Rappel historique synthétique de l’évolution des chiffres de COVID-19 et prévisions à quatre semaines.
Toutes les données sont quotidiennement mises à jour auprès de sites du Ministère de la Santé[1]. Même si des voix autorisées les ont accusées de ne pas refléter la réalité, ce sont les seules données dont nous disposons :
- Le tableau figurant en haut de la Figure 1 donne les chiffres de fin de semaine au 23/01/2022.
- Les deux graphiques au centre de la même Figure 1 montrent l’évolution segmentée en nombre et pourcentages des contaminés dont les décédés (noir), les rétablis (vert) et les actifs (orange).
- Les deux graphiques au bas de la même Figure 1 montrent l’évolution segmentée en nombre et pourcentages des cas actifs dont les intubés (noir), ceux sous respiration non invasive (rouge), ceux sans gravité (violet) ainsi que les autres cas graves (vert).
Figure 1 Récapitulatif hebdomadaire et graphiques d’évolution de la segmentation des testés positifs et des cas actifs
A part la létalité qui s’est réduite d’un quart, les chiffres de la maladie du COVID19 proprement dite montrés dans le Tableau 1 sont restés à peu près les mêmes pour la période dominée par le variant « alpha » que pour celle du variant « delta« . Avant même que les cas du variant « delta » n’aient encore complètement disparu, les indices de la dernière phase, dominée par le variant « omicron » sont déjà différents :
Tableau 1 Etat des testés positifs durant les trois périodes dominées par les différents variants
Au fur et à mesure que le variant « omicron » se substitue à son prédécesseur « delta« , parmi les testés positifs, le pourcentage des cas graves mais surtout celui des décédés connaît une chute appréciable.
Outre le fait qu’une très large majorité des hospitalisés pour COVID19 soient porteurs de co-morbidités, entre 75 et 90% de ceux des derniers mois ne sont pas vaccinés (ou incomplètement). Ainsi, si les personnes vaccinées représentent 2/3 de la population, elles ne représentent que 1/5 des hospitalisés. On ne connaît pas les chiffres exacts des vaccinés parmi les cas graves pour renforcer la campagne de vaccination car, si celle-ci permet de mieux combattre la maladie, avec une immunité variable d’un individu à l’autre, elle ne l’empêche pas de transmettre le virus aux personnes moins immunisées parmi lesquelles les non vaccinées.
Se vacciner, c’est d’abord se protéger soi-même dès aujourd’hui en attendant l’immunité collective de demain mais on protège les autres dès aujourd’hui avec les mesures barrière prises.
Puisque « omicron » se transmet beaucoup plus facilement que « delta« , nous avons eu une croissance du nombre de cas actifs plus rapide que celle de Aïd El Adha 2021. Avec un vaccin qui semble garder la même efficacité à protéger contre l’aggravation des cas que contre « delta« , cette nouvelle vague devrait durer moins longtemps car elle privilégierait plus que les 12 millions de non vaccinés du Maroc. Même si la capacité d’accueil des hôpitaux a été saturée en août 2021, cela s’est produit avec seulement un 1/3 de la population vaccinée. La réduction de « l’espace de contamination » par les 2/3 de vaccinés d’aujourd’hui devrait prémunir contre la saturation des 3’000 lits COVID19 du Maroc car un taux de gravité vers 1% nécessiterait d’atteindre le très improbable chiffre de 300’000 cas actifs. Même si le Tableau 1 indique un taux plus élevé, les valeurs récentes du Tableau 2 et le dernier graphique de la Figure 1 dirigent vers un taux de gravité descendra sous 1%. Limiter les contacts en bridant l’économie et l’éducation perd son sens.
ÉLÉMENTS D’APPRÉCIATION DE L’ÉVOLUTION DES DERNIERS CHIFFRES
Tableau 2 Chiffres hebdomadaires des 2 dernières semaines et prévisions à 4 semaines
Le Tableau 2 parle de lui-même et nous ne relèverons donc que deux éléments supplémentaires :
- les indices de gravité progressent nettement plus lentement que ceux de la contamination et depuis quatre semaines, la croissance du taux de positivité semble corrélée à la baisse du taux de gravité,
- depuis une semaine, le taux de progression s’est encore plus rapproché de l’unité alors que Casablanca est déjà entrée en régression, ce qui signifie que nous allons entamer la descente du nombre de nouveaux contaminés (corroboré par la baisse simultanée à Casablanca et au national dans les taux de progression montrés par les courbes rouges des graphiques de la Figure 2).
Figure 2 Evolution du taux de progression de l’épidémie au national (gauche) et à Casablanca seule (droite)
De même qu’un passage du taux de reproduction en dessous de l’unité, le rapprochement du nombre de Provinces où l’épidémie régresse du total de 75 est un bon signe. La courbe bleue du graphique de gauche de la Figure 2 montre que le nombre de Provinces où l’épidémie régresse recommence à remonter depuis le 15/01 après sa descente tendancielle qui avait été amorcée le 15 septembre.
INCIDENCE ET SA RÉPARTITION TERRITORIALE
- La Figure 3 (carte à gauche et classement à droite) montre qu’avec 30’552 cas détectés par million d’habitants au 23/01 (soit 3.0552% de la population), on trouve au Maroc tous les impacts entre celui de Casablanca, avec 8.9383% de sa population et celui de Moulay Yaacoub, la moins impactée à 0.3361%. La Région de Dakhla-Oued Ed-Dahab (6.1159%) et Casablanca-Settat (5.7081%) sont les plus impactées et la moins impactée celle de Fès-Meknès (0.9880%).
Figure 3 Répartition géographique de l’incidence provinciale
- La Figure 4 montre la répartition géographique de la variation de l’incidence provinciale durant la dernière semaine (carte à gauche et classement à droite). Dans la Figure 4, seule la Province de Aousserd est en noir et a donc clôturé la semaine sans nouvelle infection.
Figure 4 Répartition géographique de la variation de l’incidence provinciale durant la dernière semaine
VACCINATION
- La Figure 5 montre l’évolution du nombre de vaccinations hebdomadaires (échelle en vert de gauche) et cumulées (échelle bleue de droite). Le nombre de nouveaux vaccinés hebdomadaires a atteint son record dépassant 1,9 millions la semaine finissant le 01/08, l’organisation existante avait déjà confirmé sa capacité à dépasser plusieurs fois le million de nouveaux vaccinés hebdomadaires. L’essoufflement de la vitesse de vaccination observée la semaine du 17/10 avait remonté pendant 2 semaines (obligation du pass vaccinal pour accéder aux lieux publics) mais est retombée depuis lors.
Figure 5 Nombre total et hebdomadaire des premières doses de vaccins inoculées (les 2èmes doses sont réservées)
- Durant la semaine finissant le 23/01, 23.044 millions d’habitants ont reçu la deuxième dose vaccinale. Si les 10,464 millions d’habitants testés étaient représentatifs de la population marocaine, elle comporterait alors 3.7 millions de personnes elles aussi partiellement immunisées par contamination. L’immunisation par vaccination et par contamination se superposent sans doute pour limiter « l’espace de contamination » à tel point que même la rentrée scolaire n’a pas été visible.
PREVISIONS DES DÉPISTAGES ET CONTAMINATIONS HEBDOMADAIRES
- Nos simulations montrent que le taux de positivité hebdomadaire (voir graphique en haut à gauche de la Figure 6), actuellement à 24.47%, devrait descendre à 1.69% dans quatre semaines (voir aussi la dernière colonne du Tableau 2).
Figure 6 Taux de positivité (haut gauche), tests (haut droite), contaminations (bas gauche) et taux de gravité hebdomadaires
- Si les tests de dépistage évoluent au rythme indiqué sur le graphique en haut à droite de la Figure 6 et les prévisions suivent le taux de positivité indiqué sur le graphique en haut à gauche de la Figure 6, le nombre de contamination hebdomadaires, actuellement à 49’760, devrait descendre à 29’712 dans quatre semaines, comme montré dans le graphique en bas à gauche de la Figure 6. De plus, il y a des raisons de penser que vers le 20/02, la contamination sera en régression dans une très large majorité de Provinces (courbe bleue du graphique de gauche de la Figure 2).
- Le graphique en bas à droite de la Figure 6 montre la donnée la plus importante à retenir de cette dernière vague, dominée par le variant « omicron » : la baisse spectaculaire du nombre de cas graves parmi les nouvelles contaminations.
PREVISIONS DES DÉCÈS ET GUÉRISONS HEBDOMADAIRES
- Le nombre de décès, actuellement à 156 hebdomadaires, devrait monter à près de 436 dans quatre semaines, comme indiqué par la courbe bleue du graphique de gauche de la Figure 7.
Figure 7 Evolution du nombre hebdomadaire de décès (à gauche) et de guérisons (à droite)
- Le nombre de guérisons, actuellement à 37’554 hebdomadaires, devrait monter à 42’429 dans quatre semaines, comme indiqué par la courbe bleue du graphique de droite de la Figure 7.
PREVISIONS DU NOMBRE DE CAS ACTIFS
- A partir des nombres de contaminés, de guéris et de décédés prévus simulés plus haut, se déduisent les prévisions du nombre de cas actifs qui, actuellement à 68’032, devraient descendre à 29’712 dans quatre semaines, comme indiqué dans le graphique de gauche de la Figure 8. Avec un taux de gravité de 1%, il pourrait alors n’y avoir 297 cas graves à traiter dans 4 semaines au lieu de 596 aujourd’hui.
Figure 8 Evolution des cas actifs en fin de semaine
Par Amin BENNOUNA, sindibad@uca.ac.ma
Références
[1] Ministère de la Santé, Portail Officiel du Coronavirus au Maroc, Bulletins COVID quotidiens http://www.covidmaroc.ma/Pages/AccueilAR.aspx, Conférences de Presse Quotidiennes, https://web.facebook.com/ministere.sante.ma/videos/589852328286641 et Rapports quotidiens depuis l’arrêt de celles-ci http://www.covidmaroc.ma/Pages/LESINFOAR.aspx