Les dessous d’une polémique autour du boycott des étudiants en médecine du secteur public. Les Universités privées sont en réalité des établissements créés par Dahir.
Les étudiants des facultés de médecine ont fini par boycotter les examens au risque de redoubler l’année comme annoncé par les deux ministères de l’Enseignement supérieur et de la Santé. Said Amzazi était on ne peut plus clair lors d’une rencontre avec les médias « pas d’année blanche pour les étudiants en médecine ». Une décision qui n’a pas dissuadé les étudiants qui ont poursuivi leur mouvement de contestation en privilégiant la rue aux bancs de classe.
Si certains approuvent cette décision, d’autres en revanche la jugent de rocambolesque d’autant plus que les deux ministères de tutelle ont répondu à 90% du dossier revendicatif des étudiants. En attendant de voir ce que le ministère va décider de faire, il est important de comprendre réellement ce qui se passe.
En réalité, ce que revendiquent les étudiants, en plus de l’amélioration des conditions d’étude et stage (droits légitimes), c’est le fait que les étudiants du secteur privé qui bénéficient des stages au sein des CHU, aient le droit d’accéder au concours d’internat et de résidanat et puissent par la suite accéder à la fonction publique. Un acharnement que les étudiants des universités dites privées ne comprennent pas pour plusieurs raisons.
Dans une lettre citoyenne, le bureau de l’Association des parents des étudiants de l’UM6SS sort de son silence pour tirer les choses au clair et démystifier certaines informations injustes qui risquent d’embrouiller l’opinion publique.
Le premier point objet d’éclairage concerne le statut même de des établissements objet de discorde notamment l’Université internationale Abulcasi des sciences de la santé (UIASS) et l’Université Mohammed VI des Sciences de la Santé. A noter que cette dernière, œuvre de la Fondation Cheikh Khalifa, institution d’utilité publique à but non lucratif, a été créée par Dahir sous la présidence d’honneur de Sa Majesté Le Roi.
Rappelons que la Fondation Cheikh Khalifa Ibn Zaid a été créée par Dahir n° 1-07-103 du 24 juillet 2007 portant promulgation de la loi n°12-07 et publiée au bulletin officiel n°5548 du 2 Août 2007.
D’ailleurs le Conseil d’administration des Fondations Cheikh Zaid et Cheikh Khalifa est constitué principalement de responsables étatiques marocains notamment le ministre de la Santé, le Wali et le Maire de Casablanca, le président national et régional de l’Ordre des médecins, le recteur de la faculté…
Ce dernier, précisons-le, est d’ailleurs celui qui signe les diplômes des lauréats étant donné que l’Université Mohammed VI des Sciences de la Santé jouit du statut d’université partenaire de l’Etat qui délivre des diplômes nationaux reconnus par l’État et bénéficie notamment du système d’encadrement et de formation de l’écosystème hospitalier national.
Même les dirigeants de l’établissement sont nommés directement par Sa Majesté Le Roi par Dahir et l’Université est liée par un Contrat de partenariat avec l’Etat.
« Attirer l’attention que ce type d’opposition « idéologique » défendu par les étudiants des facultés de médecine relevant de l’Etat est, à notre avis, stérile et vise uniquement à stigmatiser une catégorie de marocains qui ont les mêmes droits qu’eux d’une part et à monter une catégorie de marocains contre une autre catégorie de marocains d’autre part », lit-on dans ladite lettre.
Le ministre de la Santé avait rejeté ces discriminations entre les étudiants des facultés publiques et ceux des universités dites privées qui sont à l’encontre de la Constitution qui prévaut l’égal accès de tous les marocain(e)s aux fonctions publiques.
Outre ce qui précède, le secteur de la Santé connaît un déficit important en termes des ressources humaines. Ce qui va à l’encontre des revendications des étudiants du public. Certes, il faut rendre à César ce qui est à César dans la mesure où l’Etat doit assumer ses responsabilités par l’élargissement des places d’accès à la spécialité, par l’ouverture de nouveaux postes budgétaires, par l’amélioration des conditions de travail des médecins internes au niveau des CHU…
Mais cela n’empêche que le besoin est important pour répondre aux besoins de plus en plus pressants de la population marocaine.
Autre point soulevé par l’Association et pas des moindres, les médecins généralistes et spécialistes lauréats du secteur publics sont bel et bien recrutés par les hôpitaux privés notamment Cheikh Khalifa. Une inégalité des chances que les étudiants du privé contestent.
Mieux encore, pour financer le projet afférent à l’hôpital universitaire international Mohammed VI à Bouskoura qui ouvrira à l’occasion de l’année universitaire 2019/2020, la Fondation Cheikh Khalifa a contracté un crédit bancaire que l’Etat a garanti conformément à l’arrêté n°2-19-316 du 29 Avril 2019.