Ecrit par Lamiae Boumahrou |
Les employés du secteur des Hammams sont toujours dans l’attente de l’aide promise par l’Etat. Une attente restée lettre morte depuis février dernier laissant des milliers de personnes vulnérables dans la précarité. Le nouveau gouvernement de Akhannouch va-t-il corriger les erreurs de son prédécesseur ?
La crise sanitaire a été dure pour bon nombre de secteurs économiques. Certains plus que d’autres surtout ceux qui étaient, et sont encore, concernés par les mesures restrictives imposées par le gouvernement pour limiter la propagation de la pandémie.
Mais s’il y a un secteur en particulier qui a été doublement pénalisé, c’est celui des hammams traditionnels et bains maures. D’une part par la décision d’arrêt d’activité et d’autre part par l’absence de toutes formes de soutien aux employés ou aux propriétaires.
Et pourtant, il s’agit d’une population très vulnérable et très pauvre qui a été délaissée par le gouvernement. Une aberration et une violation du droit constitutionnel de la part des pouvoirs publics qui sont toujours aux abonnés absents.
Certes le contexte épidémiologique a imposé à l’Etat de prendre de telles décisions. Mais cela ne veut pas dire non plus, de sacrifier une population au détriment d’une autre ni de la priver de tous revenus pour vivre et survire. Aujourd’hui, le secteur monte au créneau pour dénoncer le mutisme de l’Etat face aux difficultés de ce secteur qui souffre depuis mars 2020.
En effet, lors d’une réunion tenue le samedi 25 septembre, les propriétaires et les travailleurs affiliés à l’Union Générale des Entreprises et Professions (IGEP) ont regretté la manière dont les pouvoirs publics ont traité les employeurs et les salariés du secteur. Le fait est que le secteur a été écarté des mesures de soutien laissant des milliers d’employés sans emploi et sans revenu. Mais aussi pour dénoncer l’absence de dialogue entre les autorités et les professionnels du secteur.
Et pourtant les employés du secteur devaient être recensés en vue de les indemniser, avait déclaré Mustapha Ramid, ministre d’Etat chargé des droits de l’Homme et des relations avec le parlement, en février 2021 à la Chambre des représentants en réponse à une question sur “la fermeture des hammams traditionnels”.
Une annonce qui est malheureusement restée, à ce jour, lettre morte. Une question qui s’impose d’elle-même : où est passée l’indemnité destinée au secteur des hammams ?
Aujourd’hui, ne pouvant plus supporter cette situation, les professionnels du secteur revendiquent la réouverture immédiate des bains maures sur la base de ce qui a été approuvé par le Comité de veille scientifique à savoir l’amélioration de la situation épidémiologique, ainsi que le décaissement en urgence de la subvention que le gouvernement s’était précédemment engagé à accorder aux travailleurs des hammams.
Ils revendiquent aussi l’exonération des propriétaires des bains maures de toutes taxes et impôts relatifs à l’exercice 2020 et 2021 ainsi que des loyers des hammams appartenant à l’État durant les périodes d’arrêt d’activité.
Les professionnels appellent également le gouvernement à intervenir auprès du secteur bancaire pour reporter le paiement de toutes les dettes dues par les propriétaires des bains pour non-paiement de leurs échéances durant cette période de pandémie ainsi que pour faciliter l’accès aux prêts bancaires à un taux préférentiel, tel que celui du programme Intelaka.
Cela dit, il ne faut plus attendre quoi que ce soit du gouvernement sortant. Et malheureusement, faute d’application de la reddition des comptes, le gouvernement d’El Otmani s’en tirera sans rendre compte de ce qu’il a fait subir à cette population durant tous ces mois.
Reste à voir si Akhannouch sera plus sensible à cette population au bout du gouffre que ne l’a été El Otmani. A suivre !