Dans un monde de plus en plus globalisé, digitalisé qui fait face à des défis d’ordre politique, économique, financier, social, climatique, numérique… l’assurance revêt une importance extrême puisqu’elle est ce fil d’Ariane qui prémunit contre les inconnues.
Pour ce faire, les opérateurs sont appelés à innover, anticiper les risques, les modéliser, élaborer des produits et services en perpétuelle évolution depuis plus de trois siècles et élargir le périmètre couvert. Une réalité rappelée encore une fois à la communauté des assureurs réunie à l’occasion du 6ème Rendez-vous de l’Assurance, organisée par la Fédération Marocaine des Sociétés d’Assurances et de Réassurance sous le thème « Les nouvelles frontières de l’Assurance ».
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Plus de 1.000 conférenciers de 38 nationalités dont 22 pays africains ont pris part à la séance plénière inaugurale marquée par les interventions respectives du Président de la FMSAR, Mohamed Hassan Bensalah, du ministre de l’Economie et des Finances, Mohamed Benchaâboun, du Président de l’ACAPS, Hassan Boubrik et du Président du Comité des compagnies d’assurances du Mali, Oumar N’Doye.
La question est problématique puisque face à ces défis multiples et de plus en plus imprévisibles avec une fréquence de survenance élevée, le défi majeur est de maintenir l’assurance à des niveaux raisonnables d’accessibilité et l’élargir notamment à des franges de la société qui en sont exclus.
Dans ce sens, Mohamed Hassan Bensalah, Président de la FMSAR a énuméré des risques dont la fréquence s’intensifie notamment les risques de pandémie sous l’effet de l’accélération des flux migratoires, les risques climatiques, qui s’accentuent au rythme du réchauffement planétaire. Pour y remédier seule voie possible est celle de la coopération et du partenariat.
A ce sujet, M. H. Bensalah a rappelé le travail conjoint entre ministère de tutelle, autorité de régulation et acteurs du marché pour implémenter un dispositif de couverture contre les événements catastrophiques, « en utilisant pleinement les capacités locales : d’un côté, les assureurs centraliseront leur rétention dans un pool géré par la CAT, tandis que le réassureur national, la SCR, utilisera son expertise et son ouverture sur la réassurance internationale pour se protéger au-delà de sa rétention », précise-t-il.
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Mais l’une des avancées majeures et récentes qu’implique la mise en œuvre de la stratégie nationale relative à l’inclusion financière dont le conseil national s’est réuni ce 1er avril. D’ailleurs grâce au partenariat entre le ministère, l’ACAPS, la CNRA, la Coopération Allemande et la FMSAR, le président Bensalah a annoncé le lancement d’une étude pour la mise en place de produits dédiés à la population cible de cette stratégie qui vise à réduire les disparités entre différentes franges de la population. Le temps donc pour les assureurs d’investir ce secteur qui a connu des expériences pilotes comme le Ramed, pour consolider la cohésion sociale, pour reprendre les propos de Mohamed Benchaâboun.
Ce dernier a relevé que « Le secteur de l’assurance est appelé constamment à renforcer ses capacités d’adaptation pour mieux faire face à de nouvelles configurations de risques et à leur caractère de plus en plus complexe. Plusieurs défis s’opposent aujourd’hui avec acuité et dont le relèvement approprié serait opportun pour élargir les frontières du secteur de l’assurance et l’asseoir sur un sentier de croissance à la fois soutenable et résiliente ».
L’autre défi qui s’oppose est comment réguler et contrôler toutes les variables qui interviennent dans la chaîne de valeur, surtout l’arrivée de nouveaux acteurs issus du monde du digital notamment international qui évoluent en électron libre. Une mission difficile à laquelle s’attèle l’ACAPS pour parer à tout risque systémique qui peut menacer la stabilité de l’écosystème des assurances marocain, premier dans le monde arabe et troisième africain. En effet, le modèle basé sur la mutualisation en brèche avertit Hassan Boubrik, Président de l’Autorité de Contrôle des Assurances et de la Prévoyance Sociale (ACAPS).
Ce dernier a par ailleurs rappelé la limite de l’assurabilité se pose avec acuité tout en insistant sur le rôle que sont appelés à jouer les Etats et les acteurs publics face à cette situation.
Et de conclure sur l’important rôle que l’assurance est appelée à jouer pour abolir la frontière sociale liée aux revenus qui fait qu’une large frange de la société est exclue des couvertures assurantielles pourtant primordiales pour sécuriser leurs moyens d’existence et améliorer leurs conditions de vie. Il donne d’ailleurs deux exemples de pays ayant franchi ce cap à savoir l’Inde et le Kenya.
La séance inaugurale de cette sixième édition qui met le Mali à l’honneur a été marquée par la signature d’une convention de partenariat technique entre la Fédération Marocaine des Sociétés d’Assurances et de Réassurance (FMSAR) et le Comité des Compagnies d’Assurances du Mali (CCAM). Cette convention porte sur une coopération entre les deux organisations dans les domaines de l’assurance Automobile, la formation professionnelle et l’échange de données. A cette occasion, Omar N’Doye, Président du Comité des Compagnies d’Assurances du Mali a déclaré : « La convention de partenariat technique entre la Fédération Marocaine des Sociétés d’Assurances et de Réassurance (FMSAR) et le Comité des Compagnies d’Assurances du Mali (CCAM) que nous venons de signer nous permettra de rendre la coopération sud-sud plus fructueuse ».
La séance plénière a été clôturée par l’intervention de James Kent, PDG de Willis Re sur la thématique des risques émergents et la maîtrise des inconnues connues et les inconnues inconnues, qui appelle à une réflexion profonde de la part des acteurs de ce secteur vital pour le pays.