La compétitivité des entreprises et le climat des affaires ont pâti sérieusement de la crise du Covid-19. Au moment où l’on évoque la relance et la mise en œuvre du nouveau modèle de développement, il est temps de passer à une action convergente et structurée.
D’emblée il faut spécifier qu’avant le Covid-19, le modèle marocain avait atteint ses limites malgré tous les efforts consentis par le Royaume et dont les effets étaient plus ressentis durant la première décennie de ce siècle avant de fléchir la décennie suivante.
Cette décélération de l’activité économique terminera sa course dans l’avènement de la profonde crise du Covid-19. Un phénomène qui, tout en impactant l’ensemble de l’économie mondiale, consacrera la paralysie du processus de transformation structurelle entamée par le Royaume, soulignent les conjoncturistes.
Pour le CMC, l’effet s’est également fait ressentir au niveau du climat des affaires, en impactant négativement des entreprises qui affichaient des perspectives prometteuses, à l’exemple de l’industrie automobile et de celle de l’aéronautique, qui n’ont pas encore atteint la maturité suffisante, à même de les préserver d’une détérioration…
In fine la crise n’est venu que confirmer la fragilité du modèle de développement appliqué, jusqu’alors, et son incapacité à consolider la position du Maroc en tant que hub africain et continental des affaires.
D’ailleurs, la mise en place de la CSMD découlée de cet impératif d’explorer de nouvelles voies de prospérité tant de la société que l’économie du pays.
En ce sens, ses recommandations, la CSMD relève que l’investissement dans les facteurs de production et l’enclenchement de réformes structurelles sont autant de levier pour une optimisation des coûts énergétiques et de logistiques… en somme des éléments en mesure d’aiguiser cette compétitivité latente.
Selon les conjoncturistes, diverses raisons à ce rendez-vous manqué, allant de l’insuffisance en protection par la justice en termes de liberté et de sécurité à la prolifération du secteur informel, en passant par les faiblesses intrinsèques à l’entreprise elle-même.
Celle-ci est dénoncée pour sa dynamique étriquée, inhérente à sa faible capacité à assumer les risques d’exploration et de valorisation de nouvelles opportunités et à affirmer sa volonté face à la compétitivité internationale, pour s’imposer dans la conquête de nouveaux marchés.
Il est temps de mettre de l’ordre
Selon le Nouveau Modèle de Développement (NMD), l’économie marocaine montre des lacunes symptomatiques dans ses fonctions entrepreneuriales en termes de prouesses de ses activités productives et de sa propension à l’innovation.
Le défi à relever, réside dans la préparation d’un environnement économique plus enclin à la stimulation des attitudes libératrices de l’initiative privée, appuyées, en cela, par des politiques publiques qui prônent l’efficience du système productif.
Cette exhortation doit reposer sur un accompagnement par l’État, dont le rôle sera de veiller à une meilleure production des biens communs, à l’assistance des secteurs innovants et à la régulation du marché… La commande publique est appelée à servir de stimulant à » l’émergence d’une économie sociale structurée et innovante, capable de produire des services collectifs et de créer de la valeur économique dans tous les territoires ».
Pour les conjoncturistes, les orientations du NMD s’inscrivent dans la même lignée que celles définies par le Comité national de l’environnement des affaires (CNEA) qui vient de lancer une stratégie nationale de l’environnement des affaires ou encore celles ayant servi à l’élaboration du plaidoyer du patronat.
Toutes ces voies se rejoignent pour appeler à la consolidation des acquis et au parachèvement des réformes fondamentales.
D’aucuns estiment nécessaire de préserver, d’urgence, l’ancrage du Maroc et son positionnement dans la mouvance internationale de redéfinition des chaînes de valeur mondiale.
Cela passe par une offre à l’investisseur portant un système législatif et réglementaire attractif, des ressources humaines qualifiées, des infrastructures d’accueil aux normes requises et une accessibilité facilitée au foncier et au financement.
Pour ce faire, trois axes stratégiques principaux ont été identifiés par le Nouveau modèle de développement à savoir, une réforme de la justice, une dynamisation et une sécurisation du secteur privé.
La justice, considérée comme le garant des libertés et de la sécurité, doit connaître un parachèvement de la globalité de ses réformes du système judiciaire, avec pour but de gagner en célérité et de lutter contre les abus (corruption, insécurité…).
Le secteur privé, en guise de second axe, est invité à consolider sa dynamique, en se dotant de moyens qui lui permettent d’affronter les risques, d’entreprendre des prospections lui permettant de saisir de nouvelles opportunités et de nouveaux marchés, afin de se hisser au niveau de la concurrence internationale.
Les recommandations du nouveau modèle de développement insistent, particulièrement, sur la construction d’un environnement économique susceptible d’accueillir des comportements entrepreneuriaux vertueux et de protéger la libération des initiatives privées, sous couvert d’un accompagnement d’éclairage par des politiques publiques promotrices des activités productives.
Enfin, l’option de sécurisation, de l’initiative privée, fait référence à l’importance de l’instauration et au respect d’une réglementation stable et non discriminatrice. Une condition sine qua non pour gagner la confiance des promoteurs et favoriser leur adhésion à des partenariats avec l’Etat. Trois clés maîtresses sont proposées, par le NMD, pour inhiber les incertitudes et installer des relations de confiance.
Un schéma d’actions en trois temps
Pour mettre en œuvre ces axes stratégiques, le schéma du CMC est résumé en trois temps.
En premier lieu, de supprimer systématiquement l’ensemble des barrières administratives et réglementaires contreproductives. Elles seraient remplacées par des réformes régissant des procédures simplificatrices, privilégiant le contrôle à posteriori et limitant le recours aux demandes lourdes d’autorisations, d’agréments et autres licences.
La seconde clé consisterait à assurer une concurrence saine, dans une gestion fluide des marchés et une surveillance avisée des occurrences de conflits d’intérêts, de délits d’initiés et d’ententes illégales.
La troisième clé ferait en sorte d’enrayer les blocages administratifs, en protégeant l’entreprise par des mécanismes de recours efficaces.
A ce titre, il est recommandé de renforcer l’institution du Médiateur, par l’adjonction d’une nouvelle fonction dite de Défenseur de l’entreprise, qui assurerait, auprès du Chef du gouvernement, une médiation active de résolution des conflits.