La crise de la COVID 19 a impacté toutes les économies du monde entier, même celles qui ont cru qu’elles seront toujours à l’abri d’un choc économique. La pandémie a anéanti tous les secteurs de l’économie, et le bout de tunnel n’est toujours pas visible.
Le Maroc, dont l’économie se base principalement sur l’activité agricole, le secteur touristique et l’exportation du phosphate, a été gravement touché à l’instar des autres pays, ce qui était à la fois prévisible et inéluctable à cause des mesures sanitaires qui ont été instaurées pour endiguer la propagation de la maladie, et qui ont perturbé notre chaine économique.
En effet, selon une étude de l’Université de Stanford, publiée le 5 janvier dernier dans la revue European Journal of Clinical Investigation: « Bien que des petits bénéfices ne sont pas à exclure, nous n’avons pas trouvé de bénéfices significatifs sur la hausse des cas des mesures les plus restrictives. Des réductions similaires [des contaminations] peuvent être obtenus avec des mesures moins restrictives« .
Cette étude montre qu’il n’y a pas un bénéfice significatif derrière l’instauration des mesures restrictives, et si on fait une comparaison entre les gains et les pertes surtout sur le plan économique, on conclut définitivement que lesdites mesures restrictives sont loin d’être la meilleure arme face à cet ennemi microscopique.
Selon une enquête sur les effets du Covid-19 sur l’activité des entreprises, menée par le HCP sur un échantillon de 142.000 entreprises marocaines, 57 % ont déclaré avoir arrêté leurs activités, sur ce pourcentage, les TPE représentent 72%, les PME 26 % et les GE (Grandes entreprises) 2%. Ces chiffres émanant de l’HCP montrent à quel niveau la crise est profonde et tue progressivement l’entreprise marocaine, et en conséquence, elle menace des milliers des postes d’emplois.
Il y avait des virus dans le passé, il y a un virus et il y aura des virus. Ce qui change c’est notre attitude face à ces virus. Si le confinement nous a couté des milliards de dirhams et a montré son incapacité à endiguer la propagation du virus, alors il est temps d’adopter une approche différente et de ne plus emprunter la même voie qui n’a fait qu’enfoncer davantage le clou et impacter notre économie.
Avant l’arrivée de la pandémie, l’entreprise marocaine souffrait de plusieurs problèmes comme le retard de paiement. En effet, au titre de l’exercice 2020, les délais de paiement des Etablissements et entreprises publics (EEP) étaient de l’ordre de 40 jours. Il a fallu un discours royal et deux circulaires du ministère des finances pour pousser les établissements et entreprises publics « EEP » à accélérer le processus de paiement, considéré comme l’une des raisons majeures derrière la fermeture de milliers des entreprises qui n’arrivent pas à survire et se trouvent obligées de mettre la clef sous le paillasson.
Cette difficulté financière, conjuguée avec les mesures restrictives, constituent un cocktail explosif pour étouffer l’entreprise marocaine, menacer les postes d’emplois et impacter notre économie.
Selon les directives de sa majesté que Dieu l’assiste, on a créé un fond appelé le fond Mohammed VI pour l’investissement doté d’une enveloppe budgétaire de 45 milliards de DH, dont 15 milliards issus du budget 2021 de l’État. Ce fond va soutenir notre économie, et constituera une bouffée d’oxygène pour l’entreprise marocaine.
Le maintien de la commande publique est une solution pour amortir le choc du COVID 19.outefois, et dans le contexte actuel, il faut penser à un toilettage de décret des marchés publics N°2.12.349, entré en vigueur le 20 Mars 2013, pour proposer des dispositions en faveur de l’entreprise marocaine.
En effet, le domaine des marchés publics implique trois parties prenantes : Les établissements et entreprises publics « EEP », les banques et les entreprises du secteur privé. Les banques sont toujours les gagnants et tirent le jackpot de tous les marchés publics. Quant à l’entreprise marocaine, maillon faible de cette chaine, elle se trouve entre le marteau et l’enclume.
Les dispositions du décret des marchés publics obligent les entreprises marocaines à fournir des cautions de garantie auprès des banques pour le besoin de la soumission aux appels d’offre lancés par les établissements et entreprises publics « EEP », et pour le besoin de l’exécution des marchés. Lesdites cautions constituent une garantie pour défendre les intérêts des EEP si l’entreprise ne respecte pas les clauses du marché.
Toutefois, dans le contexte actuel, caractérisé par la régression de la commande publique et la santé financière fragile des entreprises marocaines, il est plus qu’indispensable de réfléchir à d’autres mécanismes permettant de défendre à la fois les intérêts des EEP et de l’entreprise marocaine.
Si on substitue les cautions par des lettres d’engagement qui engagent les entreprises à respecter les obligations des appels d’offre ou marchés, sous peine de se voir exclues pour une durée déterminée de participer aux appels d’offre des EEP, on va à la fois soulager la trésorerie des entreprises marocaines et protéger les intérêts des EEP.
Les retombées lourdes de la crise sanitaire doivent nous pousser à réfléchir, avec les moyens de bord dont on dispose, pour trouver des solutions en faveur de l’entreprise marocaine, qui se trouve dans une situation difficile, et a besoin de se réfugier sous nos ailes.
Les mesures restrictives ont anéanti l’activité économie de l’entreprise marocaine, et avec un degré plus élevé celles qui opèrent dans le secteur de la restauration. S’agissant d’impôt, le montant payé doit être au prorata du bénéfice correspondant à l’activité.
Dans son discours du Mercredi 29 Juillet 2020, à l’occasion de la Fête du Trône, sa majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste a dit : « Je M’adresse à toutes les forces vives de la Nation : Je les engage à adhérer vigoureusement aux efforts déployés à l’échelle nationale pour dépasser la conjoncture actuelle et faire face à ses répercussions économiques et sociales. J’en appelle à leur patriotisme, à leur sens des responsabilités individuelles et collectives ».
Dans ce contexte difficile, notre pays a besoin de nous, la nation a besoin de nous et on a plus ce que jamais besoin de s’entraider, de se serrer les coudes et de travailler main dans la main pour surmonter tous ensemble ce défi.
Nos grands-parents ont pu vaincre les différentes crises qu’a connues notre pays, et nous, marocains d’aujourd’hui, on n’est pas moins marocains que nos grands-parents, comme disait le défunt Hassan II que Dieu ait son âme. Ensemble on sortira plus souder, plus grands et plus marocains.
Par BERRAIDA RIYAD, Chercheur en macroéconomie
Ingénieur d’état logistique, Expert en marché publicsl