Rappel historique de l’évolution des chiffres de COVID-19 et tentative de prévision à quatre semaines. Toutes les données sont quotidiennement mises à jour auprès de sites du Ministère de la Santé[1]. Même si des voix autorisées les ont accusées de ne pas refléter la réalité, ce sont les seules données dont nous disposons :
- Le tableau figurant en haut de la Figure 1 donne les chiffres de fin du 17/10/2021.
- Les deux graphiques au centre de la même Figure 1 montrent l’évolution segmentée des confirmés dont les décédés (noir), les rétablis (vert) et les actifs (orange) : quantités et
- Les deux graphiques au bas de la même Figure 1 montrent l’évolution segmentée cas actifs dont les intubés (noir), ceux sous respiration non invasive (rouge), ceux sans gravité (violet) ainsi que les autres cas graves (vert): quantités et
Figure 1 Récapitulatif de la situation et graphiques d’évolution de la segmentation des testés positifs et des cas actifs
En passant de 3’855 à 2’945, les nouveaux cas hebdomadaires ont encore baissé de 23.6% cette semaine, à cause de la combinaison :
- d’une stabilisation (+0.05%) du nombre de tests hebdomadaires (de 84’148 à 84’187),
- d’une baisse (-23.6%) du taux de positivité hebdomadaire (de 4.58% à 3.50%),
Après avoir dépassé 250% le 30/07, le taux de progression de l’épidémie sur 7 jours est maintenant descendu en dessous de l’unité depuis le 15/08 (56 jours au 17/10). En conséquence, la situation s’est très nettement améliorée puisque le pic des cas actifs est complètement passé, tel que c’est montré par la courbe orange dans le bas de la Figure 1.
L’immunité introduite par la combinaison de la contamination et de la vaccination a sans doute fortement restreint l’espace de circulation du virus qui n’a été dopée cet été que par l’augmentation du nombre de contacts durant la période de Aïd El Adha dans un contexte d’assouplissement des mesures de confinement et d’ouverture des frontières.
En ayant réussi à différer la mise en œuvre de restrictions à après la célébration Aïd El Adha de 2021, les lobbys des éleveurs ont empêché le gouvernement en exercice de mettre en pratique les leçons tirées de l’année 2020 et l’intérêt général a finalement été sacrifié au bénéfice des éleveurs. Le graphique ci-dessous montre l’évolution le nombre de cas de 7 jours glissants (en vert de rapportant à l’échelle de gauche) et la résultante part des contaminations (en bleu se rapportant à l’échelle de droite) dans les 34 Provinces majoritairement rurales[2].
Contaminations de 7 jours glissants dans les 34 Provinces les plus rurales et leur part
Tant en 2021 qu’en 2020, la transhumance pour vacances annuelles de juillet n’avait pas augmenté significativement la part d’infection dans les 34 Provinces à majorité rurale. En 2020, la part des contaminations dans celles-ci était même en train de décroître à la veille de Aïd El Adha. Puis, la part de la contamination dans ces 34 Provinces rurales (représentant 29.3% de la population) a entamé une montée brutale vers 25% dès la semaine précédant l’Aïd et les semaines qui suivirent.
Elle n’a commencé à décroître qu’après que l’effet des contacts commerciaux et familiaux de l’Aïd El Adha n’ait commencé à s’estomper. Beaucoup de contaminations (environ 340’000), d’hospitalisations et de décès (environ 4’700) auraient pu être évités si l’on avait interdit la célébration de Aïd El Adha et anticipé les mesures de restriction d’une ou deux semaines au lieu de les différer au quatrième jour de la fête.
Il semble que la circulation du virus ait été limitée à l’espace qui lui a été laissé par l’immunité engendrée par la préalable contamination ou la vaccination et que les taux de progression de l’épidémie (provinciaux et nationaux) devraient encore diminuer, mais avec la lenteur qu’on leur connaît.
Nous ne sommes plus sur les fronts de montée mais il faut toujours prendre les prévisions avec précautions.
DÉPISTAGES ET CONTAMINATIONS HEBDOMADAIRES
- Le taux de positivité hebdomadaire a augmenté très lentement, mais de façon continue depuis la semaine finissant le 07/03 (de 3.62% le 07/03 à 6.47% le 25/04) puis il a subi une chute rapide à 2.53% durant les 3 semaines qui ont suivi. La chute à 2.53% durant la semaine finissant le 16/05 (Figure 2 à gauche) n’était qu’une fluctuation circonstancielle. En tous cas, nos simulations l’ont considérée comme telle et indiquent maintenant que le taux de positivité hebdomadaire, actuellement à 3.50%, aurait passé son maximum à 23.18% la semaine finissant le 08/08 et devrait descendre à 1.80% dans quatre semaines (Figure 2 à gauche). Même si la descente du taux de positivité ralentit, elle a tout de même été beaucoup plus rapide que celle de l’hiver dernier.
Figure 2 Evolution du taux de positivité (gauche), des tests (droite) et des contaminations (bas) hebdomadaires
- Si les tests de dépistage continuent à évoluer au rythme indiqué sur la Figure 2 à droite, et si, l’on accepte les prévisions de taux de positivité (Figure 2 à gauche), le nombre de contaminations détectées qui a déjà atteint son maximum à 66’565 hebdomadaires la semaine finissant le 08/08, devrait redescendre vers 1’530 dans 4 semaines, montrés dans le graphique du bas de la Figure 2.
DÉCÈS ET GUÉRISONS HEBDOMADAIRES
- Après une hausse pendant 6 semaines finissant le 22/08/2021, le nombre de décès a dépassé son maximum à 775 hebdomadaires et nos simulations prédisent qu’il devrait baisser vers 31 hebdomadaires dans 4 semaines, comme indiqué dans le graphique en haut à gauche de la Figure 4. Celui du haut à droite montre que le taux des décès rapportés au nombre de cas graves de la veille n’a pas atteint les valeurs de l’été 2020 et est même en train de baisser depuis mi-août 2021.
Figure 3 Evolution du nombre hebdomadaire de décès (en haut) et de guérisons (en bas)
- Le nombre de guérisons est dans une nouvelle phase de décroissance depuis son maximum à 58’889 et nos simulations actuelles montrent qu’il devrait descendre vers 1’142 dans quatre semaines, comme indiqué dans le graphique du bas de la Figure 4.
NOMBRE DE CAS ACTIFS ET LEUR CONSTITUTION
- A 5’960 en cette fin de semaine (17/10/2021), le maximum des cas actifs de 81’209 a eu lieu la semaine finissant le 15/08. Des simulations montrées ci-dessus (contaminés, guéris et décès) se déduisent nos prévisions du nombre de cas actifs qui montrent une baisse vers 7’463 dans quatre semaines (Figure 4 à gauche). De toutes façons, il a été largement supérieur au nombre de cas actifs atteint à l’automne 2020 et le nombre de cas graves (dont le maximum à 2’467 a été atteint la semaine finissant le 29/08, Figure 4 à droite). Toutefois, comme nous l’annoncions déjà, le nombre d’intubés n’a pas dépassé ceux de l’automne grâce à un taux d’intubation nettement plus faible. Nous pensons que les prévisions des nombres de cas actifs et des cas graves sont sans doute erronées par excès.
Nos simulations montrent que si les évolutions actuelles se maintiennent, nous ne devrions pas dépasser un total de 15’500 morts pour 980’000 infections avérées (testées), même s’il est probable que 3.768 millions de personnes aient été effectivement infectées.
Figure 4 Evolution des cas actifs en fin de semaine (gauche) dont celle des cas graves (droite)
APPRECIATION DE LA PROGRESSION
- Après que la limite basse de l’intervalle de confiance à 98% du taux de progression de l’épidémie calculé sur 7 jours (à gauche de la Figure 5) :
- soit restée au dessus de l’unité pendant 45 jours du mercredi 04 mars au vendredi 16 avril,
- après qu’elle soit repassée en dessous de l’unité depuis samedi 17 avril,
- après qu’elle l’ait de nouveau dépassée le 21 mai jusqu’à dépasser 250%,
- il est descendu en dessous de l’unité depuis le 15/08, confirmant les bons chiffres précédents, grâce notamment à sa baisse dans la Préfecture de Casablanca où l’épidémie régresse maintenant depuis le 11/08, soit 67 jours, (à droite de la Figure 5).
Figure 5 Evolution du taux de progression de l’épidémie au niveau national (gauche) et au niveau de Casablanca seule (droite)
- La courbe en rouge du graphique de gauche de la Figure 5 montre que le nombre de Provinces où l’épidémie régresse remonte depuis le 09/08 pour atteindre autour de 62 Provinces en cette fin de semaine (sur un total de 75 Provinces). Le maintien de ce chiffre proche de 75 est un sérieux indicateur de ralentissement de la circulation du virus.
INCIDENCE ET SA RÉPARTITION TERRITORIALE
- La Figure 6 (carte à gauche et classement à droite) montre qu’avec 26’206 cas détectés par million d’habitants au 17/10 (soit 2.6206% de la population), on trouve au Maroc tous les impacts entre celui de Casablanca, avec 7.3902% de sa population (qui a pris la place de Oued-Ed-Dahab depuis le 26/11/2020), et celui de Moulay Yaacoub, la moins impactée à 0.2348%. La Région de Dakhla-Oued Eddahab (5.8152% de sa population) et Casablanca-Settat (4.7298% de sa population) sont les plus impactées alors que la moins impactée est celle de Fès-Meknès (0.7865% de sa population).
Figure 6 Répartition géographique de l’incidence provinciale
- La Figure 7 montre la répartition géographique de la variation de l’incidence provinciale durant la dernière semaine (carte à gauche et classement à droite). Cette semaine, les Provinces les plus impactées ont été Rabat suivie de Oued-Eddahab et les moins impactées Aousserd, Assa-Zag, Midelt, Moulay Yaacoub et Tata.
Figure 7 Répartition géographique de la variation de l’incidence provinciale durant la dernière semaine
VACCINATION
- La Figure 8 montre l’évolution du nombre de vaccinations hebdomadaires (échelle en vert de gauche) et cumulées (échelle bleue de droite). Le nombre de vaccinations hebdomadaires a atteint son record dépassant 1,9 millions la semaine finissant le 01/08, l’organisation existante avait déjà confirmé sa capacité à dépasser plusieurs fois le million de nouveaux vaccinés hebdomadaires.
Figure 8 Nombre total et hebdomadaire des premières doses de vaccins inoculés (les 2èmes doses sont réservées)
- Durant la semaine finissant le 17/10, 23.237 millions d’habitants qui ont reçu la première dose vaccinale, parmi lesquels 20.925 millions ont même reçu la deuxième dose. Par ailleurs, il nous semble utile d’ajouter que si l’on pouvait considérer que les 8,988 millions d’habitants testés fussent représentatifs de la population marocaine, celle-ci comporterait alors 10.482% déjà contaminés, soit 3.768 millions de personnes elles aussi partiellement immunisées par contamination (parmi lesquels sans doute les individus à risque s’exposant plus volontiers à la contamination). Il est fort probable que les deux chiffres d’immunisation par vaccination et par contamination, qui ne sont pas nécessairement additionnels, aient limité la dernière vague dans un « espace de contamination » de plus en plus restreint de sorte que les taux de progression, provinciaux et nationaux, de l’épidémie devraient continuer à baisser, même si de plus en plus lentement dans les Provinces les moins impactées.
Par Amin BENNOUNA, sindibad@uca.ac.ma
[1] Ministère de la Santé, Portail Officiel du Coronavirus au Maroc, Bulletins COVID quotidiens http://www.covidmaroc.ma/Pages/AccueilAR.aspx,
Conférences de Presse Quotidiennes, https://web.facebook.com/ministere.sante.ma/videos/589852328286641 et Rapports quotidiens depuis l’arrêt de celles-ci http://www.covidmaroc.ma/Pages/LESINFOAR.aspx
[2] Il s’agit des 34 Provinces dont l’urbanisation est inférieure à 50%. Par ordre de ruralité décroissante il s’agit de : Fahs-Anjra, Aousserd, Chefchaouen, Taounate, Tahannaout, Zagora, Chichaoua, Azilal, Moulay Yacoub, Sidi Bennour, Tinghir, Ouezzane, Essaouira, Sidi Ifni, Kelaat Sraghna, Driouch, Taroudant, Sidi Kacem, Boulemane, Al Hoceima, Benguerir, Chtouka-Aït Baha, Tata, Settat, Youssoufia, Ouarzazate, Taza, Fquih Ben Salah, Sidi Slimane, El Jadida, Midelt, Tiznit, Errachidia, Guercif