Ecrit par L.Boumahrou |
Le développement des infrastructures télécoms constitue un impératif pour plus d’équité dans l’accès à Internent mais aussi pour l’accélération du développement du secteur des IT au Maroc. Quels sont les opportunités et les défis des IT et des télécoms dans un contexte toujours marqué par la crise ?
Depuis l’apparition du virus Covid-19 vers fin 2019 début 2020, le monde a changé, les priorités ont changé, les défis ont changé, les perspectives de développement et de croissance ont changé…
Il y a un avant et un après la crise sanitaire. Mais bien que cette crise ait apporté son lot de retombées négatives, elle a également permis de donner un coup d’accélérateur à certains secteurs qui ne se développent pas au rythme souhaité. C’est le cas du digital. La pandémie a forcé tout le monde, même les plus réticents au changement, a basculé brutalement vers le digital pour garantir la continuité des services les plus élémentaires notamment durant la période du confinement.
Même les moins préparés ont dû s’adapter rapidement au digital. Services publics digitalisés, télétravail, ventes en ligne…, en l’espace de quelques jours tous les acteurs de l’économie se sont mis sur le pied de guerre pour surmonter les obstacles du confinement.
C’est dire le rôle qu’a joué le digital durant une période où régnait le flou total. Une réalité sur laquelle se sont accordés les participants d’une conférence tenue ce vendredi sous le thème “Etat des lieux et perspectives des acteurs de l’IT et des Télécoms”.
Co-organisée dans le cadre du cycle de conférences autour des IT & Télécoms par Intelcia IT Solutions et Le Matin, cette rencontre a été l’occasion de mettre l’accent sur le rôle qu’ont joué les secteurs de l’IT et des Télécoms pour accompagner l’économie marocaine durant une phase d’arrêt d’activité quasi total mais aussi d’identifier les obstacles à surmonter pour accélérer la digitalisation de l’économie marocaine.
« Le premier phénomène qui a surgi juste après le confinement, celui d’un pic de demande avec notamment le secteur public qui était demandeur d’un certain nombre d’applications de digitalisation. Nous avons livré en 1 mois et demi des projets sur lesquels nous travaillons depuis des années », a témoigné Malika Ahmidouch, directrice d’Intelcia IT Solutions.
Cette crise a surtout fait ressortir les freins qui continuent à retarder l’émergence du digital au Maroc. Il ressort des différentes interventions que parmi ces principaux freins celui des infrastructures. Beaucoup reste à faire bien que le Maroc ait enregistré des avancées louables dans ce domaine.
Les intervenants ont soulevé la problématique du partage des infrastructures comme enjeu du développement du digital et du numérique. Rappelons que la non généralisation des infrastructures télécoms sur tout le territoire est en grande partie responsable de la fracture numérique mais aussi de l’iniquité de l’accès au réseau notamment entre le milieu rural et urbain.
Le directeur Marketing & support à la vente B2B chez Orange Maroc, Fayssal Soulaymani, a rappelé qu’il était impératif d’aller vers le réseau à haut débit vu l’évolution des usages. Mais pour cela, il faut parvenir à généraliser les infrastructures télécoms au Maroc. Ce qui n’est pas une mince affaire vu le blocage que connaît ce dossier.
« Pour remédier à la fracture numérique, il faut déployer les moyens nécessaires pour garantir un développement global et généralisé du réseau sur tout le territoire et permettre ainsi à une grande partie de la population d’avoir accès au haut débit », a-t-il souligné.
Nasser Kettani, membre du bureau de l’APEBI, est même allé plus loin en appelant à inscrire le droit à l’accès à Internet dans la Constitution au même titre que celui de l’accès à l’électricité et d’autres droits.
« C’est de cette façon que nous pourrons opérer une réelle transition », a-t-il précisé. Quant aux infrastructures télécoms, N. Kettani a soulevé les disparités entre le milieu rural et urbain notamment en matière d’accès au réseau. Rappelons que durant le confinement, plusieurs étudiants et élèves, notamment dans le monde rural, n’ont pas eu accès à internet et donc n’étaient pas au même pied d’égalité en matière d’apprentissage que ceux qui en avaient.
« Les acteurs publics et le secteur privé doivent repenser ensemble de nouveaux modèles afin d’avoir une réglementation qui permettrait de débloquer et libérer le secteur », a-t-il précisé.
En effet, il est impératif de débloquer le dossier du partage des infrastructures entre les 3 opérateurs télécoms pour aller plus vite dans la transition digitale de notre pays d’une part et d’autre part pour permettre à tous les citoyens de bénéficier équitablement des services télécoms, d’accéder au réseau ainsi qu’aux services digitaux.
Car faute d’une infrastructure généralisée et de qualité, 30 à 40% de la population serait privée d’accéder aux services publics digitalisés.