Au Maroc, le volume des investissements directs étrangers demeure faible comparativement à certains pays émergents. La part des bénéfices réinvestie reste pour autant minime par rapport à celle transférée, soit 13,47 Mds de DH.
Après avoir enregistré des pics en 2007 et 2013 respectivement de 38 Mds de DH et de 39 Mds de DH, les recettes d’IDE ont connu des fluctuations sur le reste de la période. Ces fluctuations, comme signalé par les conjoncturistes, rendent difficile l’évaluation de l’attractivité pour les IDE au Maroc.
Toutefois, il est important de signaler qu’au cours de la dernière décennie, les investissements en provenance des principaux partenaires notamment la France et l’Espagne sont en recul. En effet, bien que la France reste le premier pourvoyeur d’IDE au Maroc, sa part est en baisse. La part est passée de 49% entre 2000 et 2007 à 36,5% sur la période 2008-2017, soit une dégradation de 12,5 points. La chute est encore plus importante dans le cas des IDE émanant de l’Espagne dont la contribution est passée de 21% à 4,8% sur les mêmes périodes, soit une perte de plus de 16 points. Ces baisses sont toutefois compensées par les entrées d’IDE en provenance de certains pays du Golfe. Des investissements qui sont majoritairement destinés aux secteurs à faible valeur ajoutée comme l’immobilier et le tourisme tandis que ceux européens sont orientés vers les secteurs à fort contenu technologique.
Ajoutons à cela la part des bénéfices réinvestis par les étrangers qui est seulement de 20% de l’ensemble des profits réalisés entre 2005 et 2017. Autrement dit, 80% des bénéfices échappent à l’investissement dans l’économie nationale et quittent, dans la plupart le territoire national sous forme de devises. Pour les trois dernières années, les transferts de devises sont passés de 10,94 en 2015 à 11,89 Mds de DH en 2016.
Ils se sont chiffrés à 13,47 Mds de DH en 2017.
Un contexte pareil, d’après les analystes du CMC, ne doit pas laisser indifférents les pouvoirs publics. Ces derniers sont appelés à revoir la politique de promotion et d’attractivité des IDE. Essentiellement dans une période où le Maroc cherche à repenser son modèle de développement économique.
[table id=10 /]
Là où il faut réformer…
Il est donc essentiel d’avoir une vision claire en matière de politique d’investissement. Les conjoncturistes prônent la mise en place de politiques sectorielles de long terme donnant plus de visibilité aux investisseurs étrangers et favorisant l’attractivité du pays.
En parallèle, les pouvoirs publics, à travers les instances de promotion des IDE, devront se doter d’une stratégie efficace d’attractivité du pays pour les IDE. Et ce en déterminant le profil des investisseurs souhaités et en identifiant les projets attrayants et concrets.
L’étape finale est de veiller sur la facilitation de l’installation des investisseurs étrangers à travers l’accompagnement et le suivi.
Cette facilitation passe par plusieurs actions. De prime abord, il est primordial d’accélérer la réforme des institutions qui demeure l’un des principaux freins au développement. En outre, la réforme de l’administration tarde à voir le jour au Maroc. Les tracas administratifs et l’opacité des procédures constituent une source de corruption qui engendre des coûts supplémentaires pour les investisseurs.
Aussi, il est question d’accélérer la réforme du système de l’enseignement et de la formation professionnelle tout en les adaptant aux besoins des investisseurs, le développement de la recherche et de l’innovation pour drainer les investissements à haut contenu technologique, la mise en place d’une politique fiscale stable pour rassurer l’investisseur…
La relance du Conseil de la concurrence, suite à la nomination de son président, est plus que souhaitable. Encore faut-il que les membres du bureau soient enfin désignés. L’installation de cette instance dont la mission est d’assurer l’équité dans les relations économiques se veut indispensable pour une économie de marché.
Last but not least, le processus de révision et d’amélioration continue de la charte d’investissement est une étape cruciale dans l’édification d’un modéle économique compétitif et performant.