Dans une lettre ouverte, le bureau National de l’Alliance Marocaine pour le Climat et le Développement Durable (AMCDD) interpelle le futur Chef de gouvernement et l’appelle à la mise en place d’un Ministère de la transition climatique et écologique dédié à l’environnement, au Changement Climatique et le au Développement Durable et à l’appui aux collectivités territoriales dans la nouvelle architecture du Gouvernement.
» Nous vous informons que face aux menaces environnementales et climatiques et de durabilité du modèle économique du Maroc, et en application des dispositions de notre Constitution relatives à la Démocratie Participative, l’AMCDD a été très active, ces dix dernières années, sur la scène nationale et internationale, en matière de contribution à la conception, le au suivi de la mise en œuvre et l’évaluation de l’efficacité et de l’impact des politiques environnementales et climatiques du Maroc. Elle a notamment répondu favorablement et avec des propositions concrètes, chaque fois que les Pouvoirs Publics l’ont sollicité », précise le Bureau National de l’Alliance Marocaine pour le Climat et le Développement Durable (AMCDD).
Le Bureau a rappelé les nombreuses initiatives de l’AMCDD en termes d’études, de formations, de sensibilisations et de plaidoyers, avec à chaque fois des communiqués adressés aux parlementaires, aux départements ministériels, à toutes les parties prenantes publiques et privés, et à la presse pour partager ses expériences et pour exprimer ses positions.
Parmi ces nombreuses actions, des propositions concrètes pour rendre les Lois de Finances plus « climato-sensibles » ainsi que l’élaboration et la publication d’un « Livre blanc » de plaidoyer de la société civile environnementale nationale pour l’alignement des politiques publiques et du plan de relance post-COVID-19 du Maroc avec les objectifs de l’Accord de Paris et les exigences de développement durable et résilient à l’aune de la mise en œuvre des orientations du Nouveau Modèle de Développement (NMD).
Il s’agit, à travers ces initiatives nationales, d’une alerte et d’un appel pressant aux pouvoirs publics pour prendre leurs responsabilités vis-à-vis du droit de la génération actuelle et des générations futures à un avenir durable, résilient et inclusif
» Par la présente lettre, l’AMCDD, plateforme nationale de référence de plaidoyer pour le Climat et le développement durable, regroupant la majorité des réseaux et associations environnementales du pays, souhaite vous exprimer ses craintes et ses attentes du nouveau Gouvernement que vous allez constituer et des différentes instances élues où la majorité gouvernementale est influente », déplore l’AMCDD.
L’Alliance dit être alertée par :
– les conclusions des derniers rapports sur les pressions exercées sur les ressources vitales, comme l’eau, la biodiversité terrestre et marine, les sols …impactant une grande partie de la population marocaine vulnérable, dont les effets sont accentués les changements climatiques, et qui vont connaitre davantage d’aggravations, selon les projections des derniers rapports du CESE, de la Cour des Comptes, de la BM, du GIEC et du WG, et ce dans un modèle économique et de développement injuste que le Maroc veut dépasser.
– le retard dans la mise en œuvre de l’Agenda 2030, la NDC, la transition énergétique, la stratégie nationale de l’eau …les bons mécanismes de gouvernance, la démocratie participative, et l’accès à l’information.
– soucieuse du plan de relance post Covid proposé, ayant a opté pour des solutions purement économiques et à caractère plus libéral, alors qu’il était plus judicieux et opportun de promouvoir les progrès multidimensionnels du pays par le choix d’une relance intégrée économique, sociale et écologique.
– préoccupée par l’émergence d’une nouvelle décennie caractérisée par des transitions et mutations mondiales profondes, simultanées et accélérées par les plans de relance Post Covid imposant au pays de consolider dans la continuité de ses relations avec ses partenaires européens d’une part, et de la mise en place la base de nouvelles règles de coopération avec les Etats Unis et le Royaume Uni. D’autre part, et par conséquent de saisir les nouvelles opportunités par le Maroc, en matière de transition numérique, transition énergétique, transition écologique et climatique basées sur une adaptation efficace avec le climat, ainsi que la transition des marchés financiers vers la voie de la durabilité et de la neutralité carbone. Aussi, la transition vers l’intégration des normes d’empreinte carbone et environnementale dans les règles du commerce mondial et la relocalisation des chaines de valeur mondiales et la diversification du sourcing des chaines d’approvisionnement, la transition vers des villes durables intelligentes et résilientes et une mobilité électrique.
– Consciente du leadership du Maroc en matière de changement climatique, de son ambition économique, climatique et sociale, nécessitant consolidation des acquis et avancées majeurs de sa politique pour faire face au changement climatique sur la base des grandes réformes institutionnelles, engagées durant les dix dernières années.
– Impatiente à l’urgence d’amorcer des inflexions stratégiques simultanées à court terme durant le mandat politique 2021-2026.
– Attachée à la mise en place d’un « Pacte national productif, social, écologique, neutre en carbone, résilient et démocratique », contractualisé entre les différentes composantes et les forces vives de la nation, comme clé de succès de l’alignement du NMD du Maroc avec les exigences de l’Accord de Paris et les 17 ODD de l’Agenda 2030.
» Tenant compte de l’ensemble de ces considérations citées ci-haut, l’AMCDD a l’honneur de vous faire part en votre qualité de nouveau Chef du Gouvernement, appelé à mettre à exécution les orientations du NMD, au respect des engagements de notre pays envers la communauté internationale, que ça soit en termes de sa Contribution Déterminée au niveau National NDC, ou encore pour honorer ses engagements en matière de réalisation des ODD, des sollicitations « , précise le bureau de l’AMCDD.
Référence faite à :
– Tenir compte dans les actions du Gouvernement relatives à l’environnement, au changement climatique et le au développement durable, des 12 recommandations stratégiques les plus pertinentes de l’AMCDD, documentées dans le « Livre blanc » de plaidoyer de la société civile environnementale nationale pour l’alignement des politiques publiques et du plan de relance post-COVID-19 du Maroc avec les objectifs de l’Accord de Paris et les exigences de développement durable et résilient à l’aune de la mise en œuvre des orientations du Nouveau Modèle de Développement (NMD).
– Veiller à hausser le positionnement politique et institutionnel du Département de l’Environnement et du Climat au sein de l’architecture du Gouvernement tout en élargissant ses prérogatives de coordination, d’appui et de monitoring transverse de la politique climatique du Maroc, et surtout éviter la fusion dans un autre Ministère, ce qui mettra ses missions en conflit avec la gestion de secteurs qualifiés par leur champs d’actions de pollueurs et de consommateurs de ressources (énergie, mines, équipement, industrie, agriculture, etc… ) et sera en contradiction avec le principe universellement admis de séparer les missions de préservation et de protection de celles de l’exploitation des ressources de l’environnement. A cet effet, l’AMCCD propose de créer un nouveau ministère de la transition écologique et d’appui aux collectivités territoriales, regroupant l’ancien Département de l’environnement et de la Direction générale des collectivités territoriales, en lui confiant la charge de la mise en œuvre de l’Axe n° 4 du NMD, à savoir l’appui des collectivités territoriales dans le processus de décentralisation et de la transition climatique et environnementale territoriale durable résiliente et inclusive.
– Procéder à une évaluation stratégique de la mise en œuvre des orientations stratégiques de la loi cadre n° 99.12, et à la révision et la mise à jour des engagements contractuels des parties prenantes en fonction des exigences des nouvelles donnes nationales et des agendas mondiaux.
– Doter notre pays d’une Agence Nationale de l’Environnement et du Climat (ANEC) dépendant dudit Ministère comme instrument opérationnel de la mise en œuvre de la politique environnementale et climatique, de surveillance et de contrôle de l’état de l’environnement et d’accompagnement technique des parties prenantes (départements ministériels, collectivités territoriales, secteur privé et société civile), en vue de conjuguer et fédérer les efforts pour asseoir la transition écologique du pays.