Rappel synthétique de l’évolution historique des chiffres récents de COVID-19 sans prévisions.
Toutes les données sont quotidiennement mises à jour auprès de sites du Ministère de la Santé[1]. Même si des voix autorisées les ont accusées de ne pas refléter la réalité, ce sont les seules données dont nous disposons.
Le tableau figurant ci-dessous donne les chiffres de fin de semaine au 27/03/2022.
Les deux graphiques ci-dessous montrent l’évolution segmentée en nombre et pourcentages des contaminés dont les décédés (noir), les rétablis (vert) et les actifs (orange).
Les deux graphiques ci-dessous montrent l’évolution en nombre et pourcentages des cas actifs dont les intubés (noir), sous respiration non invasive (rouge), sans gravité (violet) et les autres cas graves (vert).
Comme montré dans le Tableau 1, les chiffres de la maladie du COVID19 proprement dite sont restés à peu près les mêmes pour la période dominée par le variant « alpha » que pour celle dominée par le variant « delta« . Mais les indices de la dernière phase, dominée par le variant « omicron » sont nettement différents :
Tableau 1 Etat des testés positifs durant les trois périodes dominées par les différents variants
Au fur et à mesure que le variant « omicron » s’est substitué à son prédécesseur « delta« , le pourcentage des cas graves parmi les testés positifs a chuté de façon appréciable, celui des décédés de façon spectaculaire.
Outre le fait qu’une très large majorité des hospitalisés pour COVID19 soient porteurs de co-morbidités, entre 75 et 90% de ceux des derniers mois ne sont pas vaccinés (ou incomplètement). Ainsi, si les personnes vaccinées représentent deux tiers de la population, elles ne représentent qu’un cinquième des hospitalisés. On ne connaît pas les nombre de vaccinés parmi les cas graves pour renforcer la campagne de vaccination car, si celle-ci permet de mieux combattre la maladie, avec une immunité variable d’un individu à l’autre, elle ne l’empêche pas de transmettre le virus aux personnes moins immunisées, surtout les non vaccinées.
Se vacciner, c’est d’abord se protéger soi-même dès aujourd’hui en attendant l’immunité collective de demain mais on protège les autres dès aujourd’hui avec les mesures barrière prises.
Puisque « omicron » se transmet beaucoup plus facilement que « delta« , nous avons eu une croissance du nombre de cas actifs plus rapide que celle de Aïd El Adha 2021. Même si la capacité d’accueil des hôpitaux a été saturée en août 2021, cela s’est produit avec seulement un 1/3 de la population vaccinée. La réduction de « l’espace de contamination » par les 2/3 de vaccinés a prémuni contre la saturation des 3’000 lits COVID19 du Maroc. Limiter les contacts en bridant l’économie et l’éducation semble injustifié.
ÉLÉMENTS D’APPRÉCIATION DE L’ÉVOLUTION DES DERNIERS CHIFFRES
Tableau 2 Chiffres hebdomadaires des deux dernières semaines et prévisions à quatre semaines
Même si le Tableau 2 parle de lui-même, nous noterons seulement que le taux de progression national est remonté au dessus de l’unité depuis le 25/03 et que celui de Casablanca l’avait fait le 15/03, ce qui signifie que nous reprenons une hausse du nombre de nouveaux contaminés : ceci est montré par les courbes rouges des graphiques de la Figure 1.
Le taux de progression national passe au-dessus de l’unité, entraîné par Casablanca. Toutefois, il est encore tôt pour dire si la cause est une nouvelle vague ou une simple cause circonstancielle.
Figure 1 Evolution du taux de progression de l’épidémie au national (gauche) et à Casablanca seule (droite)
De même qu’un taux de reproduction en dessous de l’unité, le rapprochement du nombre de Provinces où l’épidémie régresse du total de 75 est un bon signe. Or, la courbe bleue du graphique de gauche de la Figure 1 montre que le nombre de Provinces où l’épidémie régresse décroît régulièrement depuis le 28/02.
Le nombre de Provinces où l’épidémie régresse est en train de baisser. Toutefois, il est encore tôt pour dire si la cause est une nouvelle vague ou une simple cause circonstancielle.
RÉPARTITION TERRITORIALE
- La Figure 2 (carte à gauche et classement à droite) montre qu’avec 32’348 cas détectés par million d’habitants au 27/03 (soit 3.2358% de la population), on trouve au Maroc tous les impacts entre celui de Casablanca, avec 9.1962% de sa population et celui de Al Haouz, la moins impactée à 0.3538%.
Figure 2 Répartition géographique de l’incidence provinciale totale atteinte le 27/03/2022
- La Figure 3 montre la répartition géographique de la variation de l’incidence provinciale durant la dernière semaine (carte à gauche et classement à droite). Dans la Figure 3, 26 Provinces sont en blanc car elles ont clôturé la semaine sans nouvelle infection (au lieu de 30 la semaine dernière).
Figure 3 Répartition géographique de la variation de l’incidence provinciale de la semaine s’achevant le 27/03/2022
- La Figure 4 montre la répartition géographique du taux de progression de l’épidémie (combien un malade peut-il en infecter en une semaine) : l’épidémie régresse (R<1) maintenant 40 sur les 75 Provinces (52 la semaine dernière) et la progression est insignifiante (R=0) dans 27 d’entre elles, (31 la semaine dernière).
Figure 4 Répartition géographique du taux de progression provincial de la semaine s’achevant le 27/03/2022
VACCINATION
- La Figure 5 montre le nombre de vaccinations hebdomadaires (échelle en vert de gauche) et cumulées (échelle bleue de droite). Le record des nouveaux vaccinés à 1,9 millions a été atteint durant la semaine finissant le 01/08 durant laquelle la logistique avait montré ses capacités hebdomadaires. La baisse de la vitesse de vaccination observée la semaine du 17/10 était remontée pendant 2 semaines (obligation du pass vaccinal) mais est retombée.
Figure 5 Nombre total et hebdomadaire des premières doses de vaccins inoculées (les 2èmes doses sont réservées)
- A la fin de la semaine finissant le 27/03, un total de 23.241 millions d’habitants a reçu la deuxième dose vaccinale. Si les 11.210 millions d’habitants testés étaient représentatifs de la population marocaine, elle comporterait alors 3.9 millions de personnes elles aussi partiellement immunisées par contamination. L’immunisation par vaccination et par contamination se sont superposées pour limiter « l’espace de contamination » à tel point que même la rentrée scolaire n’a pas été visible.
PRÉVISIONS DES DÉPISTAGES, CONTAMINATIONS ET DÉCÈS HEBDOMADAIRES
Nos simulations montrent que si les évolutions actuelles se maintiennent, la Maroc atteindrait 1.168 millions d’infections avérées (sans doute 3.8 millions réelles) et moins de 16’180 morts.
- Nos simulations montrent que le taux de positivité hebdomadaire (voir graphique en haut à gauche de la Figure 6), devrait descendre à 0.25% dans quatre semaines (dernière colonne du Tableau 2).
Figure 6 Hebdomadairement : taux de positivité (haut gauche), tests (haut droite), contaminations (bas gauche) et gravité
- Si les tests de dépistage évoluent au rythme indiqué sur le graphique en haut à droite de la Figure 6 et les prévisions suivent le taux de positivité indiqué sur le graphique en haut à gauche de la Figure 6, le nombre hebdomadaire de contamination détectées devrait descendre à 121 dans quatre semaines, comme montré dans le graphique en bas à gauche de la Figure 6, la contamination étant en régression dans une très large majorité de Provinces (courbe bleue du graphique de gauche de la Figure 1).
- Le graphique en bas à droite de la Figure 6 montre une donnée importante à retenir de cette dernière vague, dominée par le variant « omicron » : la baisse inégalée du nombre de cas graves qui a eu lieu pendant le pic de contamination.
Par Amin BENNOUNA, sindibad@uca.ac.ma
Références
[1] Ministère de la Santé, Portail Officiel du Coronavirus au Maroc, Bulletins COVID quotidiens http://www.covidmaroc.ma/Pages/AccueilAR.aspx, Conférences de Presse Quotidiennes, https://web.facebook.com/ministere.sante.ma/videos/589852328286641 et Rapports quotidiens depuis l’arrêt de celles-ci http://www.covidmaroc.ma/Pages/LESINFOAR.aspx