Rappel historique de l’évolution des chiffres de COVID-19 et tentative de prévision à quatre semaines.
Toutes les données sont quotidiennement mises à jour auprès de sites du Ministère de la Santé[1]. Même si des voix autorisées les ont accusées de ne pas refléter la réalité, ce sont les seules données dont nous disposons :
- Le tableau figurant en haut de la Figure 1 donne les chiffres de fin de semaine au 12/12/2021.
- Les deux graphiques au centre de la même Figure 1 montrent l’évolution segmentée en quantités et pourcentages des contaminés dont les décédés (noir), les rétablis (vert) et les actifs (orange).
- Les deux graphiques au bas de la même Figure 1 montrent l’évolution segmentée en quantités et pourcentages des cas actifs dont les intubés (noir), ceux sous respiration non invasive (rouge), ceux sans gravité (violet) ainsi que les autres cas graves (vert).
Figure 1 Récapitulatif de la situation et graphiques d’évolution de la segmentation des testés positifs et des cas actifs
Après avoir dépassé 250% le 30/07, le taux de progression de l’épidémie sur 7 jours est maintenant descendu en dessous de l’unité. En conséquence, la situation s’est très nettement améliorée puisque le pic des cas actifs est complètement passé, tel que c’est montré par la courbe orange dans le bas de la Figure 1. L’immunité introduite par la combinaison de la contamination et de la vaccination a sans doute fortement restreint l’espace de circulation du virus qui n’a été dopée cet été que par l’augmentation du nombre de contacts durant la période de Aïd El Adha dans un contexte d’assouplissement des mesures de confinement et d’ouverture des frontières. En ayant réussi à repousser la mise en œuvre de restrictions à après Aïd El Adha de 2021, les lobbys des éleveurs ont empêché le gouvernement en exercice de mettre en pratique les leçons tirées de l’année 2020 et l’intérêt général a finalement été sacrifié au bénéfice des éleveurs.
Le graphique ci-dessous montre l’évolution du nombre de cas de 7 jours glissants (en vert de rapportant à l’échelle de gauche) et la résultante part des contaminations (en bleu se rapportant à l’échelle de droite) dans les 34 Provinces majoritairement rurales[2].
Contaminations de 7 jours glissants dans les 34 Provinces les plus rurales et leur part
Tant en 2021 qu’en 2020, même la transhumance pour vacances annuelles de juillet n’avait pas augmenté significativement la part d’infection dans les 34 Provinces à majorité rurale (représentant 29.3% de la population). En 2020, la part des contaminations dans celles-ci était même en train de décroître à la veille de Aïd El Adha. Puis, tant en 2020 qu’en 2021, celle-ci a entamé une montée brutale vers 25% dès la semaine précédant l’Aïd et les semaines qui suivirent. Elle n’a commencé à décroître qu’après que l’effet des contacts commerciaux et familiaux de l’Aïd El Adha n’ait commencé à s’estomper. Beaucoup de contaminations (environ 340’000), d’hospitalisations et surtout de décès (environ 4’700) auraient pu être évités si l’on avait interdit la célébration de Aïd El Adha en 2021 et anticipé les mesures de restriction d’une ou deux semaines avant au lieu de les différer au quatrième jour de la fête.
DÉPISTAGES ET CONTAMINATIONS HEBDOMADAIRES
En passant de 859 à 891, les nouveaux cas hebdomadaires ont augmenté de 3.7% cette semaine, résultant de la combinaison : d’une baisse (-21.85%) du nombre de tests hebdomadaires (de 83’423 à 65’191) et d’une hausse (+32.7%) du taux de positivité hebdomadaire (de 1.03% à 1.37%).
- Le taux de positivité hebdomadaire a augmenté très lentement, mais de façon continue depuis la semaine finissant le 07/03 (de 3.62% le 07/03 à 6.47% le 25/04) puis il a subi une chute rapide à 2.53% durant les 3 semaines qui ont suivi. La chute à 2.53% durant la semaine finissant le 16/05 (Figure 2 à gauche) n’était qu’une fluctuation circonstancielle. Même s’il a passé son maximum à 23.18% la semaine finissant le 08/08 (Figure 2 à gauche), il est en train de remonter actuellement.
Figure 2 Evolution du taux de positivité (gauche), des tests (droite) et des contaminations (bas) hebdomadaires
- Si les tests de dépistage continuent à évoluer au rythme indiqué sur la Figure 2 à droite, et si, l’on accepte les prévisions de taux de positivité (Figure 2 à gauche), le nombre de contaminations détectées, qui a déjà atteint son maximum à 66’565 hebdomadaires la semaine finissant le 08/08, devrait redescendre vers 569 dans 4 semaines, montrés dans le graphique du bas de la Figure 2.
DÉCÈS ET GUÉRISONS HEBDOMADAIRES
- Actuellement à 8, le nombre de décès a dépassé son maximum à 775 hebdomadaires et nos simulations prédisent qu’il tendrait vers 0 décès hebdomadaires dans 4 semaines (graphique en haut à gauche de la Figure 4). Le graphique en haut à droite montre que le taux des décès rapporté au nombre de cas graves de la veille n’a pas atteint les valeurs de l’été 2020 et baisse même tendanciellement depuis mi-août 2021.
Figure 3 Evolution du nombre hebdomadaire de décès, des décès parmi les cas graves (en haut) et de guérisons (en bas)
- Le nombre de guérisons est dans une nouvelle phase de décroissance depuis son maximum à 58’889 et nos simulations actuelles montrent que si la tendance actuelle continue, il devrait descendre vers 681 guérisons hebdomadaires dans 4 semaines, comme indiqué dans le graphique bas de la Figure 4.
NOMBRE DE CAS ACTIFS ET LEUR CONSTITUTION
- Passé de 2’883 à 1’619 en cette fin de semaine (12/12/2021), le maximum des cas actifs de 81’209 a eu lieu la semaine finissant le 15/08. Des simulations montrées ci-dessus (contaminés, guéris et décès) se déduisent nos prévisions du nombre de cas actifs qui montrent une remontée dans quatre semaines (Figure 4 à gauche). Nous pensons que les prévisions des nombres de cas actifs et des cas graves sont sans doute erronées par excès. De toutes façons, il a été largement supérieur au nombre de cas actifs atteint à l’automne 2020 et le nombre de cas graves (dont le maximum à 2’467 a été atteint la semaine finissant le 29/08, Figure 4 à droite). Toutefois, comme nous l’annoncions déjà, le nombre de cas graves n’a pas atteint ceux de l’automne grâce à un taux de gravité plus faible.
Nos simulations continuent à montrer que si les évolutions favorables actuelles se maintiennent, nous ne devrions pas dépasser un total de 970’000 infections avérées avec moins de 14’800 morts.
Figure 4 Evolution des cas actifs en fin de semaine (gauche) dont celle des cas graves (droite)
En 2021, la circulation du virus a décru plus rapidement, à cause de l’espace plus limité qui lui a été laissé par l’immunité engendrée par la combinaison des vaccinations et des préalables contaminations. Ceci dit, les chiffres de la maladie en elle-même sont à peu près les mêmes au Maroc :
- Une suspicion quelconque menant à un test COVID19 mène à un taux positif :
- entre 2.5% et 24.9% des testés hebdomadaires jusqu’au 31/05/2021
- entre 0.9% et 23.8% des testés hebdomadaires depuis le 01/06/2021
- Les formes bénignes ou asymptomatiques de la maladie couvent 7% des testés positifs, toutefois :
- en moyenne 3% entre 87.3% et 90.9% des cas testés positifs jusqu’au 31/05/2021
- en moyenne 2% entre 90.9% et 98.2% des cas testés positifs depuis le 01/06/2021
- Les formes graves sans nécessité de respiration artificielle couvrent 1% des testés positifs, toutefois :
- en moyenne 3% entre 0.6% et 5.1% des cas testés positifs jusqu’au 31/05/2021
- en moyenne 0% entre 0.7% et 4.3% des cas testés positifs depuis le 01/06/2021
- Les formes nécessitant respiration artificielle non invasive couvrent 9% des testés positifs, toutefois :
- en moyenne 1% entre 0.7% et 7.2% des cas testés positifs jusqu’au 31/05/2021
- en moyenne 7% entre 1.0% et 4.8% des cas testés positifs depuis le 01/06/2021
- Les formes nécessitant intubation couvrent 3% des testés positifs, toutefois :
- en moyenne 4% entre 0.1% et 0.8% des cas testés positifs jusqu’au 31/05/2021
- en moyenne 2% entre 0.1% et 0.4% des cas testés positifs depuis le 01/06/2021
- Indépendamment de cela, un testé positif est décédé :
- en moyenne dans 80% des cas testés positifs jusqu’au 31/05/2021
- en moyenne dans 31% des cas testés positifs depuis le 01/06/2021
Outre le fait qu’une très large majorité des hospitalisés pour COVID19 soient porteurs de co-morbidités, entre 75 et 90% de ceux des derniers mois n’auraient pas été vaccinés (où n’auraient reçu qu’une seule dose). Ainsi donc, les personnes vaccinées représentent 2/3 de la population alors qu’elles ne représenteraient que 1/5 des cas graves. On ne connaît hélas pas les chiffres exacts des vaccinés parmi les cas graves pour renforcer un argumentaire plus précis en faveur de la campagne de vaccination car si celle-ci permet, en moyenne, à l’organisme de mieux combattre la maladie, avec une immunité variable d’un individu à l’autre, elle ne l’empêche toutefois pas de transmettre le virus aux personnes les moins immunisées parmi lesquelles les non vaccinées. Se vacciner, c’est donc d’abord se protéger soi-même en attendant l’immunité collective mais on protège mieux les autres avec les mesures barrière.
Nous ne sommes pas sur les fronts de montée mais il faut toujours prendre les prévisions avec précaution.
APPRECIATION DE LA PROGRESSION
- Après que la limite basse de l’intervalle de confiance à 98% du taux de progression de l’épidémie calculé sur 7 jours (à gauche de la Figure 5) :
- soit restée au dessus de l’unité pendant 45 jours du mercredi 04 mars au vendredi 16 avril,
- après qu’elle soit repassée en dessous de l’unité depuis samedi 17 avril,
- après qu’elle l’ait de nouveau dépassée le 21 mai jusqu’à dépasser 250%,
- il est descendu en dessous de l’unité du 15/08 au 28/10,
- il est ensuite brièvement remonté au-dessus de l’unité, entraîné par la Préfecture de Casablanca où le taux de progression était repassé au-dessus de 1 (à droite de la Figure 5),
- après être redescendu en dessous de l’unité depuis le 29/10, il l’a dépassée depuis le 25/11.
Continue depuis le 09/11 et précédée par celle de Casablanca, la montée du taux de progression actuelle est plus à craindre que celle de fin Octobre (plus brève et rapide, comme plus sporadique).
Figure 5 Evolution du taux de progression de l’épidémie au niveau national (gauche) et au niveau de Casablanca seule (droite)
- Comme le retour du taux de reproduction en dessous de l’unité, le rapprochement du nombre de Provinces où l’épidémie régresse du total de 75 Provinces est un bon signe. Pourtant, la courbe bleue du graphique de gauche de la Figure 5 montre que le nombre de Provinces où l’épidémie régresse subit une descente tendanciellement lente mais suspecte depuis 10 semaines.
INCIDENCE ET SA RÉPARTITION TERRITORIALE
- La Figure 6 (carte à gauche et classement à droite) montre qu’avec 26’466 cas détectés par million d’habitants au 12/12 (soit 2.6466% de la population), on trouve au Maroc tous les impacts entre celui de Casablanca, avec 7.4584% de sa population (qui a remplacé Oued-Ed-Dahab depuis le 26/11/2020), et celui de Moulay Yaacoub, la moins impactée à 0.2348%. La Région de Dakhla-Oued Ed-Dahab (5.8505% de sa population) et Casablanca-Settat (4.7852% de sa population) sont les plus impactées alors que la moins impactée est celle de Fès-Meknès (0.7930% de sa population).
Figure 6 Répartition géographique de l’incidence provinciale
- La Figure 7 montre la répartition géographique de la variation de l’incidence provinciale durant la dernière semaine (carte à gauche et classement à droite). Cette semaine, les 2 Provinces les plus impactées ont été Rabat et Aousserd et les 30 Provinces en noir dans la Figure 7 sont celles où il y a eu zéro cas (12 de plus en une semaine) : Al Haouz, Al Hoceima, Assa-Zag, Azilal, Boujdour, Boulemane, Chefchaouen, Driouch, El Hajeb, El Kelâa des Sraghna, Es-Semara, Fahs Anjra, Figuig, Fquih Ben Salah, Guelmim, Guercif, Jerada, Khénifra, Larache, Midelt, Moulay Yaacoub, Ouarzazate, Rehamna, Settat, Sidi Bennour, Sidi Ifni, Tan Tan, Taourirt, Tata, et Youssoufia.
Figure 7 Répartition géographique de la variation de l’incidence provinciale durant la dernière semaine
VACCINATION
- La Figure 8 montre l’évolution du nombre de vaccinations hebdomadaires (échelle en vert de gauche) et cumulées (échelle bleue de droite). Le nombre de vaccinations hebdomadaires a atteint son record dépassant 1,9 millions la semaine finissant le 01/08, l’organisation existante avait déjà confirmé sa capacité à dépasser plusieurs fois le million de nouveaux vaccinés hebdomadaires. L’essoufflement de la vitesse de vaccination observée la semaine du 17/10 avait remonté pendant 2 semaines (obligation du pass vaccinal pour accéder aux lieux publics) mais est brutalement retombée.
Figure 8 Nombre total et hebdomadaire des premières doses de vaccins inoculées (les 2èmes doses sont réservées)
- Durant la semaine finissant le 12/12, 24.464 millions d’habitants ont reçu la première dose vaccinale, parmi lesquels 22.775 millions ont même reçu la deuxième dose. Par ailleurs, il nous semble utile d’ajouter que si l’on pouvait considérer que les 9,615 millions d’habitants testés fussent représentatifs de la population marocaine, celle-ci comporterait alors près de 10% déjà contaminés, soit 3.6 millions de personnes elles aussi partiellement immunisées par contamination (parmi lesquels sans doute les individus à risque s’exposant plus volontiers à la contamination). Il est fort probable que les deux chiffres d’immunisation par vaccination et par contamination, qui ne sont pas nécessairement additifs, se soient tout de même superposés pour limiter la dernière vague dans un « espace de contamination » de plus en plus restreint qui est laissé par l’immunité acquise par vaccination et contamination. Ainsi, les taux de progression, provinciaux et nationaux de l’épidémie ont-ils continué à baisser, même si de plus en plus lentement dans les Provinces les moins impactées.
Avec le recul, il est difficile d’imaginer que la rentrée scolaire n’ait pas eu d’impact sur la progression de l’épidémie mais celui-ci a sans doute été complètement écrasé par la diffusion de la vaccination, à moins que la montée du taux de progression actuel n’en soit une conséquence, puisque ladite montée a elle-même commencé début novembre, quelques semaines après la rentrée.
Par Amin BENNOUNA, sindibad@uca.ac.ma
[1] Ministère de la Santé, Portail Officiel du Coronavirus au Maroc, Bulletins COVID quotidiens http://www.covidmaroc.ma/Pages/AccueilAR.aspx,
Conférences de Presse Quotidiennes, https://web.facebook.com/ministere.sante.ma/videos/589852328286641 et Rapports quotidiens depuis l’arrêt de celles-ci http://www.covidmaroc.ma/Pages/LESINFOAR.aspx
[2] Il s’agit des 34 Provinces dont l’urbanisation est inférieure à 50%. Par ordre de ruralité décroissante il s’agit de : Fahs-Anjra, Aousserd, Chefchaouen, Taounate, Tahannaout, Zagora, Chichaoua, Azilal, Moulay Yacoub, Sidi Bennour, Tinghir, Ouezzane, Essaouira, Sidi Ifni, Kelaat Sraghna, Driouch, Taroudant, Sidi Kacem, Boulemane, Al Hoceima, Benguerir, Chtouka-Aït Baha, Tata, Settat, Youssoufia, Ouarzazate, Taza, Fquih Ben Salah, Sidi Slimane, El Jadida, Midelt, Tiznit, Errachidia, Guercif