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Dans son discours devant le Parlement le 13 Octobre 2017, le Roi Mohammed VI a considéré que le modèle de développement du Maroc s’est essoufflé, et a appelé à la conception d’un nouveau modèle de développement selon une approche participative incluant l’ensemble des composants du pays. C’est dans ce cadre que l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales) a organisé son Forum annuel les 22 et 23 Juin 2018 à Casablanca sur le thème « Les expériences étrangères de modèle de développement : Quel modèle pour le Maroc ? ».
Après étude d’un certain nombre de modèles de développement des pays étrangers, le nouveau modèle de développement proposé pour le Maroc s’appuie sur les éléments suivants :
- Afin d’éviter une « fracture sociale », établir une vision à l’horizon 2030 définissant un projet de société avec des objectifs précis sur le plan politique, économique et social. L’établissement de cette vision et du projet de société est indispensable pour rétablir la confiance entre l’Etat et la population. Les priorités doivent être : l’augmentation du revenu du plus grand nombre de citoyens, la création d’emplois, la diminution des inégalités sociales et territoriales.
- Primauté au capital humain par la réforme du système éducatif et de la formation professionnelle afin d’assurer une adéquation avec l’emploi disponible, et en réservant une large place aux langues étrangères pour s’intégrer dans la mondialisation.
- Baser la croissance économique, outre le marché intérieur et les investissements publics, sur l’export et l’investissement privé qui crée plus d’emplois. Ouverture prudente sur l’extérieur et renforcement de l’intégration régionale africaine et maghrébine.
- Mettre en œuvre la régionalisation et donner la priorité aux projets d’investissements dans les zones défavorisées. Accélérer le programme d’investissements dans les Provinces du Sud dont le montant a été porté à 81 milliards de dirhams à l’horizon 2020.
- Elargir et rendre plus efficient l’INDH (Initiative Nationale pour le Développement Humain) pour lutter contre la pauvreté. Augmenter le pouvoir d’achat de la classe moyenne : relèvement des salaires, diminution des impôts sur les bas revenus, extension de la protection sociale, amélioration de la qualité du fonctionnement des écoles publiques et des hôpitaux. Créer un Observatoire pour le suivi des inégalités sociales.
- Augmenter la compétitivité de l’économie marocaine par l’amélioration du climat des affaires, une diminution de la fiscalité sur les entreprises, des mesures incitatives pour la recherche/développement. Cette augmentation de la compétitivité et de la production permettra de diminuer les importations et de stimuler les exportations.
- Améliorer la gouvernance publique par l’utilisation des NTIC (Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication), lutte implacable contre la corruption, renforcement de l’Etat de droit, reddition des comptes concernant l’action publique et exemplarité.
- Ramener le secteur informel vers la légalité, et revoir le rôle de l’Etat qui doit devenir plus stratège, facilitateur, régulateur, partenaire, plutôt que développeur. Encourager l’auto-entreprenariat, les PME, les TPE, les Start-up, et l’économie sociale et solidaire.
- Donner la priorité à l’industrialisation qui crée de la valeur ajoutée et des emplois permanents, et qui diminue la dépendance de la croissance économique vis-à-vis de l’agriculture.
- Assurer une meilleure convergence des plans sectoriels : agriculture, pêche, services, énergies renouvelables et principalement l’économie numérique et la digitalisation. Un intérêt particulier doit être accordé à l’agriculture du fait que 40% de la population vit dans le monde rural, et afin d’assurer le plus possible la sécurité alimentaire.
- Renforcer les équilibres financiers par une réforme fiscale élargissant l’assiette de l’impôt, et réduisant le train de l’Etat, les fraudes et les fuites de capitaux.
- Toutes ces mesures doivent être prises dans le cadre d’un partenariat constructif entre Gouvernement, Parlement, Patronat et Syndicats.
Par Jawad KERDOUDI, Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)