En pleine pandémie Covid-19, il ne faut pas perdre de vue que le monde avant n’était pas aussi beau et rassurant. Il était empreint d’incertitudes et de menaces. Souhaitons-nous revivre le même monde ?
A quelque chose Malheur est bon. Personne ne peut contester que la pandémie Covid-19 a bouleversé tous les codes dans pratiquement toutes les économies. Elle a mis à nu les fragilités les plus redoutables tout en mettant en exergue des potentiels existants mais souvent inexploités. A titre d’exemple, dans cette guerre sans merci, le Maroc a pu mesurer l’importance d’accélérer la mise en place du registre social unique (RSU) pour la mise en place d’aides ciblées. Sur le plan économique, le recours aux solutions digitales pour faciliter le déploiement des aides servira sans doute de base à la digitalisation de certains services, dans le cadre de la réforme de l’administration…
Durant cette crise, le Maroc, malgré quelques faux pas a fait preuve d’une audace et d’un courage sans faille qui lui ont valu des félicitations à l’échelle internationale. D’une main de maître, tous les corps de l’Etat se sont mobilisés pour répondre autant qu’ils peuvent à la crise sanitaire.
Au-delà de la relance économique ?
Sans revenir en détail sur le plan d’action , s’articulant autour de trois axes : santé, économie et social, établi au lendemain de la pandémie, il est utile voire même judicieux pour le Maroc de tirer les enseignements nécessaires de cette crise. Et ce bien qu’on n’ait pas encore vu le bout du tunnel. Le mot crise est utilisé aujourd’hui pour décrire une période de difficultés, mais au son sens étymologique il signifie : « faire un choix et décider ». C’est tout l’enjeu d’aujourd’hui. Comment transformer un danger ou une difficulté en avantage ou en opportunité. Pas seulement pour le Maroc. Le monde entier doit trouver les réponses adéquates aux questions impératives.
Parce qu’il ne suffit pas de pouvoir relancer la machine économique et crier victoire, ce n’est pas là la vraie question aujourd’hui. Avec un actif riche en expériences éradiquant les crises économiques, les États sauront comment driver leurs économies respectives et renouer progressivement avec la croissance. Chaque économie selon ses richesses et ses capacités empruntera le sentier de la croissance économique. Mais la vraie question qui se pose : faut-il revenir au monde tel qu’il était avant l’arrivée du Coronavirus ? Ou bien le repenser ? Elle se pose avec acuité à toutes les économies, à tous les individus et le choix nous revient.
Ces dangers qui nous guettent…
En pleine pandémie Covid-19, il ne faut pas perdre de vue que le monde n’était pas aussi beau et rassurant. Nous pouvons citer à cet égard, le réchauffement climatique qui nous guette et réserve plein de surprises. Au Maroc, bien qu’on ne participe pas audit réchauffement, à l’instar des pays développés ( Chine, USA, Europe…), nous le subissons de plein fouet et risquerons de le subir davantage si rien n’est fait. La liste des dégâts sera certes longue mais le déficit hydrique est aujourd’hui une évidence.
Les inégalités sociales trop criardes avec leur corollaire la concentration de richesses atteignent des niveaux inexorables. Le Covid-19 a rappelé à ceux qui souhaitent l’entendre que l’écart est très grand entre les nantis et les démunis. Et encore une fois, si on ne prend pas le taureau par les cornes pour y remédier, la situation ne fera que dégénérer après la pandémie. Nombreux sont les analystes et économistes qui ne cessent d’alerter sur le basculement vers la pauvreté d’une couche sociale qualifiée aujourd’hui de « classe moyenne ».
L’intelligence artificielle se développe chaque jour entrainant dans son sillage des pertes importantes d’emplois. Si au Maroc, les comportements changent lentement pour s’adapter à la numérisation et à la digitalisation, le Covid-19 a bel et bien accéléré les choses. Il suffit de poser la question à certaines banques pour se rendre compte que des corps de métiers sont aujourd’hui sous la menace de la disparition. D’autres secteurs rattrapés par le train de la digitalisation verront également leurs ressources humaines se réduire comme peau de chagrin sous le sceau de la rationalisation et l’optimisation des coûts.
Est-ce que nous souhaitons revivre dans ce même monde après la pandémie ? Pas forcément. Comme l’a si bien dit L’Économiste et Prix Nobel de la paix 2006 Muhammad Yunus dans une tribune au Monde : “Avant de la relancer, nous devons d’abord nous mettre d’accord sur l’économie à laquelle nous aspirons”. Et d’enchaîner : » Nous devons avant tout convenir que l’économie n’est qu’un moyen, celui d’atteindre des objectifs que nous fixons. Elle n’a pas à agir tel un piège mortel conçu par quelque puissance pour nous punir « . Il exhorte à la repenser jusqu’à ce qu’elle nous conduise à notre grand bien-être.
A bon entendeur !