Rappel historique synthétique de l’évolution des chiffres de COVID-19. Cette semaine aussi nous évitons toute tentative de prévision chiffrée qui serait encore trop hasardeuse.
Toutes les données sont quotidiennement mises à jour auprès de sites du Ministère de la Santé[1]. Même si des voix autorisées les ont accusées de ne pas refléter la réalité, ce sont les seules données dont nous disposons :
- Le tableau figurant en haut de la Figure 1 donne les chiffres de fin de semaine au 09/01/2022.
- Les deux graphiques au centre de la même Figure 1 montrent l’évolution segmentée en quantités et pourcentages des contaminés dont les décédés (noir), les rétablis (vert) et les actifs (orange).
- Les deux graphiques au bas de la même Figure 1 montrent l’évolution segmentée en quantités et pourcentages des cas actifs dont les intubés (noir), ceux sous respiration non invasive (rouge), ceux sans gravité (violet) ainsi que les autres cas graves (vert).
Figure 1 Récapitulatif hebdomadaire et graphiques d’évolution de la segmentation des testés positifs et des cas actifs
A part la létalité qui s’est réduite d’un quart, les chiffres de la maladie du COVID19 proprement dite montrés dans le Tableau 1 sont à peu près les mêmes pour la période dominée par le variant « alpha » que pour celle du variant « delta« . Avant même que les cas du variant « delta » n’aient encore complètement disparu, les indices de cette nouvelle phase sont déjà différents :
Tableau 1 Etat des testés positifs durant les trois périodes dominées par les différents variants
Au fur et à mesure que le variant « omicron » se substitue à son prédécesseur « delta« , le pourcentage des cas graves parmi les testés positifs connaît une chute appréciable.
Outre le fait qu’une très large majorité des hospitalisés pour COVID19 soient porteurs de co-morbidités, entre 75 et 90% de ceux des derniers mois ne sont pas vaccinés (ou incomplètement). Ainsi, si les personnes vaccinées représentent 2/3 de la population elles ne représentent que 1/5 des hospitalisés. On ne connaît pas les chiffres exacts des vaccinés parmi les cas graves pour renforcer la campagne de vaccination car, si celle-ci permet de mieux combattre la maladie, avec une immunité variable d’un individu à l’autre, elle ne l’empêche pas de transmettre le virus aux personnes moins immunisées parmi lesquelles les non vaccinées.
Se vacciner, c’est d’abord se protéger soi-même dès aujourd’hui en attendant l’immunité collective de demain mais on protège les autres dès aujourd’hui avec les mesures barrière prises.
Puisque le variant « omicron » se transmet beaucoup plus facilement que son prédécesseur « delta« , nous devrions voir une croissance du nombre de cas actifs plus rapide que celle qui a débuté à Aïd El Adha 2021, et si le vaccin pouvait garder la même efficacité d’immunisation que contre « delta« , cette nouvelle vague devrait durer moins que la précédente car elle privilégierait les 12 millions personnes non vaccinées du Maroc. En tous cas, même si nous ne pouvons pas encore prévoir l’intensité de cette nouvelle vague, 83’145 cas actifs ont pu être été atteints le 14 août 2021 avec 1/3 de la population vaccinée (2/3 aujourd’hui) et « l’espace de contamination » restant aujourd’hui pourrait être encore suffisant pour atteindre les 81’400 cas actifs dont 3.69% de cas graves (Tableau 1) auraient vite faite de saturer les 3’000 lits COVID19 disponibles au Maroc. Malgré cela, ralentir de nouveau l’économie et l’enseignement cumulerait des coûts humains et matériels prohibitifs après tout ce temps de « vaches maigres ».
ÉLÉMENTS D’APPRÉCIATION DE L’ÉVOLUTION DES CHIFFRES
Tableau 2 Evolution des chiffres par rapport à la semaine dernière
Le tableau parle de lui-même, nous ne relèverons que deux choses :
- les indices de gravité progressent nettement plus lentement que ceux de la contamination et depuis quatre semaine, la croissance du taux de positivité semble corrélée à la baisse du taux de gravité,
- le taux de progression n’augmente plus de façon significative, ce qui signifie que nous entamons la dernière phase de l’ascension de la contamination, celle dont la vitesse de montée décélère (ceci est corroboré par la baisse (Casablanca) ou la stagnation (national) des taux de progression montrés par les courbes rouges des graphiques de la Figure 2,
Figure 2 Evolution du taux de progression de l’épidémie au niveau national (gauche) et au niveau de Casablanca seule (droite)
De même qu’un passage du taux de reproduction en dessous de l’unité, le rapprochement du nombre de Provinces où l’épidémie régresse du total de 75 est un bon signe. Pourtant, la courbe bleue du graphique de gauche de la Figure 2 montre que le nombre de Provinces où l’épidémie régresse ne peut descendre plus bas et qu’elle a fini sa descente tendancielle amorcée depuis le 15 septembre.
INCIDENCE ET SA RÉPARTITION TERRITORIALE
- La Figure 3 (carte à gauche et classement à droite) montre qu’avec 27’873 cas détectés par million d’habitants au 09/01 (soit 2.7873% de la population), on trouve au Maroc tous les impacts entre celui de Casablanca, avec 8.1868% de sa population et celui de Moulay Yaacoub, la moins impactée à 0.2401%. La Région de Dakhla-Oued Ed-Dahab (5.9071% de sa population) et Casablanca-Settat (5.2091% de sa population) sont les plus impactées alors que la moins impactée est celle de Fès-Meknès (0.8117% de sa population).
Figure 3 Répartition géographique de l’incidence provinciale
- La Figure 4 montre la répartition géographique de la variation de l’incidence provinciale durant la dernière semaine (carte à gauche et classement à droite). Dans la Figure 4, aucune Province n’est en noir donc aucune n’a clôturé la semaine avec zéro infection (il y en a 14 de moins cette semaine).
Figure 4 Répartition géographique de la variation de l’incidence provinciale durant la dernière semaine
VACCINATION
- La Figure 5 montre l’évolution du nombre de vaccinations hebdomadaires (échelle en vert de gauche) et cumulées (échelle bleue de droite). Le nombre de nouveaux vaccinés hebdomadaires a atteint son record dépassant 1,9 millions la semaine finissant le 01/08, l’organisation existante avait déjà confirmé sa capacité à dépasser plusieurs fois le million de nouveaux vaccinés hebdomadaires. L’essoufflement de la vitesse de vaccination observée la semaine du 17/10 avait remonté pendant 2 semaines (obligation du pass vaccinal pour accéder aux lieux publics) mais est retombée depuis lors.
Figure 5 Nombre total et hebdomadaire des premières doses de vaccins inoculées (les 2èmes doses sont réservées)
- Durant la semaine finissant le 09/01, 22.974 millions d’habitants ont reçu la deuxième dose vaccinale. Si les 10,070 millions d’habitants testés étaient représentatifs de la population marocaine, elle comporterait alors 3.7 millions de personnes elles aussi partiellement immunisées par contamination. Sans doute que l’immunisation par vaccination et par contamination se superposent pour limiter « l’espace de contamination » à tel point que même la rentrée scolaire n’a pas été visible.
Par Amin BENNOUNA, sindibad@uca.ac.ma
[1] Ministère de la Santé, Portail Officiel du Coronavirus au Maroc, Bulletins COVID quotidiens http://www.covidmaroc.ma/Pages/AccueilAR.aspx, Conférences de Presse Quotidiennes, https://web.facebook.com/ministere.sante.ma/videos/589852328286641 et Rapports quotidiens depuis l’arrêt de celles-ci http://www.covidmaroc.ma/Pages/LESINFOAR.aspx