Après deux premiers mois de forte hausse, en raison notamment des répercussions du mouvement des gilets jaunes, les défaillances ont reflué en mars et en avril. Les derniers chiffres montrent qu’au cours des quatre premiers mois de l’année, les défaillances d’entreprises ont augmenté de 0,8% en France.
Coface anticipe par contre que le nombre de défaillances augmentera de +1,7% sur l’ensemble de l’année 2019, dans un contexte de croissance économique résiliente mais pénalisée, à la fois, par un environnement international moins favorable (croissance moins dynamique des principaux partenaires, protectionnisme accru), et par d’importantes contraintes d’offre (taux d’utilisation des capacités de production et difficultés de recrutement au plus haut depuis 2007). Les principaux secteurs pourvoyeurs de défaillances, à l’exception notable de la construction et de l’industrie agroalimentaire, ont continué d’enregistrer une détérioration de leur situation en ce début d’année. En dépit des mesures gouvernementales visant à accroître leur pouvoir d’achat, les secteurs dépendant de la consommation des ménages ont ainsi recensé davantage de défaillances, à l’image des services aux particuliers, de l’automobile et des commerces non spécialisés.
Les TPE, les principales exposées
Comme on pouvait s’y attendre, les très petites entreprises sont les premières à être affectées par le ralentissement de la croissance. Il ressort même que la hausse des défaillances est exclusivement imputable à celles réalisant moins de 250.000 euros de chiffres d’affaires. Cela se reflète dans l’augmentation de leurs demandes de crédit de trésorerie et la baisse de celles de crédit d’investissement. Par conséquent le coût financier moyen des défaillances est resté sur une tendance décroissante. Mesuré par l’encours des dettes fournisseurs non remboursées, cet indicateur a diminué sur un an à fin avril 2019 : -6% pour un total de 3,2 milliards d’euros.
La construction tire son épingle du jeu
Au cours des quatre premiers mois de l’année, les principaux secteurs pourvoyeurs de défaillances ont suivi des tendances hétérogènes. D’une part, la construction, qui concentre plus du quart des défaillances totales a enregistré un reflux du nombre de défaillances. Si le nombre de défaillances a stagné dans les segments de la construction de maisons et d’autres bâtiments (en lien avec la baisse de 8,5% des permis de construire au premier trimestre 2019), les segments des travaux d’installation électrique et de gros œuvre ont été dynamiques. L’autre secteur ayant recensé moins de défaillances qu’en 2018 est l’industrie agroalimentaire grâce à la baisse des cours des céréales en ce début d’année, qui a permis d’atténuer la pression sur les coûts des boulangers et pâtissiers.
Gilets jaunes : Pas de dégâts jusqu’à présent
D’après Coface, l’effet du mouvement des « gilets jaunes » semble avoir été faible sur les défaillances, à la lumière des données des quatre premiers mois de l’année. Toutefois, ces données globalement positives sur ce début d’année s’expliquent par l’atténuation des difficultés en mars et en avril, après deux premiers mois marqués par une forte hausse des défaillances dans tous ces secteurs. Le nombre de défaillances dans le commerce, principal secteur exposé aux perturbations, avait ainsi progressé de 7% sur le segment de gros (interentreprises) et de 6% dans le commerce de détail, par rapport à janvier et février 2018, avant de finalement afficher une relative stabilité sur l’ensemble des quatre premiers mois de l’année. Le constat est similaire dans le secteur de la restauration traditionnelle. Si l’impact en termes de défaillances sur le tourisme reste difficile à estimer en raison du faible nombre d’observations, il semble avoir été limité avec 112 défaillances d’hôtels, soit quatre de plus qu’un an auparavant. Aussi, les répercussions sur l’ensemble de l’économie en termes de défaillances semblent-elles avoir été de faible ampleur et circonscrites aux deux premiers mois de l’année, malgré la poursuite du mouvement. En dépit de l’atténuation de l’impact, les mesures d’accompagnement des commerçants touchés par le mouvement, annoncées par le gouvernement en novembre dernier, ont été prolongées jusqu’à fin mai (mesures fiscales en matière de délai de paiement), voire fin juin (étalement des échéances sociales).