Ecrit par Imane Bouhrara |
La pandémie du Covid-19 a entamé un troisième round dans le monde faisant planer des incertitudes sur une prochaine sortie de crise sanitaire. Mais cette 3ème vague marquée par des pics de cas et la multiplication des variants, pèse encore plus sur l’Afrique et ses économies dont les marges de manœuvres budgétaires sont amenuisées et où la vaccination progresse lentement comparativement au reste du monde. Le Maroc n’est pas à l’abri.
Avec un rythme de contaminations le plus rapide au monde, l’Afrique est face à une troisième vague de Covid-19, qui risque d’être la plus grave dans un contexte où les ressources budgétaires des pays africains ont été saignées à blanc, particulièrement lors de la première vague pour financer les mesures d’accompagnement des ménages et entreprises foudroyées par la pandémie.
En effet, des organismes internationaux s’attendent à ce que cette nouvelle vague surpasse probablement les pics précédents dans les prochains jours et, dans certains pays, les infections ont déjà plus que doublé, voire triplé, par rapport aux chiffres de janvier. Le dernier variant (delta), qui serait 60 % plus transmissible que les précédents, a été ainsi détecté dans 14 pays africains.
Une situation pandémique exacerbée par le rythme de vaccination en Afrique, particulièrement subsaharienne, très lent par rapport au reste du monde, si l’on exclut bien évidemment le cas marocain. Moins d’un adulte sur cent est entièrement vacciné en Afrique, alors que la moyenne est de plus de 30 dans des pays plus avancés.
Sur le continent la problématique sanitaire est double puisque d’un côté, les Etats sont dans l’attente de stocks pour poursuivre la vaccination anti-covid et de l’autre, ils doivent préparer leur système de santé à encaisser un nouveau choc Covid-19.
Et ce n’est pas pour rien que les organismes internationaux semblent enfin engagés à augmenter les capacités de vaccination sur le continent, en soutenant l’équipe AVATT ou encore l’initiative Covax.
Comme l’avais si bien expliqué le Wali de Bank Al-Maghrib, ce n’est pas pour nos beaux yeux.
En effet, l’alerte est à son maximum avec cette 3ème vague dont l’Afrique est le maillon faible. Donc elle devient un foyer de vagues d’infection répétées, ce qui compromet les chances d’une gestion de la crise sanitaire à l’échelle mondiale. Mais aussi parce qu’une telle situation affecte également la reprise économique à l’échelle mondiale et peut remettre en cause les projections de croissance par ailleurs trop optimistes pour 2021.
Maroc, sauver l’économique prime
Le Maroc n’est pas et ne sera pas épargné par cette 3ème vague de Covid-19, avec tout de même un niveau de vaccination le plus élevé du continent puisque près de 10.000.000 de personnes sont déjà vaccinées notamment les catégories les plus à risques. Le pays est ainsi à mi-chemin de son objectif de vacciner 25 millions de personnes.
Une campagne qui par ailleurs se déroule dans de très bonnes conditions d’organisation et de mobilisation aussi bien des agents de l’Intérieur que de la Santé, et qui progresse à un rythme soutenu lorsque les lots de vaccins sont disponibles.
Toujours est-il que les effets des récents allégements décidés commencent à se faire sentir, avec une hausse continue du nombre des cas actifs qui a rapidement dépassé les 4.000. En effet, alors que ce nombre était de 2.928 le 1er juin, il est vite passé à 4.489 le 30 juin.
Ce qui est inquiétant avec le Covid-19 et ses variants les plus contagieux est que cette hausse qui peut sembler aujourd’hui minime peut rapidement évoluer en des pics de contamination surtout à l’approche de l’Aïd Al-Adha. Le ministère de la Santé a émis une alerte dans ce sens, mais il est clair que le relâchement dans le respect des mesures barrières est généralisé avec les conséquences lourdes que cela peut avoir sur le nombre des décès et des cas graves et critiques. Mais aussi le risque de saturation, à nouveau, des structures de soins.
Comme expliqué plus haut, les experts s’attendent à ce que cette troisième vague soit plus grave que les deux précédentes, donc, sauf à se ressaisir, le risque est de revivre les pics désastreux du deuxième semestre de 2020.
Sauf que face à cette 3ème vague qui fonce droit sur nous, la majorité des pays ne peuvent plus édicter des mesures sanitaires draconiennes vu leur coût social et économique. Un an et demi de Covid-19 a plus qu’épuisé les caisses des Etats face à l’urgence de soutenir les ménages et entreprises, mais également les systèmes de santé et celui de la vaccination.
Le cas du Maroc qui a pris des mesures courageuses mais couteuses en l’absence de filets sociaux et d’un système de soin performant pour sauver les vies et les emplois. Un luxe qu’il ne peut plus s’offrir. Les dernières mesures d’appui devraient prendre fin ce 30 juin 2021, sans perspectives de prolongation ou mise en place de nouvelles. Mieux, les ressources du Fonds spécial Covid se sont amenuisées et les statistiques publiées par la TGR au titre du mois de mai font ressortir un creusement de déficit budgétaire de 24,6 Mds de DH.
Le tout dans un contexte où le pays doit payer la vaccination, indemniser les MRE (4,5 Mds de DH) et soutenir la relance économique (120 Mds de DH).
Le royaume dont le taux d’endettement avoisinerait selon les experts 100% de PIB doit encore lancer à la rentrée deux emprunts, à l’international et au national, pour rentrer dans ses frais, et doit réfléchir aux moyens de prévention et de sanction, afin d’éviter que cette 3ème vague ne vienne remettre en cause tous les projets marquants de 2021 aussi bien de relance que de protection sociale, et aggraver une situation économique toujours en terrain incertain.
Encore faut-il ne pas omettre que le staff médical aux premières loges pour endiguer la pandémie est épuisé voire anéanti suite à des heures interminables de dur labeur des mois durant. Avec toute la bonne volonté, ce corps médical regrette les indemnités perçues qui, d’après leurs dires, sont dérisoires face à la charge de travail et au danger encouru.
Un véritable casse-tête chinois est en vue, auquel l’Etat devrait dès à présent réfléchir.
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POURQUOI NE PAS AVOIR FAIT L’IMPOSSIBLE POUR AVOIR DES VACCINS EN PLUS POUR LES VACANCES QUI ARRIVENT ET AVEC LEUR RISQUE POTENTIEL …NOUS SOMMES MAL PARTI ?