Le processus peine toujours à trouver le souffle nécessaire pour permettre aux territoires de jouer le rôle de levier de développement économique. L’enveloppe allouée dans le cadre du PLF s’élève à 9,6 Mds de DH.
La nomination le 19 novembre dernier par le Souverain de Chakib Benmoussa en tant que président de la commission chargée du nouveau modèle de développement économique a été bien accueillie par le milieu des affaires. Les disparités sociales et spatiales sont trop criardes à telle enseigne que l’on se demande si l’inclusion sociale tant prônée n’est pas plus qu’une chimère.
Conscient de ce déséquilibre spatial, le Maroc a fait et continue de faire du découpage régional une des principlaes préoccupations en matière d’organisation territoriale.
Le constat est sans appel : le problème de territorialisation se traduit par une répartition inégale des richesses entre les différentes régions du Maroc. L’étude comparative des contributions dans le PIB publiée régulièrement par le HCP atteste d’une disparité indéniable entre les régions et d’où la nécessité de la prise en considération des dynamiques d’évolution.
D’ailleurs dans les discussions au sein des forums, on continue toujours à parler de l’autre Maroc ou le Maroc inutile qui exclut l’axe central Casa-Rabat. Ce qui laisse entrevoir qu’il existe encore de nouveaux pôles de croissance au Maroc.
Comme l’a si bien expliqué Douania Taarji, présidente du Directoire du Fonds Hassan II, la territorialisation occupe une place de choix dans le nouveau modèle de développement économique. Elle pourrait permettre aux autres régions de contribuer à la création de l’emploi et des richesses. C’est l’un des principaux levier à actionner dans la prochaine dynamique de développement.
Pour y remédier, depuis quelques années le Maroc s’est inscrit dans cette tendance. Des efforts ont été ainsi déployés pour organiser les territoires, donner plus de pouvoirs de compétences et de prérogatives aux régions. Toutefois, comme expliqué par les conjoncturistes dans leur dernière lettre consacrée à la régionalisation, le processus peine à trouver le souffle nécessaire pour permettre aux territoires de jouer le rôle de levier de développement économique. Des avancées constitutionnelles ont été permises par la constitution de 2011. Cette réforme présente des opportunités substantielles susceptibles de mieux satisfaire les besoins mais sa concrétisation bute toujours. Aussi, dans le cadre du projet de Loi de Finances 2020, il est une allocation de 9,6 Mds de DH pour la mise en oeuvre de la régionalisation avancée (dont 10% sont alloués au fonds de solidarité interrégionale), contre 8,5 MMDH en 2019. Est-ce suffisant ?
La région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, un exemple édifiant
A l’occasion de chaque débat sur les enjeux de la régionalisation le cas de Tanger-Tétouan-Al Hoceima s’érige en bon exemple. Depuis plus d’une décennie, ces régions connaissent un rythme de croissance soutenu avec une hausse du PIB régional atteignant la moyenne de 8,5% du PIB par an. Cette évolution a été favorisée par l’implantation dans cette région d’une importante plateforme industrielle, commerciale et de services adossés au complexe portuaire Tanger-Med qui se retrouve au carrefour des flux logistiques et du commerce international. Autres projets et pas des moindres pouvant contribuer à la reconfiguration de l’activité au niveau spatial concernent la dynamique industrielle, la restructuration de l’agriculture et le développement des énergies renouvelables. Lesdits projets sont de nature à consolider le nouvel élan de croissance dans différentes régions, du Nord au Sud, en passant par le Centre. Dans son discours à l’occasion du 44-ème anniversaire de la Marche verte, le Souverain a orienté l’attention vers la région du Sud en proposant une série d’action pour ne citer que le transport qui va permettre le désenclavement de plusieurs régions du Sud.
Autre point important pouvant aider les opérateurs économiques à s’intéresser aux potentialités des régions dans une vision prospective est de mettre à leur disposition des informations fiables sur l’ensemble des territoires.
Les experts et analystes n’ont cessé d’ailleurs de recommander l’établissement des comptes par région tant leur importance est déterminante pour la compréhension des rouages économiques et pour la prise de décision en matière de politique de développement et de suivi de l’économie. Le Maroc a également intérêt à s’inspirer des expériences internationales afin de pouvoir tirer les enseignements nécessaires. Autant de priorités sur lesquelles la commission en charge du nouveau modèle de développement devra se pencher.
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