Dans le cadre des travaux du Comité Régional de l’Environnement des Affaires (CREA Casa-Settat), le Centre Régional d’Investissement de Casablanca-Settat vient de rendre publique, une étude première en son genre afin de mieux connaître le devenir des entreprises créées par son biais entre 2003 et 2015.
L’étude, menée avec une assistance technique et financière de la Banque mondiale, a également examiné les facteurs endogènes et exogènes impactant l’évolution de ces entreprises.
Dans le cadre de cette étude, une démarche participative a été privilégiée impliquant plusieurs acteurs du secteur public et privé notamment la Direction régionale des Impôts, la CNSS, l’OMPIC, Maroc PME, le Conseil Régional et les créateurs d’entreprises de la région. La première étape de l’étude a consisté en une analyse statistique pour évaluer les taux de survie et de mortalité des entreprises, suivie d’une enquête terrain auprès de 1280 entreprises pour identifier les principales difficultés et les facteurs clés de succès.
A la lumière des résultats de ces enquêtes, un Plan d’action de développement de l’écosystème entrepreneurial régional, compris dans l’étude, a été élaboré à travers des Focus Group avec les chefs d’entreprises et des Consultations avec les différentes parties prenante.
L’étude intervient dans un contexte peu favorable. En effet et malgré une progression continue du Maroc au classement Doing Business, le taux de création des entreprises régresse. Le taux de défaillance demeure élevé et l’impact socio-économique des TPME paraît limité.
Le contexte est aussi marqué par un taux de création des entreprises en baisse ces dernières années de 11% en 2007 à 8% en 2015. L’activité entrepreneuriale est parmi les plus faibles avec 4% de la population adulte (Egypte :7%, Tunisie : 10%, Canada :15%).
L’impact socio-économique est limité. En effet, le taux relatif à l’intention d’employer plus de 6 personnes d’ici 5 ans est de 10,8% pour le Maroc (Pologne 14,9% ; Egypte : 23,7% ; France : 27,9%).
Le nombre de défaillances a par ailleurs augmenté par rapport aux créations pendant les dix dernières années.
27% des entreprises immatriculées n’auraient jamais démarré leur activité
En ce qui concerne la région Casa-Settat, la monographie révèle que sur 64.000 entreprises immatriculées, la moitié est encore active générant 249.000 emplois dont 93% sont des TPE avec un chiffre d’affaires inférieur à 10 MDH et un nombre d’employés inférieur à 10.
80% d’entre elles interviennent dans le Tertiaire, notamment le commerce et les activités spécialisées.
Pour ce qui est du taux de survie dans la région, 27% des entreprises immatriculées n’auraient jamais démarré leur activité. Elles représentent 55% des entreprises inactives.
Certaines entreprises montrent des signes de fragilité avant 3 ans.
Les activités les plus propices à la survie sont l’enseignement, les activités financières et industrie manufacturière. Les moins propices sont l’industrie extractive, la production & distribution électricité, l’information & communication.
Pour près de 2 entreprises sur 3 qui ont cessé leurs activités, la mauvaise gestion financière a été le principal facteur déclencheur à court terme de la cessation d’activité.
L’accès au marché est la principale difficulté rencontrée par les entreprises, suivie du financement. La fiscalité, l’immobilier et les ressources humaines ne constituent pas des difficultés prioritaires pour les entreprises.
La démarche engagée par l’étude a combiné des analyses statistiques, quantitatives et qualitatives qui ont permis d’identifier et de confirmer les difficultés prioritaires rencontrées par les entreprises de la région.
Les difficultés rencontrées permettent d’identifier 5 domaines d’intervention clés qui devraient orienter la déclinaison du Plan d’Action opérationnel. Il s’agit de l’accès au marché, au financement, la fiscalité, les infrastructures d’accueil et les ressources humaines.
Huit leviers d’appui exogènes et endogènes ont été identifiés pour soutenir l’écosystème entrepreneurial dont 2 actionnables à court terme : mieux préparer et réussir son lancement, favoriser l’accès aux marchés pour les TPME, améliorer les conditions de paiement, favoriser l’acte d’entreprendre, favoriser le développement du marché de l’export, instaurer une culture de l’innovation au sein de l’entreprise…
La démarche a permis d’établir un plan d’action regroupant trois initiatives phares :
La mise en place d’un dispositif de Conseil et d’accompagnement au niveau du CRI de la région permettrait de mieux guider le créateur d’entreprise et d’augmenter ses chances de succès ;
La création d’un « Fonds de Promotion et d’Investissement régional » serait une initiative phare qui permettra de soutenir financièrement et techniquement le développement de l’écosystème entrepreneurial de la région ;
La commande publique est un levier majeur de développement des entreprises et une initiative nationale de type « Small Business Act » permettrait de garantir son accès aux TPME.
A noter que des premières actions ont été initiées dont une première qui a débouché sur la conception d’un module de formation à destination des créateurs d’entreprises.