CDG Capital a rendu public un rapport qui retrace l’évolution du secteur bancaire, au cours des dernières années, en Afrique. les filiales marocaines dans les PIBMA restent sous-capitalisées comparativement à leurs pairs, affichant un ratio FP/Total Actif de seulement 7,1% (2017).
En effet, des changements importants ont caractérisé l’offre dans la mesure où plusieurs groupes européens ont réduit leur exposition africaine, à l’instar du groupe français BNP Paribas qui s’est désengagé de ses filiales au Niger, au Togo, en Mauritanie, à Madagascar et en Egypte.
La conjugaison de plusieurs éléments tels que le repli de certains groupes étrangers, la création de marchés régionaux et l’amélioration de la réglementation ont favorisé l’apparition de groupes bancaires panafricains de dimension régionale. A fin 2017, le paysage des PIBMA (Pays d’Implantation des Banques Marocaines en Afrique) est dominé par 7 groupes bancaires panafricains qui contrôlent environ 34% de part de marché (total bilan). Ecobank (Togo 14% de part de marché) ; NSIA (Côte d’Ivoire, 5,5%) et Coris (Burkina, 5,3%).
Dans une configuration pareille, on assiste à un développement significatif des banques marocaines dans la région, à travers notamment l’acquisition des parts de groupes internationaux dans plusieurs banques africaines. « En 2018, les banques marocaines sont présentes dans une vingtaine de pays d’Afrique, couvrant l’ensemble de la région subsaharienne, avec une part de marché de 27,8%, dans la région de l’UEMOA », explique-t-on dans le rapport de CDG Capital.
Au fil des dix dernières années, la concurrence bancaire se fait de plus en plus féroce. Il ressort ainsi que l’indice HHI mesurant la concentration du marché est passé en moyenne de 1855 en 2003 à 1171 en 2017.
A noter également que le mobile money se veut un élément important du paysage bancaire en Afrique subsaharienne. Plus de la moitié des transactions liées aux services du mobile money au monde sont situées dans cette région.
« Le continent africain est considéré comme particulièrement fertile pour l’innovation technologique en raison de ses caractéristiques. Tout d’abord, les deux tiers de la population africaine restent non bancarisés, ce qui crée des opportunités pour servir cette population différemment des opérateurs bancaires », expliquent les rédacteurs de CDG Capital. Et d’ajouter : « De plus, le manque d’infrastructure du continent fait qu’il est difficile pour les banques en place de servir les clients non bancarisés avec des produits et des canaux traditionnels. Enfin, l’adoption rapide des téléphones mobiles (un taux de pénétration estimé en moyenne à 103,3%) favorise également la montée en puissance des solutions Fintech ».
En vue de tirer profit de cet important gisement, de nombreuses banques ont investi massivement dans les services bancaires en ligne et les systèmes de mobile money. Ce qui a permis d’atteindre efficacement un plus grand nombre de clients.
Toutefois, cela n’empêche pas de dire que la profondeur du secteur financier, mesurée à travers l’encours des crédits destiné au secteur privé en pourcentage du PIB, est faible. A fin 2017, ce ratio ressort en moyenne pour les PIBMA à 27,3% contre 70,2% au Maroc.
L’analyse de la marge d’intérêt, bien qu’elle ait progressé sur la dernière décennie de 8,1% par an, est soutenue essentiellement par les crédits de trésorerie.
Notons par ailleurs, que la croissance de la marge d’intérêt provient essentiellement d’un effet volume plutôt que d’un effet prix. Ainsi, sur la dernière décennie, les crédits ont enregistré un TCAM de 13,5% alors que le taux moyen débiteur a baissé de 1,62 point.
Quid des banques marocaines ?
En dépit du renforcement en fonds propres, les filiales marocaines dans les PIBMA restent sous-capitalisées comparativement à leurs pairs, affichant un ratio FP/ Total Actif de seulement 7,1% (2017) contre 9,4% pour les banques occidentales et 8,3% pour l’ensemble des banques PIBMA.
Une sous-capitalisation provenant essentiellement des filiales de BCP, qui affiche un ratio de 4,7% contre 7,8% pour BMCE et 8,8% pour Attijari.
« Il est certain que les banques marocaines devraient renforcer davantage leurs fonds propres et se préparer le plus vite possible pour faire face aux nouvelles contraintes réglementaires et pour continuer à soutenir leur plan de développement », annoncent les rédacteurs du rapport.
En cas de retournement de tendances, ce sont les banques les mieux capitalisées qui seront les mieux armées pour continuer leur activité et bénéficieront de la capacité future à créer de la valeur.