Covid-19 a fait remonter à la surface, pour ceux qui l’ont oublié, l’intérêt de la R&D. Seul un scientifique saura comment sauver le monde. Le Maroc est appelé à revoir sa copie.
De la gestion de la crise liée au Covid-19
Face au Covid-19, plusieurs pays ont entrepris des actions pour contrecarrer l’impact négatif de ce virus. Confinement, gestes barrières, aides financières, renforcement de la capacité litière en réanimation, intensification de l’investissement en respirateurs, augmentation de la charge de travail du corps médical permettront seulement de réguler le flux des Covid-19 positifs. C’est un scientifique chercheur, en découvrant un vaccin, qui règlera son compte à ce maudit virus.
Bon nombre de marocains se sont réjouis de voir Dr. Moncef Saloui et Dr. Sarah Bellali faire partie du commando chargé de sauver le solde monde. Seulement, il ne faut pas oublier que les têtes appartiennent à ceux qui les ont chassées et pas à ceux qui les ont seulement programmées pour bachoter. Plusieurs diront que nos universités regorgent de chercheurs. A ceux-ci, nous répondons que les chercheurs qui cherchent, on en trouve, les chercheurs qui trouvent, on en cherche. La R&D n’est pas un frichti. C’est un investissement de longue haleine qui exige patience. Mais se solde généralement par des découvertes capitales.
R&D : la honte
Nos responsables doivent rougir du bilan de la R&D au Maroc. En 2017, les dépenses en R&D représentaient seulement 0,8% du PIB alors que la moyenne mondiale se situe à 2% du PIB. Plusieurs pays de l’OCDE ont dépassé le seuil de 3%. D’autres pays comme la Corée du Sud et Israël ont dépassé le seuil de 4% en 2017. Le clou du spectacle est que le Maroc, en 2010 et selon la dernière statistique disponible à la Banque Mondiale, ce ratio était de l’ordre de 0,71% du PIB. Nominalement, on peut dire qu’on avance comme un escargot. Mais après avoir déflaté les chiffres, on constate qu’on avance à reculons.
Un autre indice renseignant sur la modestie de la R&D au Maroc et devant honnir nos responsables réside dans le nombre de brevets d’origine marocaine délivrés par l’OMPIC. Ainsi, cet organisme a délivré en 2018 126 brevets contre seulement 74 brevets en 2017. Le nombre de brevets en vigueur en 2018 est de 8.364 au Maroc contre 4.145 brevets en 2017. Bien qu’on ne puisse soutenir la comparaison avec la Chine, l’Empire du milieu a délivré en 2018 326.970 brevets contre 326.959 en 2017. Ce pays dispose à fin 2018 à son actif de 2.366.314 brevets
Contre 2.085.367 brevets à la fin de 2017. Pour un pays comme l’Hexagone, le nombre de brevets délivrés en 2018 est de 19.186 brevets contre 17.530 en 2017.
A la fin de 2018, la réserve des brevets en France renferme 602.084 contre 563.695 en 2017. Pour ne pas piquer une crise, nous devons vous rassurer qu’en ce domaine, nous dépassons nos amis Algériens, Tunisiens et Egyptiens.
Pour ceux qui ne sont pas encore convaincus de la faiblesse de la production de la recherche scientifique au Maroc, une étude rendue publique deux ans avant le coronavirus, affiche des chiffres très inquiétants. En effet, selon la même étude, 47,5% des chercheurs marocains n’ont publié qu’un seul article sur les 17 dernières années et moins de 5% comptent plus de 17 articles, soit un article par an sur la période.
Et pourtant les moyens ne manquent pas
Sur cet hippodrome, l’État dans son rôle d’omniscient, fait cavalier seul. En effet, son bouquet des établissements publics compte pas moins de 6 établissements qui s’adonnent à titre principal à la recherche. Ces entités ont bénéficié de la part de L’État entre 2015 et 2018 d’une enveloppe budgétaire de l’ordre de 3,76 Mds de DH. Force est de constater qu’outre ces ressources provenant de l’État, ces établissements mobilisent dans le cadre des activités de recherche, des fonds supplémentaires et ce dans le cadre de contrats signés avec des partenaires publics et privés.
Au-dessus le marché et depuis l’an 2001, L’État a donné naissance au Fonds national de soutien à la recherche scientifique et au développement technologique. Depuis 2010, l’État a injecté dans le Fonds à partir du Budget général des dotations de l’ordre de 250 MDH. Les recettes du Fonds ont été, depuis 2005, renforcées par l’institution d’une contribution fixée à 0,25% du chiffre d’affaires HT net des frais d’interconnexion, réalisés au titre des activités de télécommunications, objet de licence.
Au titre de la période 2016-2018, les recettes dudit Fonds ont enregistré une baisse annuelle moyenne de 1,87% passant de 688,8 MDH en 2016 à 663,31 MDH en 2018. Les dépenses du Fonds ont enregistré elles aussi une baisse annuelle moyenne de 19,67% passant ainsi de 128,35 MDH en 2016 à 82,81 MDH en 2018.
Apparemment çà ne se bouscule pas au portillon. Tout cet effort financier se solde par des résultats décevants et une moisson des plus maigres.
En matière de R&D, le secteur privé, à travers la CGEM, n’a pas cessé de demander à la veille de chaque Loi de Finances des avantages fiscaux pour l’encourager à y investir. Néanmoins, les pouvoirs publics continuent à faire la sourde oreille.
Le changement s’impose après Covid-19
Après la levée de la pandémie associée au Covid-19, il sera question d’affronter à visage découvert la question de R&D au Maroc. L’État doit se désengager à doses homéopathiques et libérer de la place au secteur privé dans le cadre du Partenariat-Public-Privé. Il est hors question de continuer de voir l’ignorance, mère de tous les maux, avancer sans réagir. Il n’est plus admis à l’aune du 21ème siècle de mettre le doigt dans l’œil en autorisant des dotations budgétaires dans des projets foireux. Ce sont les hommes de science qui sauveront le monde : chapeau bas. Les andouilles : bas les masques.