Ecrit par Imane Bouhrara |
La crise sanitaire a montré l’importance de la souveraineté du moins une certaine autonomie et résilience dans certains domaines et branches d’activités pour répondre aux besoins des populations. Au Maroc, l’industrie pharmaceutique et médicale ont été aux premières loges durant la pandémie et elles ont été identifiées parmi les secteurs prioritaires où la souveraineté est salutaire. Ces branches industrielles ont été au centre du premier webinaire de la 2e édition des Régionales de l’investissement organisées par la Banque populaire.
Le souvenir peut commencer à se tasser dans nos mémoires, mais la pandémie du Covid-19 a mis à rude épreuve toutes les branches industrielles. Certaines ont dû pourtant faire preuve d’ingéniosité pour juguler les ruptures dans les chaînes d’approvisionnement mondiales en vue de pouvoir continuer à répondre aux besoins des populations tandis que d’autres ont dû innover pour mettre sur le marché marocain des produits de première urgence voire de survie durant la pandémie pour ne citer que les masques, le gel hydro alcoolique, les thermomètres, les caméras thermiques, les lits de réanimation et même les respirateurs artificiels.
Deux ans après la pandémie : les enseignements sont là et la vision stratégique également. Le discours du roi Mohammed VI, en octobre 2021, est dans ce sens une véritable feuille de route qui fixe les orientations auxquelles l’Exécutif devra s’atteler au cours de son mandat de cinq ans : œuvrer à la souveraineté qu’elle soit sanitaire, énergétique, industrielle, alimentaire ou autre.
Invité du 1er webinaire de la deuxième édition des Régionales de l’investissement organisées par la Banque Populaire de Mai à Novembre 2022 et consacré à l’industrie pharmaceutique et médicale au Maroc, Ryad Mezzour, le ministre de l’Industrie et du Commerce a rappelé qu’il s’agit de garder cette dynamique et cette résilience dont a fait preuve l’industrie et explorer toutes les potentialités dans cet objectif de souveraineté.
Et d’insister qu’il ne s’agit pas de tout produire, mais d’être dimensionné de sorte à être également acteur de souveraineté de l’Afrique et au service de 2 milliards de personnes.
Et la machine a bien été lancée avec la banque de projets en septembre 2020 qui comporte aujourd’hui 275 fiches projets et 98 fiches sectorielles y seront ajoutées prochainement.
Ryad Mezzour assure également que quelque 1.065 projets sont sur la table pour 46 Mds de DH d’investissement et avec à la clé quelque 247.000 emplois directs et indirects.
Avec une trentaine de projets qui atterrissent au ministère chaque semaine, il est relevé que 89% du capital est marocain.
Et tout un mécanisme est mis en place pour attirer et accompagner les investisseurs (la Taskforce) que ce soit dans le financement avec des primes à l’investissement pouvant atteindre 30% du CAPEX, à la certification en passant par la décarbonation et l’accès aux marchés internationaux… Le tout au service du made in Morocco et en privilégiant la préférence nationale.
Focus sur l’industrie pharmaceutique et médicale du Maroc
L’une des nouveautés de cette 2ème édition des Régionales de l’investissement organisées par la Banque Populaire de mai à novembre 2022, est que le webinaire de chaque escale de ce road show fera un focus sur un secteur précis. Bien évidemment la thématique reste inscrite dans la dynamique globale dans laquelle s’est inscrit le Maroc à savoir encourager la production locale au service de la souveraineté. Pour l’escale de Rabat, le webinaire tenu ce 31 mai, a mis l’accès sur l’un des volets stratégiques de cette dynamique de souveraineté, à savoir sanitaire, avec un focus sur l’industrie pharmaceutique et médicale au Maroc.
Sans langue de bois, Ryad Mezzour a souligné que ce secteur a subi des contre-coups voire même des erreurs de pilotage, privilégiant l’importation à la production locale.
Aujourd’hui, le Maroc rectifie le tir grâce à une industrie qui a plus de 60 ans d’activité et a entamé le développement des principes actifs et dont une quinzaine est en phase préindustrielle.
Lire également : ? 2ème édition des Régionales de l’investissement : BCP table sur un objectif de 16 Mds de DH de projets
Mais aussi, le Royaume tend à une souveraineté de production vaccinale, tirant la leçon de la pandémie du Covid-19 avec la vision royale de faire du Maroc un hub biotechnologique incontournable en Afrique et dans le monde, capable d’assurer les besoins sanitaires du Continent à court et à long terme, en y intégrant la recherche pharmaceutique, le développement clinique, la fabrication et la commercialisation de produits biopharmaceutiques de grande nécessité.
Un objectif que porte désormais l’unité de production de vaccin de Benslimane avec une capacité de production à terme de 100 millions de doses par an.
A l’instar du ministère de la Santé, celui de l’Industrie est déterminé à faire sauter le verrou de la lenteur de la certification de la production pharmaceutique et médicale du Maroc en raison de la limite des moyens. Histoire de ne pas reproduire le scénario des respirateurs artificiels made in Morocco et avoir des structures agiles et des mécanismes de test et certification agiles et accélérés en faveur de la production aussi bien destinée au marché marocain qu’à l’export, assure Ryad Mezzour.
L’export pour juguler l’étroitesse du marché marocain
Entre la vision stratégique à l’échelle d’un pays et les préoccupations des investisseurs dans l’industrie pharmaceutique et médicale au Maroc, l’idéal c’est de trouver un terrain commun entre l’objectif des autorités publiques pour atteindre la souveraineté alors que les industriels visent également l’export étant donné l’importance de l’investissement face à la taille du marché local.
D’où l’importance de pareils événements que celui des Régionales de l’investissement organisées par la Banque populaire pour permettre une certaine convergence des visions entre secteur public et privé vers les mêmes objectifs.
Aujourd’hui, l’industrie pharmaceutique marocaine produit l’équivalent de 16 Mds de DH de chiffre d’affaires avec comme ambition de doubler ce chiffre à l’horizon 2026, explique Mohamed El Bouhmadi, président de Fédération Marocaine de l’Industrie et de l’Innovation Pharmaceutiques (FMIIP). Et ce pour accompagner le chantier royal de généralisation de la couverture médicale et de la protection sociale.
Cela passe par des mesures concrètes pour permettre la réalisation de cet objectif. Notamment la révision du cadre réglementaire et dans ce sens, M. El Boumahdi relève quelques goulots d’étranglement notamment l’obligation d’enregistrer et de commercialiser un produit pharmaceutique avant de pouvoir l’exporter. Ce qui est aberrant par exemple pour les industriels qui produisent les médicaments contre le paludisme qui n’existe plus au Maroc, pour d’autres pays.
Il soutient également le fait que le circuit d’enregistrement n’est pas favorable à la production locale et appelle donc à la diversification des circuits d’enregistrement mais également de certification.
Le webinaire a été l’occasion de rappeler que le ministre de l’Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, le ministre de la Santé et de la Protection Sociale, Khalid Ait Taleb, le président de l’Association Marocaine des Groupes de Santé (AMGS), Mohamed Elmandjra, et le président du Cluster Médical (CM), Said Benhajjou ont signé le 28 décembre 2022, un protocole d’accord relatif au développement de l’industrialisation et du sourcing local des dispositifs médicaux et des produits de santé.
Dans ce sens, Lalla Kenza Alaoui, Directrice général de l’Industrie au sein du ministère de l’Industrie et du Commerce, a annoncé que bientôt une centaine de fiche projets dédiés au secteur des dispositifs médicaux et secteur pharmaceutique renforceront la banque de projets mise en place par le ministère et qui représentent autant d’opportunités d’investissement au service des orientations stratégiques du Roi Mohammed VI vers une souveraineté sanitaire.
Le coup d’envoi de cette 2e édition des Régionales de l’investissement de la Banque Populaire a donc été donné à Rabat et fera escale dans 11 villes du Royaume avec à la clé des rencontres scientifiques sur des thématiques économiques mais aussi les rencontres et workshops avec les investisseurs pour les accompagner dans leurs projets.
La prochaine escale du Road show de la BP est la ville d’Agadir qui accueille ce 8 juin une rencontre autour de différents secteurs avec un focus particulier sur l’agroalimentaire.