Le Conseil Supérieur de l’Education, de la formation et de la recherche scientifique a rendu public son rapport sur l’enseignement supérieur sous l’intitulé : l’enseignement supérieur à l’horizon 2030 : les perspectives stratégiques. Ce rapport constitue un approfondissement de la Vision stratégique 2015-2030.
Aujourd’hui, l’environnement aussi bien interne qu’externe regorge de nouveaux éléments qui plaident pour la refonte de l’enseignement supérieur et être en phase avec tous les changements et mutations. Nous pouvons nous attarder sur la quête d’un nouveau modèle de développement économique qui repose entre autres sur l’inclusion financière que ne peut garantir qu’un enseignement de qualité des ressources humaines. La compétitivité d’une économie ne peut être assurée sans la valorisation de ressources humaines à même d’innover et d’exceller dans tous les secteurs.
Ce rapport, en énumérant 7 leviers et 58 préconisations, constitue un approfondissement de la Vision stratégique 2015-2030. Parmi ces leviers, nous pouvons citer : un enseignement supérieur renouvelé et cohérent ; une gouvernance globale stratégique du système ; une université responsable et efficace dans son autonomie ; des formations de qualité…
Ledit rapport s’est basé sur les évaluations menées par l’Instance Nationale d’Evaluation dont les principaux constats se résument de la manière suivante :
Avec un total d’effectifs de plus de 78%, l’enseignement universitaire est fortement majoritaire au sein du système de l’enseignement supérieur marocain, que ce soit en 2016 ou en 2017 ;
Les fonds publics constituent la principale ressource de l’université publique (entre 70 et 97%), ce qui impacterait la capacité de l’université à développer ses ressources matérielles et son capital humain, par conséquent son autonomie ;
Déperdition dans le premier cycle du supérieur ;
Absence d’un Plan numérique structurant pour l’enseignement supérieur ;
Selon le World Economic Forum, d’ici 2020, plus d’un tiers des compétences de base qui seraient sollicitées pour la plupart des professions ne sont pas encore considérées comme essentielles au travail actuel.
C’est dire que l’enjeu est important et les défis à relever le son encore plus.
Il ressort des leviers et des préconisations de ce rapport, qu’il est impératif de procéder à des redressements afin de :
- Construire sur les acquis de l’histoire de l’université marocaine un nouveau modèle qui préserve les missions universelles de l’université tout en la rendant attentive aux enjeux et aux défis des grandes transformations de l’environnement national et international ;
- Investir dans les nouvelles missions de l’université, autres que la formation et la recherche, principalement, celle qui a émergé ces dernières décennies et qui oriente l’université vers «le modèle entrepreneurial» ;
- Veiller à la réalisation d’un saut qualitatif qui installe une compétition, entre les universités, autour de l’excellence pour rehausser leur statut et leur image dans la société ;
- Former les lauréats compétents et contribuer à l’accumulation du capital humain ;
- Développer et produire la recherche scientifique et l’innovation pour contribuer au savoir, et être à l’écoute des besoins de la société pour répondre à sa demande et lui rendre compte.
Dans un contexte en perpétuelle mutation, le Maroc ne peut relever les défis liés à son choix de l’ouverture sans des ressources humaines douées, compétitives, innovatrices… Comme le dit le philosophe Jean Bodin : « Il n’est richesse que d’hommes ».