La crise sanitaire du Coronavirus vient se greffer à une situation économique défavorable et entraîner une récession de 5,2% en 2020, après un cycle de croissance positive du PIB enclenché depuis 1998. Si la priorité a été donnée dans un premier temps à soutenir l’économie et veilleur sur la stabilité du secteur financier, l’enjeu est d’accompagner la reprise de l’activité et la relance économique dans un contexte incertain pour une sortie de crise espérée en 2021.
L’économie nationale a entamé un deuxième semestre sous le signe de la reprise après un premier semestre chaotique en raison de la crise sanitaire liée au Coronavirus. Les chiffres sont éloquents : à l’exception des télécommunications qui se sont accélérées à 5,1% suite au recours plus important au travail à distance, le premier semestre 2020 s’est caractérisé par une baisse d’activité ou un ralentissement quasi-généralisé de nombreux secteurs. La branche la plus touchée reste l’hôtellerie & restauration avec un recul d’activité estimé à 47,7%. De même, l’arrêt de nombreux chantiers, aurait également réduit de 6,4% l’activité dans le secteur des BTP.
Plus globalement, l’activité aurait accusé une régression de 5,2% dans le secteur secondaire et de 4,6% dans le tertiaire. Cette récession viendrait rompre, en 2020, la croissance positive du PIB depuis 1998.
Sous l’effet également de la baisse des activités agricoles suite aux conditions climatiques défavorables, le PIB devrait enregistrer une contraction de 5,2%.
Tenant compte des différentes mesures de politiques économiques et d’une meilleure maîtrise de la pandémie, la sortie de crise devrait intervenir en 2021 avec une croissance de 4,8%, souligne le rapport sur la stabilité financière des trois régulateurs BAM, ACAPS et AMMC.
Le compte courant devrait également suivre cette même trajectoire avec une aggravation en 2020 à -10,3% du PIB, lié à une détérioration du déficit commercial et un tarissement des autres flux qui permettaient traditionnellement son financement, soit essentiellement les recettes de voyage, les transferts des MRE et les IDE.
La normalisation de l’environnement économique national et international en 2021 permettrait une résorption du déficit courant qui devrait revenir à 5,8%.
En dépit de cette situation, la mobilisation des financements extérieurs avec deux sorties programmées du Trésor à l’international (10,8 milliards de dirhams & 10 milliards de dirhams en 2020 et 2021), serait à même de maintenir les avoirs officiels de réserves à des niveaux assurant, sur l’horizon de prévision, une couverture autour de 5 mois d’importations de biens et services.
Par ailleurs, une dégradation des finances publiques se profile consécutivement au coût des dépenses liées à la lutte contre les effets du Covid-19 et la diminution des recettes fiscales tirée par les pertes de revenus et la baisse de l’activité économique.
Dans ce contexte et sur la base des estimations disponibles, le déficit budgétaire, hors privatisation, devrait s’établir à 7,6% du PIB en 2020 avant de s’alléger à 5% en 2021.
En conséquence, la dette du Trésor devrait s’alourdir pour atteindre 75,3% du PIB puis 75,4% sur l’horizon de prévision.
Si dans un premier temps face à la crise sanitaire et ses effets immédiat, l’objectif de la réponse des autorités publiques et financières a été de soutenir l’économie nationale durant la période de confinement pour réduire les pertes de revenu et de production, tout en veillant à la préservation des fondamentaux du secteur financier.
La priorité actuellement dans cette phase de reprise progressive d’activité est d’une part, d’accompagner le tissu productif lors de la reprise et suivre de près l’évolution de sa situation, dans un contexte encore entouré d’incertitudes sur l’évolution de la pandémie et, d’autre part, de continuer à surveiller les risques encourus pour le secteur financier notamment, dans le cadre du Comité de Coordination et de Surveillance des Risques Systémiques (CCSRS). Ce dernier a décidé, à cet effet, de maintenir les réunions hebdomadaires de ses représentants.