L’équipe au pouvoir a changé mais le contexte économique ne l’est pas pour autant à cause de la crise sanitaire dévastatrice qui sévit encore. Après plus de 20 jours d’investiture de l’équipe gouvernementale, il est utile de revenir sur les dessous du programme gouvernemental tel qu’il est présenté par le Chef de gouvernement Aziz Akannouch.
Il s’avère également judicieux de débattre du PLF2022, de ses orientations stratégiques, de son audace ou de son austérité eu égard à la morosité du contexte et surtout s’il épouse les grandes lignes du Nouveau modèle de développement, censé être un référentiel de la stratégie de développement du Maroc à l’horizon 2035.
Etant le résultat de la conjugaison des efforts des trois partis de la coalition gouvernementale (RNI, PAM, Istiqlal) dont les référentiels sont différents, quelles sont les chances de réussite de ce programme ? Quid des situations de conflits d’intérêt qui risquent d’émerger au courant de ce quinquennat ? Le cumul des fonctions ne risque-t-il pas d’aller à l’encontre de l’objectif de combattre les situations de rente qui rongent notre économie ? Autant de questions et bien d’autres posées à Mohammed Benmoussa, économiste, professeur universitaire, Istiqlalien, vice-président du mouvement Damir et membre de la Commission spéciale pour le nouveau modèle de développement.
Des questions déterminantes pour le Maroc qui souhaite amorcer un virage, pour le Maroc qui souhaite réaliser un taux de croissance inclusif, durable et intégrer le cercle des pays émergents.
Notre invité prétend qu’outre le programme gouvernemental qui ne reprend pas fidèlement les promesses électorales, le PLF2022, ne se conforme pas au nouveau modèle de développement. Il fait allusion au taux de croissance de 3,2% retenu et qui, au demeurant, n’aboutirait pas à une réelle transformation structurelle de l’économie. Il fait allusion au nombre d’emplois qui pourraient être créés et qui ne concordent pas avec le taux de croissance retenu, au nombre d’emplois féminins… à différentes contradictions économiques qui interpellent sur le degré de faisabilité du Budget 2022.
Le taux de croissance de 3,2% ne correspond nullement à la politique volontariste préconisée par le modèle qui projette d’atteindre une croissance de 6% l’an pour la période du démarrage.
L’élargissement de l’assiette fiscale axe stratégique de la réforme fiscale se traduit dans le PLF 2022 par des mesurettes fiscales qui restent somme toutes insuffisantes eu égard aux objectifs escomptés en matière de relance économique.
Face à cette déprime économique et sociale, les pouvoirs publics devraient s’engager dans des politiques agressives et créer des contrechocs puissants non seulement pour pallier les dégâts causés par la pandémie mais aussi pour porter l’économie sur un véritable chemin de relance. Autrement les mêmes maux produiront les mêmes effets et le nouveau modèle de développement ne sera qu’un vœu pieux.