Maroc », publiĂ©e le 31 mai 2021, la Banque africaine de dĂ©veloppement (BAD) et lâOrganisation internationale du Travail (OIT) appellent Ă donner une nouvelle impulsion Ă lâentreprenariat des jeunes et au dĂ©veloppement des trĂšs petites et moyennes entreprises (TPME) afin de renforcer la rĂ©silience aux chocs – facilitĂ©e par les mesures de soutien – et crĂ©er des emplois de qualitĂ© dans le Royaume.
Fruit dâune collaboration entre les deux institutions, ce document analyse les rĂ©percussions de la pandĂ©mie de Covid-19 sur lâemploi et le dĂ©veloppement des TPME marocaines, avec des recommandations Ă la clĂ©. Ladite Ă©tude a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©e au Chef du gouvernement en date du 19 mai 2021.
Cette note a Ă©tĂ© initiĂ©e par la plateforme entrepreneuriale « Souk At-Tanmia », soutenue par la Banque africaine de dĂ©veloppement, avec un financement du Programme de partenariat dano-arabe (DAPP). Elle sâappuie sur les rĂ©sultats des outils de simulation macroĂ©conomique et de donnĂ©es dâenquĂȘtes portant sur 300 TPME du Maroc. La note reprend les conclusions dâune consultation nationale organisĂ©e en distanciel Ă la fin de 2020. Cette rencontre a rĂ©uni prĂšs de 70 participants issus dâorganismes nationaux et dâinstitutions de dĂ©veloppement.
Lâimpact de la crise sur lâemploi et les TPME
Le Maroc, comme le reste du monde, a Ă©tĂ© touchĂ© de plein fouet par la pandĂ©mie de Covid-19. En 2020, la crise a entraĂźnĂ© la perte de 432.000 emplois selon le Rapport du Haut-Commissariat au Plan sur lâemploi (janvier 2021), et a provoquĂ© une hausse de la prĂ©caritĂ© de lâemploi, en particulier chez les jeunes, les femmes et les populations les plus vulnĂ©rables. On note Ă©galement une baisse de 26% du volume horaire travaillĂ© par semaine, Ă©quivalant Ă prĂšs de deux millions dâemplois.
Les TPME, qui concentrent 73% des emplois, ont Ă©tĂ© particuliĂšrement affectĂ©es par la crise. PrĂšs de 80% dâentre elles ont accusĂ© une baisse de plus de 15% de leur chiffre dâaffaires, consĂ©quence du premier confinement.
LâenquĂȘte rĂ©alisĂ©e a ainsi rĂ©vĂ©lĂ© un besoin dâaccompagnement technique exprimĂ© par plus de 77 % de ces entreprises.
Les mesures publiques ont substantiellement amorti le choc de la crise
Les décisions rapides des autorités marocaines ont atténué les conséquences économiques et sociales de la crise, relÚve le document.
Les rĂ©sultats du modĂšle de simulation utilisĂ© pour cette Ă©tude dĂ©montrent lâeffet amortisseur du soutien public. Les mesures dâindemnisation des travailleurs prises par le gouvernement et les facilitĂ©s accordĂ©es aux TPME ont contribuĂ© Ă prĂ©server 71% des emplois menacĂ©s Ă la suite du premier confinement. Ces efforts ont aussi permis dâĂ©viter une dĂ©cĂ©lĂ©ration plus importante de la croissance du PIB, avec une baisse supplĂ©mentaire dâenviron six points de pourcentage.
Des vulnérabilités structurelles accentuées
Avant la crise, les TPME marocaines faisaient face Ă des difficultĂ©s dâaccĂšs au financement, ne recevant que 15,6% du total des crĂ©dits bancaires, selon la note. Ce tissu Ă©conomique est aussi caractĂ©risĂ© par un faible niveau de qualification qui limite les gains de productivitĂ©. Le document rĂ©vĂšle, par ailleurs, la prĂ©dominance du secteur informel qui concerne 81% des TPME et 60% des emplois du secteur privĂ©. En outre, prĂšs de deux tiers des salariĂ©s ne disposent pas de couverture sociale.
Une relance davantage tirĂ©e par les TPME et crĂ©atrice dâemplois
La note relĂšve les avancĂ©es rĂ©alisĂ©es dans le cadre du plan de relance Ă©conomique pour faciliter notamment lâaccĂšs au financement des entreprises et renforcer le socle de protection sociale. Elle souligne les importants progrĂšs du programme « Intelaka » relatif au dĂ©ploiement dâinstruments financiers adaptĂ©s aux besoins des TPME. Le document prĂ©conise, Ă cet effet, le renforcement, Ă court terme, des dispositifs dâaccompagnement technique destinĂ©s aux entrepreneurs. Il appelle notamment Ă adopter une vision holistique et intĂ©grĂ©e de la promotion de lâentreprenariat et des TPME afin de lever les contraintes structurelles.
Pour soutenir la reprise, le document propose dâinclure, dans chaque plan sectoriel de relance, des projets et programmes Ă fort potentiel dâimpact sur la crĂ©ation dâemplois et de rĂ©aliser une revue Ă mi-parcours de la StratĂ©gie nationale de lâemploi.
Penser lâaprĂšs Covid-19 permet dâapprĂ©hender lâĂ©conomie marocaine avec des fondations plus rĂ©silientes, plus inclusives et plus innovantes. Une croissance endogĂšne crĂ©atrice dâemplois dĂ©cents, davantage tirĂ©e par les TPME, sâavĂšre ainsi fondamentale. Câest autour de ces axes que sâarticulent les principales recommandations de cette note conjointe.