La croissance économique, facteur déterminant de l’épanouissement de la population, évolue en dents de scie et échappe à la maîtrise des pouvoirs publics. Voulant échapper aux aléas conjoncturels, ceux-ci se penchent sur le développement d’un modèle de développement bâti sur la croissance endogène.
La naissance d’un modèle
Depuis l’annonce du risque de la crise cardiaque, il y a plus de deux décennies, l’économie marocaine est pratiquement à l’article de la mort. Toutes les tentatives pour faire parler le corps et prescrire le médicament approprié se sont soldées par des bides. Ne répondant pas aux traitements issus des laboratoires internationaux, le recours à un laboratoire national s’avère inévitable. Six mois ont été accordés à ce laboratoire national, dénommé commission spéciale du modèle de développement, pour proposer un remède. Six mois, c’est très court pour construire le projet d’un pays et le rêve d’une nation, à savoir l’émancipation du sous-développement et l’inscription au registre des pays développés. Certains avancent que le fameux modèle est déjà conçu et que les pouvoirs publics sont en train de le breveter.
Pourquoi alors nommer une commission appelée à s’atteler sur la conception du projet ? À cette question, ils répondent que le modèle déjà concocté nécessite une lecture collective pour y porter les réglages nécessaires.
Pourquoi alors procéder à cette large consultation entreprise par ladite commission ? A cette question, ils répondent que, dans plusieurs cas, consulter c’est rechercher l’approbation d’autrui pour un projet déjà bien conceptualisé. Cette option est réconfortée par la qualité maigre comme un coucou des contributions des différentes parties consultées à ce jour. Les dés sont alors jetés, rien ne va plus et la meilleure chose que les consultés doivent faire, c’est ne rien faire. Ils n’ont pas à se lamenter. Ils ont, pour leur majorité, eu leurs chances de changer le courant de l’histoire du Maroc, mais ils ne les ont pas saisies.
L’entreprise moteur de la croissance
Le modèle, dont les prémisses ont fuité depuis plusieurs mois, repose sur la croissance endogène. Cette dernière repose sur trois piliers : le progrès technique, l’action humaine et l’action publique.
Le souverain, dans ses derniers discours, n’a pas arrêté de prôner le schumpetérisme. Il a incité les pouvoirs publics à encourager l’entrepreneuriat, à accompagner les petites et moyennes entreprises, à faciliter la migration de l’informalité vers la formalité, à favoriser la formation professionnelle et à assouplir les conditions de financement des entreprises.
L’action humaine
Sur le plan de l’action humaine, il est certain que l’accumulation de la connaissance et des compétences permet d’accroître la productivité et génère des rendements croissants. Cette accumulation du savoir permet de stimuler l’innovation et donner naissance à une société créative. Seulement, comment y parvenir alors que notre système éducatif fait l’objet de maintes insuffisances. Le Maroc s’est classé 75ème sur une liste de 79 pays lors de l’enquête menée, en 2018, par l’OCDE sur les performances éducatives. En outre, le dernier rapport publié par le Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique fait savoir qu’en 2018, l’effectif global de l’abandon, tous cycles confondus, se chiffre à 431.876. En outre, ce phénomène a coûté au budget de l’Etat la bagatelle de 8 milliards de DH. Ce département qui absorbe les ressources de l’Etat comme une éponge, n’obligera pas les pouvoirs publics à jeter l’éponge. Conscientes qu’il n’est de richesse que d’Homme, les autorités tenteront de mettre en application un système éducatif en phase avec le nouveau modèle de développement économique avide de ressources humaines adaptées, d’un capital humain animé par l’innovation et armé de qualification professionnelle pointue. Cette stratégie, amorcée par les pouvoirs publics qui mènent une mutation en profondeur dans ce domaine, commence à générer des résultats louables dans le secteur de l’automobile et le secteur de l’aéronautique.
Le progrès technique
Sur le chapitre du progrès technique, nul ne peut ignorer que ce dernier est synonyme d’accumulation du capital technique et stimulateur de l’innovation et de la productivité au sein de l’économie par ses effets multiplicateurs et ses effets d’entrainement. Cette voie doit être privilégiée lors de la mise en action du nouveau modèle de développement économique. Dans ce cadre, il importe de rappeler que les chiffres affichés par les investissements en recherche et développement couvrent de honte tous les responsables. En 2017, le Maroc s’est contenté d’un investissement de l’ordre de 0.80% du PIB. Le CESE estime dans sa dernière sortie que ce ratio doit être de l’ordre de 3% du PIB dans un horizon de 10 ans. Les pouvoirs publics doivent développer un écosystème favorable à la R&D et prévoir notamment un régime fiscal approprié.
L’action publique
Sur le plan de l’action publique, les économistes précisent que l’investissement public joue un rôle important dans la croissance. En effet, les infrastructures publiques stimulent l’activité économique. Ce dynamisme se traduit à son tour par des recettes fiscales qui alimentent les caisses de l’Etat et se réinjectent dans l’économie sous forme de nouvelles infrastructures. Sur ce plan, l’effort entrepris par l’Etat est considérable et ses résultats sont palpables. Il suffit de rappeler que sur les cinq dernières années, la corrélation entre l’investissement public et les recettes fiscales est quasi-parfaite et présente un signe positif. Alors que l’investissement public, passé de 186,6 Mds de DH en 2014 à 195 Mds de DH en 2018, a enregistré une évolution de 4,50%, la recette fiscale, passée de 117 Mds de DH en 2014 à 159 Mds de DH en 2018, a affiché une évolution de 35,90%.
Il paraît que la croissance endogène, option du premier choix du modèle de développement économique, est une solution à même d’assoir une croissance soutenue, maîtrisable et durable. Il reste à mettre en politique d’allocation rationnelle des ressources disponibles et éviter d’éparpiller l’effort financier, ô combien limité, sur plusieurs secteurs sans résultats.
1 comment
L’article est bon si vous n’avez pas pris le risque d’user de concepts à tout va. Ex: accumulation du capital = progrès technique,…..
L’auteur: « Le modèle choisi repose sur la croissance endogène ». A en croire l’auteur, le modèle existant repose du coup sur la croissance exogène.
D’où sortent ces « brillants économistes »?
Vous voulez mobiliser la théorie, c’est très bien. Mais faîtes en bon usage. Vous mélangez tout. C’est une catastrophe. J’ai jamais laissé de commentaire, mais là c’est plus fort.