Ecrit par Lamiae Boumahrou |
Dans son avis n°2/A/2021 du 6 septembre 2021 concernant la réglementation des prix des Tests de dépistage du Covid-19, le Conseil de la Concurrence s’est également prononcé sur la décision du ministre de la santé de limiter le dépistage aux laboratoires, médecins et cliniques privées. Le Conseil appelle à l’élargissement des options possibles notamment les autotests.
Dans un contexte toujours marqué par une situation épidémiologique inquiétante, l’accès au test PCR à des prix accessibles pour diagnostiquer les cas positifs est de plus en plus vital. C’est la raison pour laquelle le ministère des Finances a récemment activé l’article 4 de la loi 104-12 sur la liberté des prix et de la concurrence pour mettre de l’ordre et mettre fin à l’anarchie des prix.
Une décision qui intervient après celle du ministère de la Santé en date du 23 août qui mettait fin à la polémique de la vente des tests rapides au niveau des pharmacies en retirant le certificat d’enregistrement des tests salivaires du Laboratoire Gigalab. Une décision d’ailleurs très contestée qui selon bon nombre de professionnels n’est qu’une façon de calmer la grogne des biologistes.
Le Conseil de la concurrence, dans son dernier avis relatif à la réglementation des prix des tests de dépistage du Covid-19, s’est également prononcé sur le sujet. Il précise que la décision de limiter la possibilité de réaliser les tests antigéniques que par les laboratoires privés de biologie médicale, ainsi que les cliniques privées et les cabinets médicaux est contraire à ce qui est adopté dans d’autres pays.
« Ceci aura pour conséquence de limiter l’accès à ces tests en raison du surcoût induit par les honoraires facturés par les cliniques privées ou des médecins traitants en sus des prix des tests. De même et d’après les auditions réalisées, il a été relevé que la décision précitée exclue le recours aux autotests de cette ouverture », lit-on dans ledit avis.
En effet, en plus du coût du test le malade doit également supporter les frais d’une consultation chez le médecin (minimum 200DH) ou dans une clinique (minimum 600 DH). La facture peut facilement grimper alors que le prix du test rapide en pharmacie ne passerait pas les 150 DH.
Comme précisé par le Conseil, même si les prix des tests RT-PCR vont diminuer après la réglementation des prix, ils ne seront toujours pas à la portée d’une large catégorie de citoyens et de familles.
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D’autant plus, dans plusieurs pays les autotests sont un moyen important et peu couteux dans le dépistage collectif au sein des établissements scolaires ou les entreprises ou encore dans le cas d’usage personnel permettant aux personnes à faible revenu de détecter de manière précoce l’atteinte du virus afin d’éviter sa propagation.
Référence faite à des pays comme l’Allemagne, l’Angleterre, l’Autriche et la France et la Suisse où le cercle des professionnels de la santé autorisé à réaliser ces tests a été élargi notamment aux pharmaciens.
« Le Conseil recommande d’étudier sérieusement la possibilité d’élargir l’éventail des options possibles afin d’effectuer les tests rapides en permettant à tous les professionnels de santé de réaliser les tests antigéniques ; en facilitant l’accès des citoyens aux autotests en guise de prévention et de limitation de la propagation du virus, tout en prenant les dispositions nécessaires pour assurer leur bon usage », recommande le Conseil.
Aujourd’hui, il faudra attendre de voir si le prochain ministre de la Santé suivra-t-il les recommandations du Conseil ou sera-t-il à nouveau sous l’emprise des lobbies. A suivre !