Rappel historique synthétique de l’évolution des chiffres de COVID-19. Cette semaine nous donnons de nouveau des prévisions à quatre semaines.
Toutes les données sont quotidiennement mises à jour auprès de sites du Ministère de la Santé[1]. Même si des voix autorisées les ont accusées de ne pas refléter la réalité, ce sont les seules données dont nous disposons :
- Le tableau figurant en haut de la Figure 1 donne les chiffres de fin de semaine au 16/01/2022.
- Les deux graphiques au centre de la même Figure 1 montrent l’évolution segmentée en quantités et pourcentages des contaminés dont les décédés (noir), les rétablis (vert) et les actifs (orange).
- Les deux graphiques au bas de la même Figure 1 montrent l’évolution segmentée en quantités et pourcentages des cas actifs dont les intubés (noir), ceux sous respiration non invasive (rouge), ceux sans gravité (violet) ainsi que les autres cas graves (vert).
Figure 1 Récapitulatif hebdomadaire et graphiques d’évolution de la segmentation des testés positifs et des cas actifs
A part la létalité qui s’est réduite d’un quart, les chiffres de la maladie du COVID19 proprement dite montrés dans le Tableau 1 sont à peu près les mêmes pour la période dominée par le variant « alpha » que pour celle du variant « delta« . Avant même que les cas du variant « delta » n’aient encore complètement disparu, les indices de cette nouvelle phase sont déjà différents :
Tableau 1 Etat des testés positifs durant les trois périodes dominées par les différents variants
Au fur et à mesure que le variant « omicron » se substitue à son prédécesseur « delta« , le pourcentage des cas graves parmi les testés positifs connaît une chute appréciable.
Outre le fait qu’une très large majorité des hospitalisés pour COVID19 soient porteurs de co-morbidités, entre 75 et 90% de ceux des derniers mois ne sont pas vaccinés (ou incomplètement). Ainsi, si les personnes vaccinées représentent 2/3 de la population elles ne représentent que 1/5 des hospitalisés. On ne connaît pas les chiffres exacts des vaccinés parmi les cas graves pour renforcer la campagne de vaccination car, si celle-ci permet de mieux combattre la maladie, avec une immunité variable d’un individu à l’autre, elle ne l’empêche pas de transmettre le virus aux personnes moins immunisées parmi lesquelles les non vaccinées.
Se vacciner, c’est d’abord se protéger soi-même dès aujourd’hui en attendant l’immunité collective de demain mais on protège les autres dès aujourd’hui avec les mesures barrière prises.
Puisque « omicron » se transmet beaucoup plus facilement que « delta« , nous avons eu une croissance du nombre de cas actifs plus rapide que celle de Aïd El Adha 2021. Avec un vaccin qui semble garder la même efficacité à protéger contre l’aggravation des cas que contre « delta« , cette nouvelle vague devrait durer moins longtemps car elle privilégierait plus que les 12 millions personnes non vaccinées du Maroc. Même si la capacité d’accueil des hôpitaux a été saturée en août 2021, cela s’est produit avec seulement un 1/3 de la population vaccinée. La réduction de « l’espace de contamination » grâce aux 2/3 vaccinés aujourd’hui devrait prémunir contre la saturation des 3’000 lits COVID19 du Maroc car un taux de gravité vers 1% nécessiterait d’atteindre le très improbable chiffre de 300’000 cas actifs. Même si le Tableau 1 indique une valeur plus élevée, les valeurs récentes du Tableau 2 et le dernier graphique de la Figure 1 indiquent que le taux de gravité descendra autour de 1%. Ralentir l’économie et l’éducation perd de plus en plus son sens.
ÉLÉMENTS D’APPRÉCIATION DE L’ÉVOLUTION DES CHIFFRES
Tableau 2 Chiffres hebdomadaires des 2 dernières semaines et prévisions à 4 semaines
Le Tableau 2 parle de lui-même et nous ne relèverons donc que deux choses :
- les indices de gravité progressent nettement plus lentement que ceux de la contamination et depuis quatre semaines, la croissance du taux de positivité semble corrélée à la baisse du taux de gravité,
- depuis une semaine, le taux de progression diminue en s’approchant à nouveau de l’unité, ce qui signifie que nous sommes dans la dernière phase de l’ascension de la contamination, celle dont la vitesse de montée décélère (ceci est corroboré par la baisse simultanée à Casablanca et au national dans les taux de progression montrés par les courbes rouges des graphiques de la Figure 2).
Figure 2 Evolution du taux de progression de l’épidémie au niveau national (gauche) et au niveau de Casablanca seule (droite)
De même qu’un passage du taux de reproduction en dessous de l’unité, le rapprochement du nombre de Provinces où l’épidémie régresse du total de 75 est un bon signe. Pourtant, la courbe bleue du graphique de gauche de la Figure 2 montre que le nombre de Provinces où l’épidémie régresse ne pourra plus que remonter puisqu’elle a fini sa descente tendancielle amorcée depuis le 15 septembre.
INCIDENCE ET SA RÉPARTITION TERRITORIALE
- La Figure 3 (carte à gauche et classement à droite) montre qu’avec 29’168 cas détectés par million d’habitants au 16/01 (soit 2.9168% de la population), on trouve au Maroc tous les impacts entre celui de Casablanca, avec 8.6581% de sa population et celui de Moulay Yaacoub, la moins impactée à 0.2696%. La Région de Dakhla-Oued Ed-Dahab (5.9782% de sa population) et Casablanca-Settat (5.5154% de sa population) sont les plus impactées alors que la moins impactée est celle de Fès-Meknès (0.8619% de sa population).
Figure 3 Répartition géographique de l’incidence provinciale
- La Figure 4 montre la répartition géographique de la variation de l’incidence provinciale durant la dernière semaine (carte à gauche et classement à droite). Dans la Figure 4, aucune Province n’est en noir donc aucune n’a clôturé la semaine sans infection (comme la semaine dernière).
Figure 4 Répartition géographique de la variation de l’incidence provinciale durant la dernière semaine
VACCINATION
- La Figure 5 montre l’évolution du nombre de vaccinations hebdomadaires (échelle en vert de gauche) et cumulées (échelle bleue de droite). Le nombre de nouveaux vaccinés hebdomadaires a atteint son record dépassant 1,9 millions la semaine finissant le 01/08, l’organisation existante avait déjà confirmé sa capacité à dépasser plusieurs fois le million de nouveaux vaccinés hebdomadaires. L’essoufflement de la vitesse de vaccination observée la semaine du 17/10 avait remonté pendant 2 semaines (obligation du pass vaccinal pour accéder aux lieux publics) mais est retombée depuis lors.
Figure 5 Nombre total et hebdomadaire des premières doses de vaccins inoculées (les 2èmes doses sont réservées)
- Durant la semaine finissant le 16/01, 23.009 millions d’habitants ont reçu la deuxième dose vaccinale. Si les 10,261 millions d’habitants testés étaient représentatifs de la population marocaine, elle comporterait alors 3.7 millions de personnes elles aussi partiellement immunisées par contamination. Sans doute que l’immunisation par vaccination et par contamination se superposent pour limiter « l’espace de contamination » à tel point que même la rentrée scolaire n’a pas été visible.
PREVISIONS DES DÉPISTAGES ET CONTAMINATIONS HEBDOMADAIRES
- Nos simulations montrent que le taux de positivité hebdomadaire (voir graphique et haut à gauche de la Figure 6), actuellement à 24.45%, devrait descendre à 2.97% dans quatre semaines (voir dernière colonne du Tableau 2).
Figure 6 Evolution du taux de positivité (haut gauche), des tests (haut droite) et des contaminations (bas gauche) et taux de gravité hebdomadaires
- Si les tests de dépistage évoluent au rythme indiqué sur le graphique en haut à droite de la Figure 6 et les prévisions suivent le taux de positivité indiqué sur le graphique en haut à gauche de la Figure 6, le nombre de contamination hebdomadaires, actuellement à 45’569, devrait descendre à 20’938 dans quatre semaines, comme montré dans le graphique en bas à gauche de la Figure 6.
- Le graphique en bas à droite de la Figure 6 montre la donnée la plus importante à retenir de cette dernière vague (dominance du variant « omicron« ) : la baisse spectaculaire du nombre de cas graves parmi les nouvelles contaminations.
PREVISIONS DES DÉCÈS ET GUÉRISONS HEBDOMADAIRES
- Le nombre de décès, actuellement à 65 hebdomadaires, devrait se maintenir autour de 70 dans quatre semaines, comme indiqué dans le graphique de gauche de la Figure 7.
Figure 7 Evolution du nombre hebdomadaire de décès (à gauche) et de guérisons (à droite)
- Le nombre de guérisons, actuellement à 26’290 hebdomadaires, devrait monter à 31’872 dans quatre semaines, comme indiqué dans le graphique de droite de la Figure 7.
PREVISIONS DU NOMBRE DE CAS ACTIFS ET LEUR CONSTITUTION
- A partir des simulations montrées ci-dessus (des contaminés, des guéris et des décès) se déduisent nos prévisions du nombre de cas actifs qui, actuellement à 55’982 devraient descendre à 20’938 dans quatre semaines, comme indiqué dans le graphique de gauche de la Figure 8.
Figure 8 Evolution des cas actifs en fin de semaine
Par Amin BENNOUNA, sindibad@uca.ac.ma
[1] Ministère de la Santé, Portail Officiel du Coronavirus au Maroc, Bulletins COVID quotidiens http://www.covidmaroc.ma/Pages/AccueilAR.aspx, Conférences de Presse Quotidiennes, https://web.facebook.com/ministere.sante.ma/videos/589852328286641 et Rapports quotidiens depuis l’arrêt de celles-ci http://www.covidmaroc.ma/Pages/LESINFOAR.aspx