Pour l’année 2023, le scénario exploratoire de référence établi par le CMC table sur un taux de croissance économique de 5,4%. Il se base sur une trame d’hypothèses dont en voici l’essentiel .
Les hypothèses ayant présidé l’élaboration du scénario prospectif pour 2023 ont pris en considération le temps probable que va durer la guerre en Ukraine qui semble s’enliser. Ces hypothèses ont par ailleurs tenu compte des chances de réussite des démarches programmées pour mettre fin au conflit ou pour réduire ses effets négatifs sur l’économie mondiale.
Il s’agit de la tournée que le président américain projette d’effectuer au Moyen Orient en juillet et de la réunion prévue le même mois en Turquie entre russes et ukrainiens sur la délicate question des exportations des céréales à partir de la mer noire.
En dehors de ces considérations et des résultats auxquels elles vont aboutir, attendus comme favorables, les pronostics de croissance pour 2023 avancés dans ce cadre tablent sur : (i) une production céréalière moyenne de 80 millions de quintaux, (ii) un environnement international qui connaîtrait une nette amélioration à partir du premier trimestre de l’année prochaine, (iii) un prix moyen du baril à 80 dollars et un abaissement conséquent des prix des matières premières, (iv) les autres hypothèses conventionnelles qui sous-tendent ces perspectives supposent que l’inflation resterait très vive mais serait moins intense que l’année en cours et présument une appréciation du dirham par rapport à l’euro et une légère dépréciation au regard du dollar.
« Sous ces hypothèses assez réalistes et sur la foi des indices disponibles émanant des appréciations des opérateurs et de leurs anticipations, la tendance prospective imprimée aux différents secteurs de l’économie nationale devrait présenter un certain dynamisme », annoncent les conjoncturistes.
Dans le tracé anticipé de la configuration sectorielle de l’économie en 2023, l’agriculture connaîtrait un taux de croissance en volume de l’ordre de 16% compensant ainsi l’importante décrue que ce secteur a enregistré au cours du présent exercice. Le secteur des industries manufacturières, autre activité déterminante de cette configuration, contribuerait à la croissance globale par une évolution appréciable de sa valeur ajoutée en volume d’environ 3,2%.
L’activité de l’extraction minière, qui connaît aujourd’hui une conjoncture florissante à la faveur de l’augmentation des cours des phosphates et de ses dérivés et de la bonne orientation de la demande extérieure, devrait poursuivre cette tendance en 2023 mais avec une intensité moindre.
Le secteur des services marchands, en dépit de l’atonie de la demande et des contingences liées au repli de certaines branches devrait connaître un redressement conséquent et afficher un taux d’accroissement en termes réels au cours de l’année prochaine de 4%.
Du côté de la demande, les composantes mises en exergue par ce scénario exploratoire présenteraient un profil assorti au dynamisme attendu de l’offre.
La consommation des ménages, composante centrale de la demande, après avoir subi une érosion au cours de 2022 devrait connaître un nivellement en termes réels de 3,1% pour compenser la perte de pouvoir d’achat essuyée cette année.
Ce cadrage macroéconomique retient comme principaux agrégats et éléments moteurs de la vigueur des performances économiques projetées pour 2023 : la formation brute de capital fixe et les exportations. L’investissement privé serait au rendez-vous à la faveur de la décrispation du climat des affaires et aux capacités de financement des institutions bancaire. L’agrégat global afficherait une augmentation de l’ordre de 4,5% par rapport l’année en cours.
Quand aux expéditions de biens et services du Maroc vers le reste du monde, elles devraient progresser d’une manière plus accentuée que l’année en cours (8,7% en valeurs courantes).
En matière d’inflation, l’envolée des prix des produits énergétiques avec un baril frôlant le record absolu les 140 dollars et l’augmentation spectaculaire des cours des matières premières enregistrés en 2022 ont provoqué une rupture profonde de plus de 30 années de calme arboré par la tendance des indices des prix à la consommation.
Ainsi et malgré la baisse relative qui se profile pour 2023 des prix du pétrole et de certains produits alimentaires, l’inflation resterait particulièrement vive avec un taux de 3,5%.
Au chapitre de l’emploi, le relèvement attendu du secteur agricole après une campagne foncièrement sèche et les assez bonnes perspectives de croissance des autres secteurs devraient se traduire par une légère amélioration du marché du travail qui resterait insuffisante pour induire une véritable détente tant l’ampleur du déséquilibre est grande et le poids des pertes d’emplois causées par la covid (800.000 déclarés) sont difficiles à résorber.
Le taux de chômage en 2023 serait 11,5 baissant de 0,6 point.