Ecrit par Imane Bouhrara l
Résolument la lettre C ne porte pas chance au Maroc en proie à une prolifération de la contrefaçon, la contrebande, la corruption et la concurrence déloyale.
Des phénomènes gravissimes et endémiques qui faussent le jeu de la concurrence loyale et enlise le tissu économique dans une spirale qui accentue les difficultés des « honnêtes gens » bataillant contre la crise pandémique.
Le laisser-aller fait croire à tort que ces comportements condamnables comme acquis, comme règle établie sur laquelle aucun retour en arrière n’est possible.
Nous parlions ici il y a quelques jours des dégâts de l’informel contribuant à fragiliser plus qu’il n’en faut un tissu économique qui résiste bon an mal an pour sa survie et à prendre en otage une croissance soutenue du pays.
A la racine du mal, la complicité de tous, mais comme leur nom l’indique, les responsables de la gestion de la chose publique sont en haut de la pyramide de responsabilité dans cet état actuel que nous vivons. Et autant le dire, l’Etat a été magnanime à outrance.
Pour preuve, dans certaines régions notamment frontalières du Maroc, la contrebande est une branche d’activité à part entière, d’autres régions à vocation touristique ont développé une industrie de contrefaçon telle que leur renommée est devenue internationale.
Le pire est que ces phénomènes sont tellement enracinés que dans la mentalité des auteurs de ces méfaits, ce n’est pas un mal mais un droit. Ils ne s’en cachent pas d’ailleurs. Et ils sont tellement impunis qu’on croirait à tort qu’ils sont bénis de l’Etat.
Puis il y a la corruption. Et à ce niveau, disons que tous sont au même pied d’égalité : de celui qui donne ou accepte un billet de 20 DH, à celui qui commet un délit d’initié.
Sauf que si dans le premier cas on peut évoquer l’excuse de l’ignorance, dans le deuxième, la duplicité et la cupidité ne font aucun doute.
Puis un beau matin, on décide de couper les vannes (pour les petites gens cela s’entend). Bien mais quelle alternative propose-t-on aux milliers de gens qui ne vivent que de ça, encouragées par un laisser-aller de plusieurs décennies ? Une reconversion pourrait être envisageable en parallèle à une lutte acharnée et sans répit contre ces fléaux qui impactent l’image du Maroc tout autant à l’international.
Un royaume qui a des atouts et des ambitions formidables mais qui traine, malgré plusieurs efforts de lutte, un boulet à ses pieds… comme les abus de position, les délits d’initié…
Mais restons dans la lettre C, car s’amuser à chercher des tares dans les 26 lettres de l’Alphabet aurait fait que la lecture de ce billet demanderait plusieurs jours.
Si cette crise sanitaire n’opère pas un changement de mentalité, on n’aura finalement rien appris.