Nous ferons un résumé hebdomadaire de la situation mais, contrairement à notre habitude, nous ne présenterons pas de nouvelles prévisions pour les prochaines semaines car les données des deux dernières semaines nécessitent un nouveau traitement, ce que notre plan de charge n’a pas permis. Après que les achats et les retrouvailles de l’Aïd aient créé cette « troisième vague » de l’épidémie, les chiffres des derniers jours tendraient à faire montrer croire qu’il y aurait encore une nouvelle vague mais ce n’est sans doute qu’un artefact dû au fait que l’on se concentre à nouveau sur les cas symptomatiques et leurs contacts.
Par ailleurs, grâce à un complément d’analyses des chiffres, nous confirmons que les autorités auraient dû interdire la célébration de l’Aïd El Adha (autant la fermeture des marchés aux moutons que les célébrations familiales) puisque la contamination des Provinces les plus rurales qui étaient « tranquilles » s’est confirmée.
Toutes les données ont été quotidiennement mises à jour auprès du site du Ministère de la Santé du Maroc[i].
TESTS COVID-19
Il s’agit ici de tests dits « PCR ». Le Maroc a aussi fait des tests de dépistage en entreprise pendant les dix semaines précédant le 7 septembre 2020, mais depuis cette date c’est le retour aux cas « fortement suspects » et leurs contacts[ii]. Dans nos rapports des dernières semaines, nous nous sommes toujours inquiétés de l’insuffisance de la capacité de tests pour assurer les deux.
Ceci dit, même la définition des cas « fortement suspects » avait changé depuis la semaine du 18/05 puisqu’on a pu quasiment y doubler le nombre de tests hebdomadaires. L’évolution des tests réalisés chaque semaine (bleu clair) ainsi que celle de leur total (bleu roi) sont montrées en Figure 1 (l’échelle du graphique de droite est logarithmique de sorte que chaque carreau représente une multiplication par dix). De début juin à début juillet, le nombre de nouveaux tests hebdomadaires se tenait entre 100 et 120’000 par semaine mais la cadence s’est accélérée depuis début août à un peu plus de 150’000 par semaine en atteignant un total atteignant 2’230’069 le 13/09 (voir graphique de droite de la Figure 1) représentant presque 6.3% de la population.
Nous saluons de nouveau les performances hebdomadaires réalisées de la part de tous les acteurs qui permettent d’identifier, parfois d’appréhender, de prélever et de tester les personnes concernées. L’effort est d’autant plus appréciable que, pour être déclarée rétablie, chaque personne contaminée subit deux tests dont le résultat doit être négatif : le nombre de tests effectivement réalisés est donc en fait pratiquement le triple de ceux qui sont représentés.
Avec 23’557, le record du nombre de tests quotidiens avait été atteint le dimanche 06/09 et c’est avec 160’016 que le record hebdomadaire a été atteint la semaine du 7-14/09.
Figure 1 Evolution réelle et simulation journalière (gauche) et hebdomadaire (droite) du nombre de tests
Récemment, devant l’insuffisance de cette capacité de test (entre 23 et 24’000 quotidiens, soit 161 à 168’000 hebdomadaires) face à l’explosion du nombre de cas, le Ministère de la Santé a décidé que, dans certaines conditions, le résultat d’un test sérologique positif préalable pourrait conditionner la réalisation d’un test PCR de confirmation. Une telle mesure ne peut qu’avoir pour effet d’augmenter le taux de positivité au test PCR.
VISION GLOBALE DE LA SITUATION
Résultats des tests COVID-19
Le graphique de gauche de la Figure 2 montre l’évolution du nombre de tests et de leurs résultats alors que le graphique de droite en montre la structure. La courbe bleue se rapportant à l’échelle de droite du graphique de droite montre l’évolution de la part de la population marocaine testée qui dépasse 6.3% ce dimanche 13/09. Plus on teste, plus on peut isoler de porteurs susceptibles de contaminer leurs contacts et plus on a eu de cas contaminés moins le virus pourra se propager puisque, semble-t-il, une première contamination immunise pendant au moins six mois[iii]. Toutefois, l’immunité grégaire ou collective[iv] nécessite qu’une grande part de la population ait été immunisée, par contamination ou vaccinée, au moins 70% selon l’Institut Pasteur[v].
Figure 2 Evolution du nombre de tests et de leurs résultats
Segmentation des testés positifs
Le graphique de gauche de la Figure 3 montre l’évolution historique du nombre de porteurs de COVID-19 dont les décédés, les rétablis et les actifs (en cours de soin) alors que le graphique de droite montre l’évolution de la segmentation des ces testés positifs. Dans le graphique de droite, la courbe blanche représente l’évolution du pourcentage des tests positifs (échelle de droite).
Figure 3 Evolution historique et prospective à court terme des testés positifs et de leur devenir
Dans les graphiques de la Figure 3, les « trois vagues » sont parfaitement visibles en couleur orange.
ACTUALITE DES CHIFFRES DE LA SEMAINE MIS DANS LEUR CONTEXTE
Résumé à l’échelle Nationale
Avec 2’430, le record du nombre de cas quotidiens a été atteint le vendredi 11/09 et avec 14’292, le record du nombre de cas hebdomadaires a été atteint cette même semaine passée du 7 au 13/09.
La Figure 4 montre l’évolution hebdomadaire du nombre de personnes testées positives et, parmi celles-ci, celles qui sont décédées, rétablies ou encore actives (les nouveaux cas sont dans le graphique de gauche et leur cumul sur celui de droite).
Figure 4 Evolution hebdomadaire du devenir des testés positifs de la « troisième vague » (nouveaux à gauche et cumul à droite)
Cumulant 86’686, il se confirme 14’272 nouveaux cas face aux 10’995 de la semaine précédente. Le nombre de cas actifs a augmenté à 17’580 aussi vite (+1’821) que la semaine précédente (1’826). Cette montée, augmente la pression sur les soignants et leurs infrastructures. Nous devons hélas complètement infirmer, la coïncidence de phénomènes favorables durant la semaine du 24 au 30/08 : nous ne sommes pas encore à la fin du pic de contamination de cette « troisième vague ».
Même si une très large majorité des cas positifs est asymptomatique et ne nécessite qu’un isolement sans hospitalisation, même si seul cas actif sur 70 est « grave » (voir plus bas) et même si la capacité du Maroc en lits dédiés n’a jamais été saturée, les 200 réanimateurs du public ne permettraient de servir que 400 lits de réanimation qui, compte tenu de la répartition territoriale, saturent les ressources des villes à pic épidémiologique selon le Dr. Jamal Eddine Kohen[vi], Président de la FNAR. Il est à craindre maintenant que certains médecins aient déjà été mis devant le difficile choix de priorité des patients en « état grave » à mettre en soins intensifs (266 ce dimanche 13/09). Le même médecin a même ajouté que si l’on pouvait additionner les structures de la CNSS, les privées et les militaires, le Maroc pourrait atteindre une capacité fonctionnelle de 700 lits de réanimation.
La Figure 5 montre quelques pourcentages qui méritent commentaire.
Figure 5 Evolution hebdomadaire et journalière de quelques pourcentages intéressants
Le graphique de droite de la Figure 5 montre qu’en correspondance avec stabilisation du taux des cas actifs durant les deux dernières semaines (cercles oranges), il y a stabilisation du pourcentage des rétablis (triangles violets). Le 3 maximums de la courbe du pourcentage des cas actifs du graphique de droite de la Figure 5 (cercles orange), auxquels correspondent les minimums pourcentages des cas rétablis confirment eux aussi l’existence des « trois vagues ».
Au stade actuel, la Figure 5 enseigne les choses suivantes :
- Les statistiques actuelles indiquent que les porteurs de COVID-19 du Maroc ont eu, en cumulé, 1.82% de chance d’en mourir, en moyenne et abstraction faite de toute faiblesse qui causerait une aggravation de ce risque. Après avoir décru depuis le 12 avril, ce taux de décès de tous les testés positifs a augmenté de 1,50 (le dimanche 02 août) à 1,88% ce dimanche 06 septembre août pour amorcer une légère baisse la dernière semaine. Cette stabilisation de la létalité globale est une bonne nouvelle. La létalité, qui reste faible au Maroc, est sans doute due au succès des protocoles de soin adoptés au Maroc mais encore faut-il qu’elle n’augmente pas significativement.
- Dès lors qu’il y a suffisamment de critères que les protocoles hospitaliers ou les accords de test considèrent un individu comme étant « à tester » (pour entourage ou pour symptômes), il y a :
- environ 3.89% de chance d’être porteur de COVID-19, chiffre qui lui aussi remonte légèrement après s’être stabilisé mais son évolution devrait de nouveau décroître plus tard,
- environ 0.071 % de chance d’en mourir, après avoir baissé depuis la première semaine d’avril, ce chiffre a commencé à remonter de 0.027% depuis la semaine du 20-26/07.
Dans nos rapports des deux dernières semaines, nous avions prévu l’augmentation du taux de positivité au test PCR (8.93% sur le graphique de gauche de la Figure 5) qui est dû au fait que l’on ait, dans certains cas, introduit d’un test sérologique positif préalable avant qu’un test PCR de confirmation ne soit réalisé et surtout, qu’on soit retourné aux cas « fortement suspects » et leurs contacts2.
Nombre de cas graves
Le graphique de gauche de la Figure 6 montre l’évolution récente du nombre de cas graves ainsi que celle des cas actifs alors que le graphique de droite montre le pourcentage des cas graves parmi les actifs du jour ainsi que le pourcentage donné par le nombre de décès rapportés aux cas graves de la veille.
Figure 6 Cas graves et cas actifs à gauche – Taux de gravité parmi les actifs et décès parmi les cas graves à droite
Ainsi donc, il y aurait environ :
- un cas grave parmi 70 cas actifs,
- un décès le lendemain parmi les 7 cas graves d’une journée donnée.
En partant des cas actifs prévus, ces valeurs permettent de croiser les simulations futures des décès.
Répartition à l’échelle Régionale
Le graphique de gauche de la Figure 7 montre la carte de répartition géographique des cas sur les différentes Régions du Maroc alors que le graphique de droite montre leur classement en termes de contamination (échelle logarithmique). Les couleurs des points de la carte indiquent le nombre de cas par million d’habitants alors que les chiffres entre parenthèses y indiquent les nouveaux cas hebdomadaires.
Figure 7 Répartition régionale et classement par impact (gauche) et classement (droite) des cas positifs au COVID-19
Le graphique inséré à gauche montre l’incidence par Région alors que le graphique de droite montre un classement des Régions par le nombre total de contaminations.
Le graphique de gauche de la Figure 8 montre l’évolution dans le temps des cas positifs dans les différentes Régions alors que le graphique de droite montre l’évolution du pourcentage représenté par chaque Région.
Figure 8 Evolution du nombre de cas par Région (gauche) et de celle de sa structure (droite)
Le graphique de gauche de la Figure 8 montre qu’en fait le nombre de positifs de plusieurs Régions a connu des « sauts » dus à la découverte de foyers épidémiques : Darâa-Tafilalet aux 20-26 avril renforcée par une multiplication par 8 depuis début août, Guelmim-Oued Noun aux 22-26 avril, Rabat-Salé-Kénitra aux 03-13 mai et 18-20 juin, Laâyoune-Sakia El Hamra les 20-26 juin, Tanger-Assila les 23-26 juin. Même si certains ont influencé significativement le taux de positivité national, le saut du nombre de contaminations le plus spectaculaire a été celui Laâyoune-Sakia El Hamra.
Il semble que les « méga-foyers » professionnels de la « deuxième vague » soient circonscrits puisque la quasi-totalité des cas des dernières semaines proviennent maintenant des contacts des contaminés et non des dépistages d’anticipation en entreprise (à moins que l’on n’ait plus les capacités de faire les deux). Nous sommes loin d’être à l’abri compte tenu de la durée d’incubation du virus et de la difficulté à identifier les personnes qui auraient été infectées par les contaminés des derniers jours. Identifier et tester les contacts de quelques dizaines de contaminés par jour est une chose alors que le faire pour un millier nécessite des ressources décuplées : on ne sait pas si on les a.
Le graphique de droite de la Figure 8 montre que depuis début mai, cinq des Régions concentrent une large majorité des cas positifs : Casablanca-Settat, Tanger-Tétouan-Al Hoceïma, Fès-Meknès, Marrakech-Safi et Rabat-Salé-Kénitra. Si la concentration géographique des contaminés pose des problèmes d’hospitalisation, elle se prête mieux à une l’isolation des zones contaminées.
Le pourcentage de concentration dans les cinq Régions les plus contaminées a décru car de nombreuses Régions « tranquilles » se sont « réveillées » depuis la fin de Juillet 2020, même si la tendance semblait s’estomper durant la semaine du 24 au 30/08. La Figure 9 montre le niveau de concentration des contaminations durant les 7 jours précédents dans les 5 Régions de Casablanca-Settat, Marrakech-Safi, Fès- Meknes, Rabat-Salé-Kénitra et Tanger-Tétouan-Al Hoceïma.
Malgré la transhumance pour vacances annuelles de juillet, le nombre de cas s’est concentré jusqu’à 95-96% atteints juste avant Aïd El Adha. Depuis, la concentration a baissé à cause de la contamination des autres Régions.
La baisse de la concentration des cas semble indiquer qu’en plus des dégâts collatéraux qu’il a créé, le reclassement en zone rouge, à la veille de Aïd El Adha, des 8 Provinces les plus contaminées n’aura pas suffi à protéger les Provinces les moins urbanisées. Il s’avère donc que non seulement on aurait dû faire les choses autrement mais, surtout, qu’on aurait dû interdire la célébration de Aïd El Adha, comme on a provisoirement interdit la prière collective du vendredi. Certes, l’indiscipline des marocains a un fort impact sur l’évolution de la situation mais, en cédant au lobby des grands éleveurs de bétail, le gouvernement a semble-t-il sous-estimé le prix que payerait le pays et en cela, perdu le sens des priorités. Les prochaines figurent vont étayer encore plus ce raisonnement.
La Figure 10 montre le nombre de cas quotidiens et la part des contaminations en dehors des 8 Provinces qui avaient été classées en zone rouge le 26 juillet 2020, quelques jours avant l’Aïd El Adha (Casablanca, Fès, Marrakech, Meknes, Rabat, Tanger et Tetouan).
Figure Malgré la transhumance pour vacances annuelles de juillet, le nombre et la part des cas dans ces Provinces se maintenait entre 50 et 150 (15 à 25%) jusqu’à Aïd El Adha. Depuis, le nombre de cas est monté fortement en atteignant un millier des cas représentant environ la moitié de l’ensemble.
La Figure 11 montre la part des contaminations quotidiennes (à gauche) et hebdomadaires (à droite) dans les 34 Provinces majoritairement rurales[vii].
Figure 11 Part des contaminations quotidiennes (à gauche) et hebdomadaires (à droite) dans les 34 Provinces les plus rurales
Encore une fois, malgré la transhumance pour vacances annuelles de juillet, la part des contaminations dans ces 34 Provinces à dominante rurale se maintenait autour de 10% jusqu’à la veille de l’Aïd El Adha, après quoi leur part dans le nombre de cas est monté fortement en atteignant 25% des cas durant la première semaine de septembre.
ET POUR TERMINER…
Comment atteindre zéro infection ? – Peut-être la réponse se trouve-t-elle dans les propos du Pr. Didier Raoult qui, courbe en main, a dit : « La courbe [de contamination] est une courbe en cloche… les épidémies commencent, s’accélèrent, culminent, diminuent puis disparaissent sans qu’on sache pourquoi« . Il faut interpréter ce que ceci signifie dans la bouche de quelqu’un qui a vu plus de nombreuses courbes de contamination épidémique.
« Ne pas savoir pourquoi elles disparaissent » traduit l’incompatibilité entre les théories mathématiques pour qui les « courbes en cloche » finissent en diminuant progressivement sans jamais s’annuler alors que les courbes de contamination réelles subissent bien un jour une dégringolade « chaotique » à zéro puisque les épidémies s’arrêtent dès lors que les derniers porteurs ne peuvent plus communiquer le virus à un hôte qui ne soit pas immunisé.
Mais encore faut-il les conditions pour que ceci se réalise ce qui ne peut sans doute plus se faire sans immunité collective3. L’aplatissement de la courbe de contamination ressemble de plus en plus à un rêve devenu impossible à atteindre après Aïd El Adha puisque le nombre de foyers semble désormais devenu trop diffus et trop épars pour être à la portée d’une approche sécuritaire dans un pays où l’incivisme est la règle.
Ceci étant dit, depuis notre premier rapport hebdomadaire de début avril, nous rappelons qu’« une hirondelle ne fait pas le printemps » et même les évolutions des autres pays nous enseignent que l’on peut même avoir un taux de reproduction en-dessous de l’unité tout en ayant encore des centaines ou même des milliers de nouveaux cas par jour qui pourraient faire repartir l’épidémie en cas de relâchement.
Même si les taux de positivité sont sans doute suffisamment bas pour, à mon humble avis, reprendre sérieusement l’activité économique et laisser les gens retourner gagner leur vie le plus normalement possible, il est nécessaire de faire ce qu’il faut pour « vivre avec ce virus ». Il faut aussi montrer un minimum de visibilité aux entrepreneurs pour permettre aux gens de gagner leur vie ! La vie humaine n’a certes pas de prix, mais elle a un coût dont les composantes humaines deviennent de moins en moins supportables !
Espérons aussi que toute la lumière sera faite sur les affaires de « méga-clusters » du Gharb et de Safi et que tous les responsables seront jugés et sévèrement punis au moins pour mise en danger volontaire de la vie d’autrui. L’enquête qui été confiée à la Direction Centrale de la Gendarmerie Royale a déjà abouti à des mises en examen et il faudrait mettre les mis en cause en détention préventive ou au moins faire une saisie conservatoire de leur biens pour les empêcher de les « liquider » et se mettre préventivement en situation d’insolvabilité. Il faut aussi que les victimes et leurs familles se portent partie civiles afin d’être indemnisées au détriment des responsables.
Doit-on rappeler qu’on peut être porteur asymptomatique du COVID-19 (sans aucun symptôme) et le transmettre à toutes les personnes approchées sans précautions, or, à l’instar de beaucoup d’autres pays, le Maroc n’a aucune connaissance du nombre réel de personnes infectées.
Les bons chiffres de premières semaines n’étaient là que parce le confinement avait fortement ralenti la transmission du virus mais il semble maintenant trop tard pour en espérer autre chose qu’un ralentissement de l’épidémie pour éviter une surcharge des structures de soin et les décès additionnels qui s’ensuivraient. Les chercheurs nous répètent que la peau de ce virus est faite d’une huile qui est diluée par les savons, qu’il se transmet à la bouche, au nez et aux yeux par la salive ou les postillons qui, sans projection (toux), se projettent à moins d’un mètre tout en sachant qu’il ne dure pas plus de quelques heures sur une surface inerte.
En comprenant bien ceci, on saura ce qu’il reste à faire si l’on veut éviter de s’exposer et surtout exposer les autres au risque de contamination. Maintenant, « sortir du hammam (du confinement) n’est pas aussi simple que d’y rentrer » dit le dicton marocain et on cherche encore un moyen de nous en sortir puisque le proverbe ne dit pas que c’est impossible ! Ceci dit :
- Pourquoi n’a-t-on pas accéléré les tests quelques semaines plus tôt ?
- Pourquoi a-t-on pris des décisions qui ont précipité une partie de la population vers un risque accru d’accident sur des routes surchargées ?
- Après avoir interdit la prière collective du vendredi, pourquoi n’a-t-on pas d’interdit la célébration de Aïd El Adha qui comportait un double risque de création de foyers d’infection (les contacts dans des marchés aux bestiaux incontrôlables suivis des regroupements familiaux élargis) ?
Peut-on encore parler « d’exemplarité » du Maroc, eu égard aux événements des dernières semaines, notamment les décisions maladroites du gouvernement.
Par Amin BENNOUNA, sindibad@uca.ac.ma
[i] Ministère de la Santé, Portail Officiel du Coronavirus au Maroc, http://www.covidmaroc.ma/Pages/AccueilAR.aspx et Conférences de Presse Quotidiennes, https://web.facebook.com/ministere.sante.ma/videos/589852328286641 [ii] Hayat Gharbaoui, "Fin du dépistage massif en entreprise, place au dépistage ciblé", Webmagazine "Médias24", 10 septembre 2020, https://www.medias24.com/fin-du-depistage-massif-en-entreprise-place-au-depistage-cible-12787.html [iii] Euronews, 23 Juin 2020, “L'immunité aux coronavirus humains pourrait ne durer que six mois selon une nouvelle étude”, https://fr.euronews.com/2020/05/27/l-immunite-aux-coronavirus-humains-pourrait-ne-durer-que-six-mois-selon-une-nouvelle-etude [iv] Wikipédia, “Définition de l’immunité grégaire”, https://fr.wikipedia.org/wiki/Immunit%C3%A9_gr%C3%A9gaire [v] Institut Pasteur, 15 Avril 2020, “Qu’est-ce que l’immunité collective ?”, https://www.pasteur.fr/fr/espace-presse/documents-presse/qu-est-ce-que-immunite-collective [vi] Naceureddine Elafrite, "Réanimation: où sont passés les 3.000 lits promis?", Entretien avec le Dr Jamal Eddine Kohen, Président de la Société Marocaine d'Anesthésie, d'Analgésie et de Réanimation et de la Société Marocaine de Médecine d'Urgence, Webmagazine Médias24, 16/08/2020 https://www.medias24.com/reanimation-ou-sont-passes-les-3-000-lits-promis-les-explications-du-dr-kohen-12421.html [vii] Il s'agit des 34 Provinces dont le taux d'urbanisation est inférieur à 50%. Par ordre de ruralité décroissante il s'agit de : Fahs-Anjra, Aousserd, Chefchaouen, Taounate, Tahannaout, Zagora, Chichaoua, Azilal, Moulay Yacoub, Sidi Bennour, Tinghir, Ouezzane, Essaouira, Sidi Ifni, Kelaat Sraghna, Driouch, Taroudant, Sidi Kacem, Boulemane, Al Hoceima, Benguerir, Chtouka-Aït Baha, Tata, Settat, Youssoufia, Ouarzazate, Taza, Fquih Ben Salah, Sidi Slimane, El Jadida, Midelt, Tiznit, Errachidia, Guercif