Ecrit par Lamiae Boumahrou |
La hausse des prix a mis sous pression le gouvernement qui fait face à sa première crise sociale. Une crise précoce qui menace de plus en plus la paix sociale. Alors pour désamorcer la bombe, Aziz Akhannouch prend les choses en main en s’asseyant à la table des négociations du dialogue social d’une part et en rouvrant les stades d’autre part. Mais quelle relation ? Est-ce un pur hasard ?
A seulement 5 mois de son élection, le gouvernement de Aziz Akhannouch fait face à sa première crise sociale. Une crise provoquée par une hausse alarmante des prix qui pèse sur les ménages. C’est en effet, la goutte d’eau qui fait déborder le vase après des mois de crise sanitaire et économique.
Certes la crise sanitaire, les tensions géopolitiques, la flambée des matières premières…, en sont les causes de cette hausse. Mais la population la plus impactée et la plus fragilisée par cette crise économique ne voit pas les choses du même œil. Pour elle, le gouvernement est bel et bien le principal responsable. Surtout après les promesses et les engagements électoraux du gouvernement de garantir aux Marocains un avenir radieux.
Valeur aujourd’hui, ces promesses ne sont toujours pas papables sur le terrain. Ce qui est tout à fait normal. Le gouvernement ne dispose pas d’une baguette magique pour changer le Maroc en quelques mois. Cependant, et c’est là où le bât blesse, le gouvernement n’a pas marqué son début de mandat par des signaux forts qui devraient témoigner de la réelle volonté de l’Exécutif d’opérer le changement tant attendu.
En effet, certaines politiques publiques, la rente, la corruption, la multiplication des intermédiaires, le monopole, les conflits d’intérêts…, sont autant de dysfonctionnements dont souffre notre économie et qui sont en grande partie responsables de la cherté du niveau de vie en plus de la conjoncture internationale.
Une flambée qui a suscité la grogne des Marocains qui étaient nombreux à exprimer leur indignation dans les rues mais aussi sur les réseaux sociaux avec le lancement du hashtag « #Akhannouch_irhal ». Ayant déjà fait les frais d’une campagne de boycott de plusieurs enseignes dont la sienne (Afriquia) en 2018, le Chef du gouvernement sait qu’il faut réagir et vite pour stopper l’hémorragie avant que la situation ne dégénère et devienne incontrôlable. La politique de l’autruche ne marche plus et risque de lui couter chère.
C’est pourquoi et afin d’éviter de faire exploser cette bombe à retardement, Aziz Akhannouch s’est empressé de rouvrir le dialogue social. Ainsi le gouvernement a conclu dans un premier temps un accord avec les syndicats représentant du secteur de la santé.
Ensuite, il a enchainé avec la tenue du premier round du dialogue social avec les centrales syndicales les plus représentatives ainsi que le patronat (CGEM). Un premier round qui s’est soldé par la décision de créer une haute commission présidée par le chef du gouvernement pour une meilleure structuration du dialogue social. A travers cette démarche, le Chef du gouvernement tente de calmer les esprits de la classe laborieuse du secteur privé et éviter ainsi de menacer la paix sociale.
Quant au secteur public qui bouillonne depuis l’annonce de la décision de l’administration de sanctionner les fonctionnaires non vaccinés, le gouvernement a dû faire marche arrière. Un rétropédalage que le ministère de l’administration publique justifie par l’adhésion positive des fonctionnaires des services à se conformer aux dispositions édictées notamment le parachèvement du schéma vaccinal. Sauf qu’en réalité cette rétraction intervient après le bras de fer des syndicales les plus représentatives qui ont également menacé la paix sociale dans l’administration publique.
La riposte du Chef du gouvernement à cette tension sociale ne s’est pas limitée à ça. En effet, après le dialogue social, le gouvernement a pris la décision de rouvrir les stades. Une décision qui interpelle à plusieurs titres notamment dans le contexte actuel.
En effet, il y a à peine quelques jours, Aziz Akhannouch sommait les chefs d’entreprise et les administrations publiques à exiger la vaccination sous menace d’interdire l’accès des travailleurs à leur lieu de travail. Aussi, l’accès des citoyens aux établissements publics a été conditionné par la présentation d’un pass vaccinal valide.
Du jour au lendemain, le gouvernement autorise le retour du public aux stades après 2 ans d’interdiction. Il autorise le regroupement de milliers de supporters au niveau des stades sans conditions (sans obligation du pass vaccinal ni limite de supporters). Ce qui est paradoxal aux orientations du gouvernement d’il y a à peine quelques jours.
Le Chef du gouvernement cherche-t-il à apaiser la tension de la rue en occupant une frange de la population par le foot ? Une question légitime face à des décisions contradictoires qui ne règlent pas le fond du problème. Aucune mesure n’a été prise pour soulager les ménages jusqu’à présent.
Reste à voir jusqu’à quand cette stratégie adoptée par Aziz Akhannouch et son équipe pour faire face à leur première crise sociale ? Maintiendra-t-elle cette bombe sociale qui risque d’exploser ?