La France a entériné officiellement, mercredi 20 mai, la fin du franc CFA, qui devrait dorénavant s’appeler l’éco, mais sans renoncer pour autant à son engagement financier en Afrique, à un moment où le continent est frappé par la crise du coronavirus.
« Le rôle de la France évolue pour devenir celui d’un strict garant financier de la zone », a expliqué le ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. « Les engagements sont tenus et nous sommes au rendez-vous », a-t-il affirmé lors d’une audition, mercredi après-midi, devant la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale.
« Cette fin symbolique devait s’inscrire dans un renouvellement de la relation entre la France et l’Afrique et écrire une nouvelle page de notre histoire », a affirmé la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, après l’approbation par le conseil des ministres d’un projet de loi qui donne le feu vert à la transformation du franc CFA.
« Il s’agit de la mise en œuvre concrète de l’accord du 21 décembre dernier », annoncé par le président ivoirien Alassane Ouattara en présence de son homologue français Emmanuel Macron, qui avait lancé cette réforme du franc CFA, a expliqué à l’AFP une source française.
« Vestige de la Françafrique »
Le projet de loi apporte ainsi la ratification en droit français de la transformation de cette monnaie, souvent dénoncée par ses opposants comme « colonialiste » et dont le président français a reconnu qu’elle était « perçue comme l’un des vestiges de la Françafrique ».
Concrètement, les huit pays d’Afrique de l’Ouest devront désormais décider si cette nouvelle monnaie s’appelle éco, comme prévu initialement.
Grâce à cet accord, la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) ne devra plus déposer la moitié de ses réserves de change auprès du Trésor français, obligation qui était perçue comme une dépendance humiliante vis-à-vis de la France par les détracteurs du franc CFA.
Autre différence importante : Paris se retire des instances de gouvernance dans lesquelles elle était présente. Jusqu’à présent, le ministre des finances et le gouverneur de la Banque de France participaient aux deux réunions annuelles, dont l’une se déroulait à Paris. Par le Monde