Ecrit par Lamiae Boumahrou |
La circulaire du ministère de la fonction publique du 2 février à l’encontre des fonctionnaires réfractaires à la vaccination anti-Covid-19 a suscité la grogne des fonctionnaires ainsi que des syndicats. Ces derniers comptent profiter d’une réunion ce mercredi 9 février avec le Chef du gouvernement pout tirer les choses au clair.
La décision d’opprimer les fonctionnaires non-vaccinés en interdisant leur accès à leur lieu de travail, un fait considéré comme un abandon de poste donnant lieu au licenciement, a suscité une vive réaction auprès des fonctionnaires mais aussi des syndicats.
Depuis l’instauration de l’obligation du pass vaccinal en octobre 2021, c’est la première fois que le secteur public durcit le ton et menace d’adopter des mesures disciplinaires à l’encontre des fonctionnaires réfractaires.
La circulaire de la Transition numérique et de la fonction publique sommant les fonctionnaires du département à se mettre en conformité en matière de vaccination dans un délai de 7 jours à compter du 2 février a provoqué des appréhensions. Ce délai expiré, les fonctionnaires seraient interdits d’accéder à leur de travail et par conséquence considérés en infraction d’abandon de poste.
Nous ignorons si cette décision a été généralisée à tous les départements ministériels, les établissements et les entreprises privées. Mais ce qui est certain, les conséquences de cette infraction peuvent aller de la retenue sur salaire jusqu’au licenciement.
Contacté par nos soins, Miloudi Moukharik, Secrétaire général de l’Union marocaine du travail (UMT), dénonce cette circulaire qu’il a décrit de répressive à l’encontre des fonctionnaires. « Nous sommes tous pour la vaccination et nous sommes pour l’adhésion des travailleurs à cette opération d’envergure, par contre nous nous opposons à la manière », a-t-il précisé.
« Convaincre et non pas contraindre », c’est le slogan scandé par l’UMT pour exprimer son désaccord avec la méthode du gouvernement. « Interdire les fonctionnaires à accéder à leur travail et considérer cela comme un abandon de poste qui découlera à un licenciement est une mesure répressive et anti- réglementaire », a tenu à clarifier M.Moukharik.
Rappelons que le gouvernement se réfère à la loi sur l’état d’urgence sanitaire, qu’il ne cesse de prolonger depuis mars 2020, pour prendre telles décisions et appliquer des mesures jugées parfois anti-démocratiques voire anticonstitutionnelles. « Il y a d’autres manières pour faire adhérer davantage les fonctionnaires à la vaccination notamment pour la 3ème dose », a plaidé le SG de l’UMT.
Même son de cloche du côté du SG de l’Union nationale du travail au Maroc (UNTM), Mohamed Zouiten, qui nous a affirmé que depuis le lancement de la campagne, les syndicats ont alerté sur les écarts qui pouvaient résulter de l’obligation de la vaccination.
Concernant cette dernière décision, Zouiten déplore le fait que le gouvernement ait pris une décision sans associer les syndicats et surtout sans se baser sur des données chiffrées relatives à la vaccination des fonctionnaires.
« Interdire un fonctionnaire d’accéder à l’administration relève d’une longue procédure administrative qui passe par un conseil de discipline jusqu’au recours au tribunal administratif. Cette décision risque d’attiser les tensions dans une conjoncture assez difficile pour tous », a mis en grade le SG de l’UNMT. Et d’ajouter « nous ignorons les raisons de cette escalade du gouvernement alors que les fonctionnaires, à l’instar de tous les Marocains, ont répondu favorablement à l’appel de vaccination ».
Miloudi Moukharik et Mohamed Zouiten nous ont toutefois affirmés qu’ils ont été convoqués par le Chef du gouvernement Aziz Akhannouch à une réunion ce mercredi 9 février à 11H. Cette réunion, qui coïncide avec la date d’échéance de la circulaire du ministère de la transition énergétique et la fonction publique, s’inscrirait dans le cadre des rencontres que Akhannouch enchaîne durant ces derniers jours auprès des différentes instances pour accélérer le rythme de vaccination.
Les syndicats ne comptent pas manquer cette occasion pour mettre en garde sur les conséquences de telle décision sur les fonctionnaires et sur le fonctionnement de l’administration. Le gouvernement ira-t-il jusqu’au bout de sa décision où se retractera-t-il sous la pression syndicale ?