Les effets psychologiques de l’épidémie du Covid-19 vont des troubles de sommeil aux stress post-traumatique et à la dépression et aux attaques de paniques. L’enquête du HCP permet de prendre la mesure de l’étendue des dégâts sur la population marocaine.
Vivre le confinement pendant deux mois et encaisser une prolongation de trois semaines, forcément ça laisse des traces.
L’impact du confinement et de la peur de la contamination va des troubles de sommeil aux stress post-traumatique et à la dépression et aux attaques de paniques. L’enquête du HCP s’est intéressée aux principaux effets du confinement sur l’état de santé psychologique des ménages.
Pour 49% des ménages, l’anxiété est le principal impact psychologique du confinement. Cette proportion atteint 54% parmi les ménages résidant dans les bidonvilles, contre 41 % parmi ceux de l’habitation moderne. Vient ensuite, la peur qui est ressentie par 41% des ménages marocains, principalement parmi les ménages dirigés par une femme (47%), contre 40% dirigés par un homme, et parmi les ménages pauvres (43%), contre 33% parmi les aisés.
30% des ménages expriment un sentiment de claustrophobie, 32% en milieu urbain et 24% en milieu rural. Ce traumatisme concerne 30% des ménages composés de 5 personnes et plus, contre 25% pour les ménages de taille réduite de 2 personnes.
25% évoquent une multiplication des phobies. Cette proportion est plus élevée en milieu urbain (29%) qu’en milieu rural (18%) et parmi les ménages dont le chef a le niveau d’enseignement supérieur (28%) que parmi ceux dirigés par une personne n’ayant aucun niveau d’éducation (23%).
Toujours selon l’étude du HCP, 24% des ménages souffrent de troubles de sommeil, les citadins (28%) sont deux fois plus touchés que les ruraux (14%). 8% des ménages présentent d’autres troubles psychologiques tels que l’hypersensibilité et la nervosité ou la lassitude.
L’effet du confinement sur les rapports familiaux
18% des ménages ont ressenti une détérioration des rapports familiaux (20% en milieu urbain et 12% en milieu rural). Cette perception est plus élevée parmi les ménages pauvres (19%) que parmi les ménages aisés (13%), parmi les ménages constitués de 5 personnes et plus (23%) que parmi ceux de taille réduite de 2 personnes (7%) et parmi les ménages vivant dans un logement d’une pièce (22%) que parmi ceux vivant dans un logement de 4 pièces et plus (16%).
En revanche, pour 72% des ménages, la qualité des rapports familiaux au sein du ménage n’a pas été influencée par le contexte du confinement. Pour le reste des ménages (10%), ces rapports sont plus paisibles et plus consolidés.
Les occupations récréatives en situation du confinement
Pour supporter le climat du confinement, plus de 66% des ménages suivent des séries ou des films, lisent ou font
d’autres activités intellectuelles ou de loisirs, 51% passent plus de temps avec la famille, 37% ont recours à la religion, 35% maintiennent des contacts avec les amis/proches via les moyens de communication, 12% font du sport/mouvements physiques à domicile et 9% multiplient les sorties autorisées.
Toutefois, ces pratiques varient selon le sexe du chef de ménage : 68% des ménages dirigés par un homme suivent des séries ou des films, lisent ou font d’autres activités intellectuelles (contre 61% parmi les ménages dirigés par une femme), 55% passent plus de temps en famille (contre 37% parmi les ménages dirigés par une femme), et 11% multiplient les sorties autorisées (contre 4% parmi les ménages dirigés par une femme).
Les ménages aisés (60%) sont plus susceptibles que les ménages pauvres (26%) à maintenir des contacts avec les amis/famille via les moyens de communication, à faire du sport à la maison (26% contre 7%) et à multiplier les sorties autorisées (21% contre 9%).
Le risque de contamination est la principale inquiétude des ménages
24% des ménages sont très inquiets des menaces du Covid-19, et 46% sont plutôt inquiets. Ces inquiétudes sont dues principalement à la crainte d’être contaminé par le virus (48%), de perdre son emploi (21%), du décès (10%), à ne pas pouvoir subvenir aux besoins alimentaires du ménage (10%) et par rapport à l’avenir scolaire des enfants (5%).
Disposition à prolonger le confinement
Un ménage sur deux (53%) serait prêt à supporter, mais difficilement, une éventuelle prolongation de la période de confinement, et 36% la supporteraient sans difficulté.
Hormis les ménages susceptibles de supporter n’importe quelle durée de prolongation du confinement fixée par le gouvernement (40%), le nombre maximal de jours moyen que les ménages pourraient supporter est de 32. La médiane se situe à 30 jours : 50% des marocains seraient prêts à supporter un nouveau confinement de 30 jours et plus. Les ménages aisés pourraient supporter en moyenne une durée plus longue (47 jours) que les ménages pauvres (32 jours).
Appui matériel pour une meilleure efficacité du confinement
Plus de 8 ménages sur 10 estiment que l’appui matériel aux ménages nécessiteux est le moyen le plus efficace
pour réussir le confinement. Cette opinion est socialement consensuelle. D’autres mesures ont été évoquées notamment accorder des indemnités pour la perte d’emploi (38%), faciliter l’approvisionnement de proximité en produits alimentaires et non alimentaires (38%), fournir aux enfants scolarisés le matériel nécessaire pour réussir la formation à distance (28%) et assurer l’assistance à domicile des personnes vulnérables (25%).