Le Collectif Démocratie et Libertés (CDL) regrette profondément la condamnation à 5 ans de prison ferme, le journaliste Soulaimane Raissouni qui a mené une grève de la faim depuis plus de 3 mois pour exiger un procès équitable.
Le CDL, par respect de la procédure judiciaire qui était en cours, s’était abstenu de se prononcer sur le fond et sur la forme du procès avant le verdict du tribunal.
Ne disposant pas pour l’instant des éléments probants sur lesquels le tribunal de Casablanca a fondé son intime conviction de la culpabilité de l’accusé, le CDL relève que de graves irrégularités de forme ont entaché le déroulé du procès, irrégularités qui mènent à penser qu’il s’agit, comme d’autres procès de journalistes d’opposition (Omar Radi, Hajar Raissouni) d’un acharnement politique et judiciaire contre la presse d’opposition sous couvert d’affaires de mœurs, selon la même source.
« En effet le procès s’est déroulé en l’absence de l’accusé écroué à la prison de Casablanca depuis près d’une année. L’accusé, après trois mois de grève de la faim n’était pas en état physique de se présenter sans assistance aux audiences du Tribunal. Il avait en vain demandé d’y être conduit en ambulance et en chaise roulante, ce que le Tribunal lui a refusé plusieurs fois. Afin de protester contre son absence, ses avocats se sont retirés de l’audience » explique-t-on.
De plus, le tribunal n’a pas retenu la convocation du personnel présent au moment des faits qui sont reprochés à S. Raissouni et que les avocats du prévenu voulaient faire témoigner, ni la visite de l’appartement du prévenu, requise par les avocats, souligne le CDL.
Et d’ajouter « Force est de constater que le procès n’a pas été équitable en ne garantissant pas les droits de la défense et en refusant ses requêtes tout à fait justifiées et qui ne pouvaient qu’apporter un éclairage à cette affaire qui, des années après les faits, en manque singulièrement ».
« Tout en étant conscient que tout viol ou tentative de viol sont des crimes qui doivent être punis, le CDL dénonce avec vigueur ce déni de justice et réprouve la condamnation de Raissouni. Une condamnation qui porte préjudice non seulement au système judiciaire, mais aussi à l’image du Maroc dont les citoyens aspirent au respect des droits de l’Homme, à la démocratie et à l’Etat de droit », selon le CDL.
Selon le Collectif, il est impératif que la justice soit rendue de manière sereine et impartiale. C’est le vœu de tout Marocain épris de l’Etat de droit, et l’indépendance et la liberté de la presse constituent un pilier fondamental de cet Etat de droit.
Le CDL réitère, à cette occasion, sa demande maintes fois exprimée de libération de tous les journalistes et prisonniers poursuivis en détention préventive ou injustement condamnés.
Le CDL condamne avec force la tendance des autorités à restreindre les libertés, à poursuivre les journalistes sous des prétextes qui cachent mal la volonté de museler les voix critiques.
Le CDL réclame la libération immédiate de Raissouni dont, de surcroit, la vie est en danger du fait de sa longue grève de la faim.