La propagation de la pandémie causée par le Covid -19, depuis le début de cette année, a mené le monde entier vers, non seulement une crise sanitaire mais aussi une crise économique sans précédent et dont jusqu’à aujourd’hui nous ne sommes pas en mesure de déterminer réellement son impact sur la période à venir.
A l’instar de toutes les entreprises à travers le monde, les sociétés marocaines, sont aussi touchées par cette récession économique. Opérant dans le secteur industriel, commercial ou bancaire…, celles-ci devront analyser l’impact de cette nouvelle situation dans leurs comptes individuels et consolidés de l’année en cours mais également dans leurs projections et leurs business plans pour les prochaines années.
Quel impact sur l’exercice 2019 ?
En 2019, l’OMS n’avait pas déclaré d’état d’urgence suite à l’apparition du Covid-19 pour la première fois en Chine, ce n’est qu’au 23 janvier 2020 que celle-ci a confirmé la transmission interhumaine de ce virus et ensuite au 30 janvier 2020, elle a déclaré officiellement l’état d’urgence sanitaire.
Au Maroc, le premier cas diagnostiqué comme étant porteur du Covid-19 a été confirmé le 02 mars 2020. Toutefois, l’état d’urgence sanitaire n’a été déclaré au Maroc qu’à partir de la 3ème semaine du mois de mars de l’année en cours.
Partant du principe que seul un événement lié à des conditions existantes à la date de clôture nécessite un ajustement des comptes, le Covid -19 n’aura pas d’incidence sur le bilan et le compte de résultats au 31 décembre 2019 au vu des éléments cités ci-avant. Par ailleurs, cet évènement post clôture nécessitera une information à présenter en ETIC et en annexes des comptes consolidés au 31 décembre 2019. Il peut s’avérer impossible à date d’aujourd’hui, aux entreprises de chiffrer les impacts, il faudrait tout de même mentionner qu’aucune estimation ne peut être faite à la date de publication des comptes.
Il faudra en outre, si la société confirme que la continuité d’exploitation n’est pas remise en cause, le mentionner au niveau de ses annexes comme pouvant être décrit ci-après :
« Les états financiers de l’entité ont été préparés sur la base de la continuité de l’activité. Les activités ont commencé à être affectées par COVID-19 au premier trimestre 2020 et l’entité s’attend à un impact négatif sur ses états financiers en 2020. La société, compte tenu du caractère récent de l’épidémie et des mesures annoncées par le gouvernement pour aider les entreprises, n’est toutefois pas en capacité d’en apprécier l’impact chiffré éventuel. A la date d’arrêté des comptes par le conseil d’administration des états financiers 2019 de l’entité, la direction de l’entité n’a pas connaissance d’incertitudes significatives qui remette en cause la capacité de l’entité à poursuivre son exploitation ».
Quels impacts dans les comptes de 2020 ?
Compte tenu du contexte qui demeure incertain et en perpétuelle évolution, il serait difficile de cerner tous les éléments pouvant avoir une incidence sur la prochaine clôture des comptes de 2020, à savoir le « trimestre 1 » pour les sociétés procédant à des arrêtés trimestriels.
Nous pouvons tout de même citer quelques réflexions menées à ce sujet, concernant la valorisation des actifs et passifs(provisionnement important des stocks et des créances suite à l’interruption de l’activité, constatation d’amortissements exceptionnels suite à la détérioration de certains matériels après l’arrêt de l’activité, provisionnement des créances financières ou abandon des créances vis-à-vis des filiales afin de les soutenir, recours à d’autres lignes de financements et aux découverts bancaires…).
Sans aucun doute, la baisse des résultats nets sera nettement ressentie dès la première clôture de 2020, suite à la baisse significative du chiffre d’affaires. A cet effet, les entreprises sont également amenées à revoir leurs business plans en fonction des nouvelles données.
En pratique, les nouveaux business plans devront intégrer les impacts de la pandémie de Covid-19, en considérant les nouveaux éléments liés à la crise sanitaire (les changements dans les perspectives d’exploitation et de croissance à court terme et à long terme, les nouveaux comportements de consommation après la crise, les aides gouvernementales …). Il conviendrait également de renforcer les analyses de sensibilité en adoptant une approche probabiliste recommandée dans les contextes de fortes incertitudes. Cette méthode consiste à modéliser un business plan pour chaque scénario d’incertitude. Ainsi, l’analyse n’est pas fondée sur un seul business plan, mais sur plusieurs, en fonction des probabilités d’occurrence de chaque scénario.
Par Siham Akla, Membre de l’Association Marocaine des Consolideurs Finances (AMCF)