C’est peu que de dire que depuis sa nomination par le Roi Mohammed VI, il y a un peu plus d’un an, le Gouvernement de Saad Eddine El Othmani, rencontre de sérieuses difficultés à bien tenir le gouvernail du Royaume.
Déjà à son arrivée au pouvoir le 5 avril 2017, et avec six mois de retard en raison du « blocage politique », ce gouvernement entamait son mandat du pied gauche. En effet, il a battu le record des crises sociales en moins d’un an : à commencer par le Hirak dans le Rif en passant pour les protestations de Jerada jusqu’au boycott commercial aux soubassements politiques.
La tension ne faiblit pas et l’enchaînement des évènements a fait fédérer une large frange de la population, déboutée et dégoûtée. Une population qui cherche par tous les prétextes et par tous les moyens à punir et sévèrement la classe politique, de plus en plus décrédibilisée.
Faut-il rappeler que pour les dernières échéances, datant d’octobre 2016, le taux de participation n’a pas franchi le cap de 45% … des personnes inscrites sur les listes électorales. C’est dire que cette classe politique évolue en vase clos en déconnexion avec le peuple ! Et malgré tous les signaux qu’ émet la société, ces leaders ne semblent pas capter l’effet gravissime de la situation.
En effet, certains Marocains trouvent plus utile de balancer des vidéos sur les réseaux sociaux et de faire appel à la solidarité de leurs concitoyens que d’avoir une vie partisane et agir au sein des formations politiques, qu’elles soient de la majorité ou de l’opposition. Du pareil au même !
Aujourd’hui, la classe politique avec ses partis et ses députés, n’arrive plus à encadrer la population, plus que jamais avide de liberté d’expression et de justice sociale. Les réponses en deçà des attentes du peuple sanctionnent en réalité toute la sphère politique qu’il devient difficile de renouer la confiance et le dialogue, surtout avec une jeunesse qui a des ambitions plus importantes que les nôtres. Une jeunesse que personne n’écoutait provoquant ainsi une véritable frustration et rancœur vis-à-vis de la classe dirigeante.
Dans un pays comme la Jordanie, le gouvernement n’ayant pas parvenu à éteindre les feux de la colère sociale, a dû présenter sa démission ce lundi au Roi Abdallah II.
Au Maroc, malgré le blocage politique post législatives, tout le monde avait exclu la possibilité d’élections anticipées pour se retrouver là aujourd’hui avec toutes les conséquences qu’on connaît. Comment faire devant l’impasse ? Présenter sa démission ou s’obstiner à trouver la formule magique qui réconciliera le Marocain avec la politique au risque d’aggraver davantage la situation ?
Une chose est sûre, la situation est intenable… il faut agir et vite.