Depuis le discours du Souverain du 11 octobre 2019 appelant les établissements de crédits à contribuer au dynamisme économique moyennant le financement d’une certaine catégorie d’entreprises, pratiquement toutes les banques de la place ont répondu favorablement d’une seule voix en concoctant des produits, qui, semble-t-il, adaptés aux besoins diversifiés de cette population qui peine à joindre les deux bouts. Elles ont investi massivement les médias pour faire connaître leurs produits quasiment similaires où l’on sent l’entente à plein nez.
Cette population se compose de TPE ou d’entreprises exportatrices en Afrique ou encore de cette nouvelle génération de porteurs de projets qui n’arrive pas à voir le bout du tunnel parce que tout simplement elle se voit refuser les fonds nécessaires. En cause les banques demandent une multitude de garanties pour se protéger contre d’éventuels risques ou périls, qui au demeurant, dissuadent les jeunes à emprunter le chemin de l’entrepreneuriat. Nos banques préfèrent investir ailleurs sous d’autres cieux que de tenter le diable en finançant une population considérée, à leurs yeux, comme étant fragile. « On ne prête qu’aux riches », cette citation a toute sa raison d’être dans le contexte actuel et nos chères banques l’appliquent au pied de la lettre.
Et pourtant bien avant le discours de SM le Roi, ces mêmes banques n’arrêtent pas d’annoncer par ci et par là, chiffres à l’appui, qu’elles jouent un rôle important et pas des moindres dans le financement des TPE-PME. Mieux encore, elles s’arrachent le leadership illusoire en matière d’accompagnement de cette frange du tissu économique. Pourquoi l’appel royal si elles font ce qu’elles prétendent ? Pourquoi alors s’exciter tellement pour répondre à l’appel royal ?
Des chiffres annoncés qui souvent ne concordent nullement avec la réalité du nombre d’entités qui mettent chaque année la clé sous le paillasson. Des chiffres que nous ne retrouvons nullement dans les différentes études qui érigent l’accès au financement comme principal goulot d’étranglement des PME. Des chiffres qui tout simplement ne se reflètent pas sur la situation économique globale qui, quelque soient les circonstances, réalise un taux de croissance oscillant autour de 3%. D’où le précieux appel du Souverain.
Si nos banques financent les PME qui constituent 95% du tissu économique, pourquoi alors n’arrivons-nous pas à afficher des taux de croissance encourageants au gré d’une conjoncture très fluctuante. La logique veut que les financements octroyés s’injectent dans l’économie, créent de la valeur ajoutée, des emplois… bref impulsent une réelle dynamique. Nada ! D’ailleurs l’espoir suscité par le discours cède aujourd’hui la place à la frustration chez nombre de PME-TPE qui s’indignent contre une situation devenue insoutenable au point qu’elles réclament à cor et à cri le financement. Dans ce tableau quasiment sombre, elles déplorent le manque de visibilité sur le lancement effectif du Fonds d’appui au financement de l’entrepreneuriat. C’est le silence radio chez les 3 parties chargées d’élaborer ce programme à savoir le gouvernement, la Banque Centrale et le GPBM. En attendant, tout le monde scrute le ciel pour qu’au moins la campagne agricole soit sauvée.
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