L’investissement public tire vers la demande intérieure. Il constitue l’aliment essentiel de plusieurs opérateurs économiques. La révision inévitable, imposée par le COVID-19, des crédits d’investissement se traduira négativement sur ses opérateurs. Comment les pouvoirs feront dorer cette pilule auxdits opérateurs.
L’investissement public en chiffres
Le Maroc entreprend depuis plusieurs berges un effort soutenu en matière d’investissement public. Ce denier est passé de 90,6 Mds en 20017 à 195 Mds DH en 2019, soit une variation de l’ordre de 115%. Les chiffres de la loi de finances 2020, ou du moins ce qui en restent, font part d’un investissement public de l’ordre de 198 Mdh DH. Il sera réalisé par L’État à concurrence de 77,30 Mds de DH, 101,20 Mds de DH par les EEP et 19,50 Mds de DH par les collectivités territoriales. A croire les chiffres du Haut-Commissariat au Plan, la consommation finale des Administrations publiques contribue pour 0,5 point à la croissance économique du Maroc.
I ’investissement public constitue un vrai catalyseur de la demande intérieure.
La marge est serrée
Le COVID-19 a assommé le budget général de L’État en portant un coup dur aux recettes ordinaires arrêtées à 257 Mds DH. Devant une telle situation, et pour les besoins de l’équilibre budgétaire, l’État se trouve dans l’obligation de répercuter cette baisse des recettes sur les dépenses. Devant l’impossibilité d’agir substantiellement sur les dépenses de fonctionnement estimées à 221 Mdh DH et constituées à hauteur de 138 Mds DH de dépenses de personnel, la planche de salut pour L’État ne peut être autre que la coupe dans les crédits ouverts au titre de l’investissement.
L’endettement à contracter avec modération
L’endettement, d’ailleurs qui a fait l’objet d’un décret de déplafonnement pour le porter au-delà de 31 Mdh DH pour ne compter que l’endettement extérieur, présente une brèche mais devant être prise avec prudence. D’abord pour des raisons morales, on ne peut continuer à hypothéquer l’avenir des générations futures, en suite le coût de l’endettement ne cesse, en ces moments de forte demande, d’augmenter en flèche et en fin la capacité d’endettement du pays, en dépit de toutes les évaluations, se trouve limitée.
L’hésitation
Lorsque le projet de décret, traitant de coupe budgétaire drastique a fuité, surement pour tâter le pouls des opérateurs économiques, plusieurs ont arboré l’étendard de la révolution. A bride abattue, le projet de décret s’est transmuté en un simple exposé devant le Conseil de gouvernement. L’émission d’un tel projet de décret n’est ni une bavure ni une erreur. Il émane de quelqu’un ayant fait sa bosse dans les finances et est pleinement convaincu que la plus jolie fille du monde ne peut donner que ce qu’elle a.
Seulement, notre ministre des finances, non politiste et qui a fraichement rallié la politique, a besoin qu’on lui corne dans les oreilles : « tout homme politique est, au sens fort du terme, un homme politique qui promet » et qu’ « en politique, mieux vaut agir sans prévenir ».
Parlons vrai
Une telle décision aussi courageuse qui rompt avec la politique d’autruche, prise unilatéralement par le ministre des finances risquerait de porter préjudice à son parti politique lors de la très prochaine échéance électorale de 2021. D’où l’intérêt d’avant de commencer à agir, il faut délibérer. D’où la présentation de l’exposé devant le Conseil de gouvernement pour partager le même sort politique consécutif à la décision et en assumer les responsabilités de manière collective et collégiale.
L’État doit gérer en bon père de famille son budget. Il ne peut continuer à bercer de paroles les opérateurs économiques. Ceux-ci ne doivent se bercer d’illusions mais comprendre que le monde d’avant (du moins sur le plan culturel, d’ailleurs on vient d’avoir un nouveau ministre de la culture qui brille de jeunesse) ne reviendra pas.
Pour le meilleur et pour le pire
Le COVID-19 qui impose sa loi à tout le monde, ne peut être vaincu que par des décisions courageuses et responsables prises de manière collégiale et collective pour qu’à la fin on se partage ensemble les pertes et les profits.