A l’occasion du 65ème anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple, le Roi Mohammed VI, dans son discours, a attiré l’attention sur le chômage des jeunes qui constitue « un sujet de consternation ».
Une rencontre dédiée à l’emploi est recommandée avant la fin de l’année.
Le Souverain pointe du doigt l’inadéquation entre la formation et l’emploi qui se traduit par des diplômés chômeurs qui n’arrivent pas à s’insérer dans le monde du travail. Le constat s’avère alarmant même au niveau des investisseurs qui ne parviennent pas à dénicher sur le marché du travail des profils à même de répondre à des besoins spécifiques. C’est dire que malgré les réformes déployées de part et d’autres au cours des dernières années, le chômage des jeunes persiste et la situation devient de plus en plus pressante.
Entre autres recommandations pour parer à cette problématique endémique, le Souverain propose l’organisation avant la fin de l’année d’un rencontre nationale sur l’emploi. Son principal dessein est de formuler des résolutions pratiques et des solutions nouvelles, de lancer des initiatives et mettre au point une feuille de route rigoureusement définie pour la promotion de l’emploi.
Toutefois, il s’avère judicieux avant l’élaboration d’une feuille de route de revenir sur les recommandations issues des Assises nationales de l’Emploi tenues en 2005. Ces dernières ont porté sur plusieurs dispositions en l’occurrence l’encouragement à la création de la PME, de la TPE fortement créatrices d’emplois, la mise en place de mesures (exonérations des cotisations sociales) qui encouragent les entreprises à l’embauche à l’occasion de chaque Loi de Finances, la stimulation de l’auto-emploi… Des dispositions ont été introduites progressivement au lendemain des Assises sur l’emploi de 2005, mais qui, au demeurant, n’ont pas abouti ou plus précisément n’ont pas donné les résultats souhaités. C’est là où le bât blesse ! Pourquoi ces mesures se sont-elles avérées inefficaces ?
Les causes de l’échec
Pour mieux appréhender l’avenir, il est judicieux de diagnostiquer avec profondeur la problématique de l’emploi.
Si l’on s’attelle à l’inadéquation entre la formation et l’emploi, on peut faire le constat suivant. En effet, d’un point de vue économique, la situation de l’économie nationale se caractérise par des taux de croissance très faibles et variables selon les années. Autrement dit, les taux de croissances enregistrés ne créent pas suffisamment d’emplois. Pour des estimations de l’ordre de 350.000 emplois, l’économie ne créée que 160.000 emplois par an. Un gap énorme à combler ! Autre caractéristique importante, souvent signalée par le Haut-commissaire au Plan, est la prédominance de l’informel aussi bien en milieu rural qu’urbain. Les statistiques du HCP sur la décennie donnent en moyenne un chiffre de 7 emplois sans qualification sur 10 créés. Ce qui veut dire que les postes d’emplois créés pour le personnel diplômé, formé et qualifié restent extrêmement réduits au sein de cette masse de création annuelle d’emplois, elle-même insuffisante par rapport aux besoins. Nous sommes tentés de dire que c’est un cercle vicieux qui se dessine : la faible croissance alimente le chômage qui à son tour se traduit par des niveaux de croissance économique insuffisants. D’où la nécessité de réformes plus profondes pour éradiquer le chômage des jeunes. Aux grands maux, il va falloir les grands remèdes.
Dans son dernier rapport sur la jeunesse, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a donné l’exemple de plusieurs pays, qui par des méthodes originales, ont su remédier à la problématique du chômage.
En ce qui concerne le système éducatif, force est de constater que depuis plus d’une décennie, le Maroc est sur des réformes qui ne mènent nulle part. Les économistes attribuent l’échec à la nature de la formation reçue qui pose de sérieux problèmes, à la non-qualification de la ressource humaine, aux niveaux d’acquisition trop faibles dans certaines matières telles que les langues, les mathématiques, les sciences. Il y a même une majorité de jeunes qui n’a pas les requis minima. Ajoutons à cela, ceux qui quittent le système sans aboutir à un niveau relativement avancé. Et pour couronner le tout, notre système éducatif ne prépare pas les jeunes citoyens à l’initiative, à la communication… Donc, il existe plusieurs lacunes qui résultent d’un système de formation qui ne répond pas aux besoins aussi bien de l’économie dans sa globalité que des ressources humaines. Il est donc judicieux de repenser le système de formation en adéquation avec les défis du contexte actuel. Un contexte empreint de nouveaux défis liés aux technologies de l’information, à l’intelligence artificielle… Cela dit avant l’organisation d’une rencontre dédiée à la problématique de l’emploi et l’élaboration d’une feuille de route, il paraît primordial de voir pourquoi les recommandations des premières assises ont-elles échoué.