Accorder une importance aussi cruciale à la problématique des délais de paiement est une bonne chose. Lui dédier un Observatoire qui désormais va s’occuper de rédiger un rapport sur les retardataires en est une autre. Mais cristalliser toute l’opinion publique et faire de l’allongement des délais de paiement une problématique nationale, c’est un peu exagéré. S’agit-il du seul problème qui prend en otage le développement économique ? S’agit-il du seul facteur de blocage à l’émergence ? Bien sûr que non. La situation est plus complexe et plus inquiétante. Le Maroc souffre de plusieurs maux qui vont de la dépendance de son agriculture aux aléas climatiques, de son industrie peu créatrice de valeur ajoutée, de son offre exportable peu compétitive, d’un vrai marasme économique… Comme l’a signalé le patron des patrons, Salaheddine Mezouar à l’occasion de la rencontre tenue, il y a deux jours, justement sur le lancement de l’Observatoire de délais de paiement, l’heure est grave. Et comme l’a insinué le Haut commissaire au plan, à l’occasion de la présentation du Budget exploratoire 2019 : « sans planification stratégique, le Maroc irait droit au mur ». C’est dire que réunir l’actuel ministre des finances avec un ex-ministre des finances pour se pencher sur comment résoudre la problématique des délais de paiement et faire fi de tous les maux, ô combien nombreux, qui gangrènent notre économie, n’aboutirait nulle part.
Nous aurons beau créer un observatoire, instaurer des lois, imposer des pénalités, si l’entreprise est dans l’incapacité de payer, elle ne le ferait pas. La défaillance des entreprises au Maroc est une équation à multiples variables et les coefficients de pondérations sont différents. La problématique de la trésorerie des entreprises en est une conséquence.
Donc réfléchissons ensemble à aider l’économie marocaine à se dépêtrer de sa léthargie.