L’étude relative au capital immatériel demandée par SM le Roi au CESE et à la Banque mondiale regorge d’enseignements pour l’économie marocaine.
L’épargne nette ajustée (ENA) est en moyenne de 17%. Elle est passée de 24% en 1999 à 14% en 2013. Elle est positive mais s’est inscrite sur un trend baissier.
Il ressort que le modèle de développement économique est durable mais pas soutenable.
Abdellah Mouttaqi, Secrétaire général de l’ONHYM et membre du CESE détaille les leviers à activer pour rendre le modèle de développement économique soutenable.
Ecoactu : Au mois de novembre 2017, le CESE en collaboration avec la Banque centrale ont rendu publique l’étude commanditée par le Souverain à l‘occasion de la fête du Trône de 2014. Quels sont les principaux résultats de l’étude ? Comment le capital immatériel, une notion abstraite et difficile à quantifier pourrait être un levier de développement économique ?
Abdellah Mouttaqi : La question du capital immatériel a été utilisée par la Banque mondiale dans son étude sur la richesse globale des nations. C’est de là qu’est née l’idée de l’étude qui a été demandée par SM le Roi que Dieu l’assiste au Conseil économique social et environnemental (CESE), à la Banque centrale avec la participation d’autres institutions nationales et internationales. Le PIB tel qu’il est calculé aujourd’hui ne mesure pas l’impact des modèles économiques sur l’environnement, ne permet pas de mesurer le bien-être des populations sachant qu’actuellement c’est une question prioritaire. Il s’avère donc nécessaire de chercher d’autres indicateurs qui permettent de mesurer ce bien être. D’où le rôle que peut jouer le capital immatériel. La richesse globale du pays est constituée par quatre types de capitaux : d’abord, il y a le capital produit qui regroupe l’ensemble des machines, l’infrastructure, le foncier urbain, les équipements de l’entreprise. Le deuxième capital naturel est composé de ressources minières, pétrolières, énergétiques, des aires protégées, de foncier agricole et puis des terres pastorales. Le troisième type est relatif aux avoirs nets extérieurs. Et le quatrième type est le capital immatériel (objet de votre question) qui se compose de capital humain, institutionnel et culturel.
La mesure du capital immatériel se base sur la notion de stock ou de résidu. On considère la consommation actuelle projetée sur 25 ans et on prend les trois types de capitaux qui sont mesurables et quantifiables. Le reste est relatif au capital immatériel.
Les résultats de la présente étude peuvent se résumer en trois points : d’abord la richesse globale du pays a été multipliée par deux au courant de cette période. Elle est passée de 6.000 milliards de DH en 1999 à 12.000 milliards en 2013. Le capital immatériel constitue en moyenne 72% de cette richesse globale. Cette composition rappelle l’architecture d’un certain nombre de pays développés ou émergents. Le deuxième constat c’est que l’aboutissement à ce résultat est suite logique des réalisations qui ont été faites comme la réduction du taux de pauvreté, le développement des infrastructures…
Toutefois, il y a des points sur lesquels nous devons nous arrêter. Lorsque nous travaillons sur des indicateurs de durabilité, le plus important n’est pas d’analyser le chiffre à l’instant T, mais de suivre son évolution sur une trajectoire.
On prend l’exemple de l’épargne nette ajustée qui mesure la durabilité d’un modèle économique, il s’agit de l’épargne globale de l’Etat augmentée de l’investissement dans l’éducation mais diminuée par l’impact négatif sur l’environnement. Donc lorsque nous avons une épargne nette positive, cela veut dire que le développement est durable. Pour le Maroc, l’épargne nette ajustée est en moyenne de 17%. Elle est passée de 24% en 1999 à 14% en 2013. Ce qui veut dire que nous avons un modèle de développement économique durable mais pas soutenable s’il n’y a pas des mesures entreprises pour y remédier.
Quelles sont donc ces mesures ?
En effet, l’action doit être faite sur trois points. Il s’agit d’ailleurs du troisième point de l’étude.
Le premier est relatif à la problématique de l’eau parce qu’il y a une surexploitation des eaux souterraines dans les nappes phréatiques et ce dans un contexte marqué par le changement climatique. 1 milliard de m3 est exploité. La situation du Maroc vis-à-vis de l’eau appelle à plus de vigilance et à une forte mobilisation des acteurs concernés.
Le deuxième point est relatif à la biodiversité. Au cours de la décennie actuelle, 1.250 espèces sont inscrites dans la liste rouge de l’Union de la conservation de la biodiversité. D’où l’importance de mener d’importantes actions.
Le troisième point est relatif à l’impact sur les sols et les terres pastorales et agricoles.
Comment peut-on concilier entre le capital matériel et immatériel pour aboutir à un modèle de développement économique qui permet une répartition équitable des richesses ?
Pour répondre à cette question, il faut revenir à la définition du capital humain. Tel qu’il est défini aujourd’hui, on constate qu’il y a un amalgame entre la notion de capital humain et celle des ressources humaines. Le capital humain est défini comme étant les capacités incorporées par la formation et l’éducation au service du développement économique.
En effet, il faut qu’un individu soit bien formé et en bonne santé pour qu’il contribue au développement économique. Partant de ce constat, il est primordial de mettre la formation et l’éducation au cœur du développement économique. Le premier levier est celui d’avoir un potentiel humain fort, bien formé à même de créer de la richesse.Il consiste donc à mettre à la disposition du pays un capital humain très compétitif. Dans cette notion d’analyse du capital, Il faut voir le capital humain en interaction avec les autres types de capital. Ce qui veut dire qu’un capital humain fort avec des institutions efficaces, des politiques économiques convergentes, une administration productive… concourent à la création de richesses et à l’éradication du problème des inégalités.
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Merci Monsieur Abdellah Moutaqi pour vos pertinentes explications présentées succinctement et beaucoup de précision … je me suis longuement arrêté au niveau de votre précieuse expression contenant les 2 nombres 1999 et 2013 ! où puis-je vous trouver pour vous expliquer, avec des documents à l’appui, les tenants et les aboutissants d’une décision administrative injuste et très préjudiciable signée le 30 décembre 1999 par Fassi-Fihri Othman l’ex. DG de l’Entreprise publique ADM (Autoroutes Du Maroc) pour favoriser l’enrichissement rapide et illicite d’une dizaine de familles chanceuses que je qualifie de richesse purement matérielle confisquée malicieusement à partir des poches du peuple marocain appauvri par des tricheurs orateurs incompétents grandes gueules ?! où puis-je vous trouver pour vous dire MERCI pour votre pertinent article et vous dévoiler mes sincères sentiments et souhaits de voir les enfants et petits enfants de fassi-fihri othmane et ses ex. complices par eux l’ex. ministre de l’équipement bouamer taghouane engagés dans une vaste opération de fortifier les caisses de l’Etat à partir des deniers publics détournés ?
Merci et bon dimanche.