L’exportateur marocain devra faire face à une concurrence très rude de la part des pays européens, des Etats-Unis qui bénéficient d’un accord commercial sino-américain et des pays de l’Asie (Japon, Vietnam, Pakistan, Inde, Indonésie…), qui bénéficient de la proximité et des relations commerciales historiques. D’où l’intérêt de se différencier.
Quelles opportunités pour les exportateurs marocains sur le marché chinois post-covid ? Quel a été l’impact de la pandémie sur les importations de ce pays et sur les habitudes de consommation des Chinois ? Quelles sont les chances de l’offre exportable marocaine et comment faut-il procéder ? Pour répondre à ces questions et bien d’autres, l’Association Marocaine des Exportateurs en partenariat avec le cabinet Harvard Consulting, a organisé le 28 octobre le 4e webinar de la série « Doing business». Animée par Camille Verchery, CEO et fondateur de VVR International, société de conseil en management et gestion de projets en Chine, cette rencontre a été l’occasion pour les exportateurs marocains de s’enquérir de la situation du marché et des conditions pour y accéder. A ce jour, il ressort que la situation sanitaire en Chine semble maîtrisée et l’économie relancée avec une reprise d’activité à 100% des usines.
Le taux de croissance annuel pour 2021 estimé à 8%
La Chine demeure néanmoins stricte sur les conditions de déplacement et de transports, une situation qui devrait se débloquer dès que le vaccin sera disponible. Aujourd’hui les personnes se rendant sur le territoire chinois doivent obligatoirement observer 14 jours de confinement total. « La Chine affiche clairement sa volonté de développer ses relations économiques et commerciales avec le Maroc en tant que porte d’entrée pour le reste de l’Afrique. Les exportateurs et industriels marocains doivent en profiter pour saisir au mieux les opportunités d’affaires qu’offre ce marché », est-il souligné.
Aujourd’hui, nous assistons à une reprise progressive de l’économie chinoise avec un PIB qui atteint 3,2% au 2e trimestre 2020. L’activité industrielle et commerciale redémarre à 95% avec des prévisions d’investissements étrangers de +6% (+150 milliards de $). « Sous l’effet de la pandémie et le changement des habitudes de consommation, nous constatons l’apparition de nouveaux secteurs porteurs avec une concentration sur l’innovation », souligne C. Verchery. La crise a impacté négativement le tourisme, la restauration et le luxe mais en parallèle, l’e-commerce et les magasins de proximité renforcent leur présence. A fin juin 2020, les industries en croissance sont les produit laitiers et œufs (+11,63%), la viande (+14%) et les poissons et crustacés (+11,5%). Le marché des produits cosmétiques se ressaisit avec notamment une demande soutenue sur les produits ecofriendly et naturels. L’automobile et le médical sont également en hausse au premier semestre. L’énergie et particulièrement les énergies renouvelables, présentent pour leur part un potentiel de développement très prometteur.
Export marocain : des chiffres en baisse
A noter qu’entre 2018 et 2019, les exportations du Maroc vers la Chine ont légèrement baissé de 270 millions de dollars à 259,5 millions (-3,9%) mais avec une évolution exceptionnelle de certaines catégories de produits qui tirent désormais la croissance.
Les produits marocains les plus exportés vers la Chine sont les minerais (sulfate et cuivre en particulier); les produits de la mer; les produits aéronautiques et les produits d’automobile. A souligner que les cosmétiques ont pratiquement doublé de volume exporté passant à 550.000 dollars.
La nourriture Halal est également une niche très intéressante pour les exportateurs marocains avec une population musulmane totale en Chine d’environ 24,4 millions de personnes, soit 1,8% de la population du pays. Le marché de l’alimentaire halal en Chine s’élève à 594 Mds CNY en 2020. La demande porte sur les produits transformés (produits de santé, produits à base de viande et produits snackings) comme sur les produits non transformés (viande, volaille, lait, miel, poisson, plantes, légumes, fruits, haricots, arachides, noix de cajou, noisettes, noix et céréales…).
L’huile d’olive présente également une grande opportunité pour les entreprises marocaines, surtout que ce produit bénéficie actuellement d’une campagne nationale qui en vante les bénéfices pour la santé. L’autre produit phare sur lequel le Maroc est complètement absent et qui pourrait booster les exportations marocaines vers la Chine est le cuir (cuir de vache ou peau de mouton) et particulièrement les produits de luxe (chaussures, sacs à main). Mais quel que soit le produit à exporter et la demande dont il fait l’objet, l’exportateur marocain devra faire face à une concurrence très rude de la part des pays européens, des Etats-Unis qui bénéficient d’un accord commercial sino-américain et des pays de l’Asie (Japon, Vietnam, Pakistan, Inde, Indonésie…), qui bénéficient de la proximité et des relations commerciales historiques.
Au terme de sa présentation, Camille Verchery a recommandé aux exportateurs marocains de favoriser des produits de niche sur lesquels le Maroc présente une différenciation nette (qualité, traçabilité, prix…). « Avoir un bon produit ne suffit pas ! Il faut avoir une approche structurée. Savoir ce qui se consomme en Chine mais aussi et surtout qui le vend et à quel prix et en quelles quantités pour être efficace dans son approche commerciale », soutient-il.
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