L’alerte donnée par l’Agence espagnole pour la sécurité alimentaire et la nutrition (AESAN) sur la contamination d’un produit probablement commercialisé au Maroc aurait mis en alerte les autorités concernées. Toutefois, le caractère illégal d’introduction sur le territoire national des produits de contrebande complique la tâche aux services de l’ONSSA.
Plusieurs médias nationaux ont relayé l’alerte sanitaire donnée par l’Agence espagnole pour la sécurité alimentaire et la nutrition (AESAN) en date du vendredi 30 août après l’intoxication de 4 personnes en Espagne ayant consommé une salade russe à base de thon infecté de la marque « DIA ».
Une information à prendre au sérieux par les autorités et le consommateur marocain puisque ledit produit pourrait se retrouver sur les rayons de certains commerces notamment ceux qui vendent des produits de contrebande en provenance de Ceuta et Melilla.
Certes l’AESAN a précisé que le lot en question (n° 19/154 023 02587 de thon à l’huile de 900 grammes) qui a été rappelé par le fabriquant (Frinsa del Noroeste) n’a pas été commercialisé dans ces deux villes.
Nonobstant, le risque de la vente dudit produit au Maroc n’est pas totalement écarté surtout que les produits de contrebande envahissent le marché national. Des produits qui échappent à tout contrôle et qui mettent la vie des Marocains en danger.
La question est de savoir : Pourquoi jusqu’à présent l’ONSSA (homologue de l’AESAN au Maroc) n’a toujours pas réagi à cette alerte ? N’est-elle pas censée émettre un communiqué pour alerter la population et d’effectuer les contrôles nécessaires pour éviter tout risque de contamination ?
D’après une source proche du dossier, le caractère illégal d’introduction sur le territoire national de cette marchandise entrave le rôle de contrôle de l’ONSSA. En d’autres termes, l’Office ne peut déclencher l’opération de rappel d’un produit que s’il dispose d’une traçabilité de son importation. Le produit doit être commercialisé dans un circuit légal avec une traçabilité de sa provenance.
Les prérogatives de contrôle de l’ONSSA, comme précisé dans la loi n°25-08 portant création de l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires, se limitent aux produits commercialisés dans le circuit formel.
Nous avons toutefois appris d’une source proche du dossier, qu’une commission, constituée d’agents de l’ONSSA mais aussi des autorités locales, effectue actuellement des contrôles au niveau des points de vente et des restaurants situés dans les villes du Nord. Elle nous a confirmé que jusqu’à présent aucune boîte de ce produit n’a été retrouvée.
L’ONSSA attendrait les conclusions de ces opérations de contrôle pour communiquer sur cette question.
En attendant, cette affaire remet sur la table la question de la vente des produits de contrebande qui met en danger la vie des Marocains. A qui incombe la responsabilité ?
La responsabilité serait partagée entre les services qui contrôlent les frontières et le consommateur lui-même qui, malgré le danger que représentent ces produits qui non seulement ne respectent ni la chaîne de froid ni les conditions de transport et dont la date de péremption est trafiquée, continue d’en acheter.
Un tour dans les marchés et souks dans le Nord mais également de plus en plus dans les grandes villes du Royaume témoigne de la gravité de ce fléau dont les conséquences sur la sécurité alimentaire des Marocains ne sont pas à négliger. En effet, les produits alimentaires de contrebande échappent à tout contrôle sanitaire. Il n’y a toujours pas de chiffres pour mesurer l’ampleur de ce trafic. Sans parler du manque à gagner pour les caisses de l’Etat.
On attend toujours les conclusions de l’étude lancée, il y a un an, par l’Agence régionale d’exécution des projets de la région Tanger-Tetouan-Al Hoceima (ARTTA) relative à l’élaboration d’une stratégie de lutte contre le phénomène de la contrebande au passage Bab Sebta.
Cela dit, faut-il attendre un drame pour que les autorités réagissent ? A bon entendeur !