Environ 5 entreprises du secteur non financier privé sur 10 sont vulnérables sur le plan financier selon au moins un critère entre 2006 et 2019. C’est ce qui ressort de l’analyse de la vulnérabilité du tissu productif marocain récemment publiée par Bank Al-Maghrib (BAM).
Cette étude a été menée sur un échantillon de 306.346 entreprises non financières privées ayant déclaré leurs états comptables entre 2006 et 2019, soit près de 1 218 011 bilans au total et 86 000 entreprises en moyenne par an. Les résultats montrent que le degré de vulnérabilité des entreprises est resté relativement stable sur la période étudiée quoiqu’il ait enregistré une légère hausse à partir de 2014, en lien avec l’atonie de la croissance économique. Aussi, les jeunes entreprises et les TPME sont relativement plus vulnérables que les vieilles et les grandes entreprises.
Il ressort du tissu productif qu’un processus de désendettement financier s’est amorcé à partir de 2013 particulièrement dans le secteur de l’immobilier. L’étude révèle qu’une part non négligeable de l’endettement financier a été substituée par la dette commerciale chez les petites, moyennes et grandes entreprises par la dette auprès des associés pour les TPE. « Aussi, près de 31% des entreprises en moyenne sur la période 2006-2019 ont contracté une dette financière, soit un niveau proche de l’estimation de l’Observatoire Marocain de la TPME (2020) et des enquêtes du Haut Commissariat au Plan (2019) et de la Banque Mondiale (2019) », lit-on dans l’analyse.
Globalement l’enquête démontre que l’indice de vulnérabilité des entreprises est resté relativement stable sur la période étudiée quoiqu’il ait enregistré une légère hausse à partir de 2014, en lien avec l’atonie de la croissance économique. L’analyse par source de vulnérabilité révèle que les ENF sont principalement exposées aux risques de liquidité et de capacité relativement limitée à couvrir leurs charges d’intérêt, suivis par les risques de solvabilité et de rentabilité.
Quant à l’analyse de la structure de la DaR des entreprises selon le critère ICR uniquement montre que les secteurs « Hôtels et restauration » et « Agriculture et pêche » demeurent fragiles. En outre, les jeunes entreprises et les TPME sont relativement plus vulnérables que les vieilles et les grandes entreprises.
Sur le plan territorial, et en dépit d’une concentration élevée de l’activité bancaire sur l’axe littoral TangerCasa, les Dettes à risque des régions « Casablanca-Settat », « Rabat-Salé-Kénitra » et « Tanger-Tétouan- Al Hoceima » demeurent dans des niveaux relativement inférieurs à d’autres régions comme « Marrakech-Safi », « l’Oriental » et certaines régions du Sud.
Ratios endettement et liquidité
L’étude fait ressortir qu’en termes d’endettement, le ratio du levier financier a connu une légère progression, passant de 20% à 23% entre 2006 et 2013. Une tendance qui s’est renversée à partir de 2013 où le ratio d’endettement financier a enregistré une relative baisse pour se situer à moins de 20% en 2019.
« Cette évolution peut s’expliquer par les contre-performances enregistrées par certaines entreprises, en particulier celles qui ont été fortement touchées par la crise financière internationale, et qui avaient un endettement relativement élevé et un besoin important de liquidité. Ces dernières ont adopté, à partir de 2014, des plans de restructuration et des nouveaux programmes visant à assainir leurs situations financières. Ainsi, un changement au niveau de la structure de financement des ENF a été enregistré dans la mesure où une part non négligeable de l’endettement financier a été substituée par la dette commerciale chez les petites, moyennes et grandes entreprises et par la dette auprès des associés pour les TPE », lit-on dans le rapport.
Quant à la liquidité, il ressort que « le ratio quick » s’est inscrit dans une tendance baissière entre 2007 et 2011. Il a connu ensuite une légère amélioration transitoire en 2014 et 2018. Ceci dit, il est important de souligner que sur toute la période, le ratio quick est resté en général inférieur au seuil critique de 1.2, considéré comme niveau de risque élevé dans les travaux empiriques sur le risque de liquidité. Par conséquent, le tissu productif marocain dans sa globalité demeure vulnérable aux chocs adverses de liquidité.