Ecrit par Soubha Es-Siari |
4 ans après l’adoption de la facturation électronique, on s’interroge sur ses vertus voire son impact sur l’environnement des affaires. C’est dans ce cadre que s’inscrit le webinaire organisé ce jeudi 28 avril par Intelcia IT Solutions sous la thématique « Démystifier la facture électronique ». Retour sur expérience.
Ce webinaire lève le voile sur les avantages de la dématérialisation notamment dans un contexte où le Maroc s’apprête à relever de nouveaux défis pour mettre en place son nouveau modèle de développement où la digitalisation occupe une place de choix.
A ce titre, Intelcia IT Solutions a invité des représentants des administrations et entreprises ayant adopté au cours des dernières années le dépôt électronique des factures pour témoigner de leurs expériences et partager les accomplissements réalisés jusque-là avec l’ensemble des participants.
Omar Tantaoui El Araki, Directeur Solutions applicatives à Intelcia a saisi l’occasion pour rappeler que Intelcia a anticipé avant même la publication de la Circulaire de la dématérialisation de la facturation et a procédé au développement d’une solution relative à la facturation électronique qu’elle a mise au service aussi bien des administrations que des entreprises privées.
Elle a développé une suite logicielle ayant démarré au départ dans un périmètre restreint enrichi par la suite par de nombreuses rubriques soit en amont (traitement des demandes d’achat), soit en aval (exécution des contrats) dont la partie dépôt électronique de la facture est une composante.
La e-Facture, selon Omar Tantaoui, se caractérise du fait qu’elle recourt à l’intelligence artificielle par l’anticipation du rejet des factures et ce grâce au contrôle automatisé. Elle permet une gestion fluide et efficace de la facturation de bout en bout.
Cette solution est disponible en mode SAS (abonnement) ou bien par le biais d’une installation dans le système d’information (SI) du client. Les fonctionnalités sont les mêmes y compris en matière d’interfaçage et d’intégration avec le SI interne. Tout cela intervient dans un cadre sécurisé.
Ce qu’en pensent les opérateurs…
Bouchra Fadili de la TGR explique que l’impact de la facturation électronique est aujourd’hui très palpable. « 4 ans après la mise en œuvre du dépôt électronique des factures soit en 2019, les résultats escomptés sont aujourd’hui atteints ». Le projet a vu le jour suite à la publication au décret 2-19-184 modifiant et complétant celui du 22 juillet 2016 fixant les délais de paiement et les intérêts moratoires relatifs aux commandes conclues avec l’Etat et les Collectivités territoriales.
Ledit projet a donné la possibilité aux entreprises d’être initiatrices elles-mêmes de leurs factures avec horodatage et signature électronique. Autrement dit, les factures déposées sur la plateforme GID-fournisseurs de la TGR sont horodatées et signées électroniquement. Cela s’est traduit par une réduction du coût d’impression, de transmission, de réception… aussi bien pour l’entreprise que pour le maître d’ouvrage.
Elle annonce dans la foulée que la TGR a reçu le prix d’excellence pour le dépôt électronique lors de la 13éme édition du prix national Emtiaz de l’administration.
Elle enchaîne : « Cette facturation électronique n’est pas exempte d’impact aussi bien sur le maître d’ouvrage que sur les entreprises. Au niveau de la plateforme GID, il y a une automatisation des délais et du coup, en cas de dépassement des délais, le système est capable de générer automatiquement le montant des intérêts moratoires que le maître d’ouvrage devrait payer au fournisseur ».
En 2016, les délais de paiement étaient de 144 jours, ils sont ramenés à 58 jours en 2017, 41 jours en 2018, 37 jours en 2019 et à 33 jours en 2021. Elle a tout simplement pu remédier à un problème de taille qui asphyxie l’environnement des affaires.
En sus de la réduction des délais de paiement, la dématérialisation permet aux entreprises de suivre de près leur dossier de paiement.
Même son de cloche chez Tarik Maaouni, Directeur de l’Organisation et des Systèmes d’information à l’Agence Nationale des Port (ANP) qui considère la réduction des délais de paiement comme un défi que la facturation électronique a bien su relever. Il considère que la facturation électronique s’avère une très bonne expérience notamment pour l’ANP, très décentralisée et disposant de services affiliés dans différentes régions. Le challenge pour l’ANP est de faciliter la vie aussi bien à la société qu’aux fournisseurs.
Pour ce faire, il a fallu former les équipes aux rouages de la dématérialisation. « Nous sommes aujourd’hui arrivés à 1.600 factures déposées. Bientôt l’enregistrement de la facture au bureau d’ordre sera abandonné parce qu’il génère plusieurs complications », informe Maaouni.
Pour sa part, Youssef Gounni Directeur Administratif de Nador West Med rappelle que la dématérialisation fait partie de la stratégie de la société. Devant être une plateforme à l’international, Nador West Med n’a d’autre alternative que de dématérialiser de bout en bout le processus de la facturation.
Le but recherché est d’abord de réduire les délais d’au moins 30% parce que la plupart des fournisseurs sont installés soit à Rabat soit à Casablanca. Avec la nouvelle plateforme de Nador West Med, la facture est traitée pendant 2 ou 3 jours maximum. Elle permet aussi d’optimiser les dépenses en évitant les aller-retour pour compléter ou modifier telle ou telle facture.
Mais cela n’empêche pas les intervenants de rappeler certaines lacunes liées à la réglementation. En la matière, la circulaire relative au dépôt électronique des factures fixe un échéancier obligatoire à respecter mais sans donner des détails techniques sur les modalités de dépôt et de signature électronique.
C’est d’ailleurs ce flou qui handicape le recours systématique à cette dématérialisation parce qu’en cas d’audit, l’administration a besoin de son dossier au complet pour justifier la dépense engagée.
Aussi, en matière de la signature électronique, la crise sanitaire liée au Covid a-t-elle montré qu’elle n’est pas aussi obligatoire que cela puisse paraître et que la facture originelle fait foi. Des doléances que les opérateurs soumettent à l’Administration pour fluidifier davantage le processus de la facturation électronique et rallier un nombre plus important d’opérateurs.